vendredi 30 avril 2021

La résilience (avril 2021)


La capacité de résilience ne résout pas tout et peut devenir un obstacle à la prise de responsabilité

La résilience concerne notre capacité de rebondir après une épreuve ou un choc. Elle est indispensable pour pouvoir traverser les péripéties de la vie, depuis notre naissance. C’est elle qui permet de reprendre souffle et de se remettre en route après avoir traversé des moments difficiles et dans certains cas de véritables traumatismes. Boris Cyrulnik est parmi ceux qui ont le plus approfondi la question de la résilience, ayant lui-même vécu des événements traumatiques dans son enfance en tant que jeune juif durant la seconde guerre mondiale. Une bonne capacité de résilience est une source d’équilibre et nous y faisons appel particulièrement au moment des périodes troublées de la vie ou de l’histoire.

Arrivé en Afrique, il y a 50 ans, je vis actuellement dans un pays où les traumatismes dus à la guerre se répètent de génération en génération. Rien que dans la région où j’habite, plus de 130 groupes armés écument les territoires riches en multiples ressources minières en utilisant la violence, et même le viol, pour contrôler des populations ou imposer leur pillage. Depuis 10 ans je reçois continuellement des survivants en état de stress post-traumatique. Ils ont besoin d’un accompagnement personnalisé pour pouvoir se reconstruire. Je suis souvent frappé par la capacité de résilience des femmes africaines par rapport aux violences qu’elles ont pu subir et qui, en Occident, demanderaient un soutien psychologique et psychiatrique sur des années, (viol en réunion sous les yeux du mari et des enfants, tortures, etc.). Elles puisent dans leur courage et leur solidarité pour rebondir, dans la mesure où elles sont accompagnées personnellement ou en groupe pour se reconstruire, et deviennent parfois de véritables militantes. Malheureusement, à cause de la stigmatisation, beaucoup ne déclarent pas ce qu’elles ont vécu pour éviter d’être rejetées. En outre, dans certains pays d’Afrique, où il n’y a pratiquement pas d’Etat, ou bien où l’État est prédateur et favorise la violence systémique et les massacres, toute la société est traumatisée. Paradoxalement, on constate que c’est sur cette situation d’anomie et de fragilisation des liens sociaux que les politiques construisent leur pouvoir, entretenant parfois volontairement le désordre afin de favoriser des réseaux économiques mafieux.

Les populations subissent cet asservissement avec un courage et une patience extraordinaire qui font l’admiration des observateurs étrangers. Mais précisément cette résilience a des limites. Elle peut être un piège. Dans son livre sur Les profils émotionnels, le professeur Richard Davidson étudie des critères pour établir ces profils dans le cadre de l’intelligence émotionnelle. Parmi ceux-ci il se réfère à la résilience. Or, à partir des neurosciences, il constate que les personnes qui ont une trop grande capacité de résilience en arrivent à perdre leur sensibilité émotionnelle et deviennent inaccessibles à certaines émotions et même parfois à l’empathie. Elles en arriveraient à perdre leur capacité de réactivité en absorbant et atténuant les impacts sur leur psychisme et leur vie émotionnelle. D’où leur incapacité de prendre leur responsabilité pour s’opposer aux causes de leur agression.

Discutant avec un de mes confrères à propos de la capacité de résilience de certaines populations africaines, il me confiait sa conviction que la capacité de résilience de ses frères et sœurs africains finissait par représenter un véritable obstacle à un combat pour des alternatives politiques crédibles. Il était convaincu du cynisme de nombre d’hommes politiques africains qui non seulement n’ont pas le souci du bien-être de leurs citoyens mais en plus entretiennent le désordre et leur domination (par les forces de l’ordre) pour faciliter leur contrôle sur ces populations. Selon lui, ils tablent sur le fait que les gens ne se révolteront pas, et qu’il est toujours possible d’aller plus loin dans l’exploitation des petits et le refus de partager les richesses du pays. Ainsi cette résilience de cette immense population qui vit dans la survie est un atout pour maintenir une situation contraire aux droits humains et maintenir leur pouvoir. Il se posait la question : « est-ce que notre résilience n’est pas en fait la cause de la poursuite de l’exploitation inhumaine dont nous sommes les victimes au quotidien par nos propres autorités ? »

Bernard Ugeux, le 30/4/2021

mercredi 28 avril 2021

Vidéo Conférence "Revisiter nos fragilités comme une force pour demain" (mai 2021)

 

Vidéo-conférence "Revisiter nos fragilités" du 6 mai prochain

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Ce message est destiné à tous les Poursuivants ainsi qu' à toutes les  personnes intéressées. Merci aux animateurs locaux de le faire suivre vers ceux qui n'ont pas d'adresse électronique.

 

Vous êtes invités à participer à la prochaine vidéo-conférence proposée par Bernard Ugeux

"Revisiter nos fragilités comme une force pour demain"

 le jeudi 6 mai prochain de 17H à 19H

La tourmente de cette pandémie nous interpelle profondément sur notre vulnérabilité et la fragilité constitutive de notre humanité.

Car l’irruption du Covid a fait perdre ses repères à l’occident,, déstabilisant une société de la maitrise et de l’excellence par un ennemi sournois.  Bernard Ugeux développera pour nous combien cette fragilité peut devenir féconde, comme ouverture à la vie et à la relation. L’exemple de l’Afrique, qui n’a pas attendu la pandémie pour être affrontée à nos nouveaux défis éclairera son propos.

Anthropologue et prêtre, Bernard Ugeux a enseigné de longues années en Afrique. Docteur en théologie et en histoire des religions, il a dirigé l'Institut de science et de théologie des religions à l'Université catholique de Toulouse. Il participe également à la formation des soignants et des aumôniers de la santé. Chroniqueur pour la revue Prier, il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages dont Retrouver la source intérieure et Traverser nos fragilités (L'Atelier, 2001 et 2006). 

Pour vous inscrire  à cette vidéo conférence , cliquez sur le lien suivant :

https://poursuivre.assoconnect.com/collect/description/170912-w-revisiter-nos-vulnerabilites

 

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mardi 27 avril 2021

Les Batwas au Burundi (avril 2021)

 


« Plus marginalisé, tu meurs ! » Les Batwas au Burundi

Les Batwas, longtemps marginalisés,  se mettent debout grâce entre autres à « Action Batwa ».

Les Batwas du Burundi peuvent être comparés aux pygmées d’autres pays d’Afrique, bien qu’ils n’en aient pas le type physique. C’est un groupe très minoritaire parmi la population du Burundi (composée surtout de Hutus et de Tutsis). C’est le peuple autochtone de cette région des Grands Lacs qui étaient alors couverte de forêts. Chasseurs nomades, ils vivaient de la cueillette, des produits de la nature, pratiquaient un habitat et un artisanat rudimentaires (tissage et poterie). A l’arrivée des autres populations, ils se sont enfoncés dans la forêt, se marginalisant et rendant quelques services aux envahisseurs sédentaires. Ni la colonisation ni l’Eglise ne les ont touchés au début de la période coloniale, les institutions s’intéressant en priorité aux groupes les plus accessibles et les plus nombreux. Les Batwas étaient plutôt un objet d’étude ethnographique qu’une cible pour le « développement ». Au fur et à mesure du recul de la forêt à cause de l’extension de l’agriculture et de l’élevage, les Batwas se sont retrouvés sans terre. Aujourd’hui, ils ne représentent qu’un pour cent de la population du pays, ce qui n’en fait pas une priorité pour les politiciens ou les stratèges ! Mais ce sont des êtres humains ! et un peuple très accueillant, comme j’ai pu le constater en les visitant du côté de Bubanza (voir photo). Ils forment des petits villages sédentaires sans terres et ont perdu leurs activités traditionnelles. Pratiquant l’endogamie, ils vivent dans une grande promiscuité.

D’une extrême pauvreté, la plupart d’entre eux n’avaient pas d’état civil jusqu’il y a peu, et n’avaient donc pas accès aux soins de santé. Les enfants étaient rarement scolarisés, le taux de mortalité infantile reste très élevé, entre autres à cause de la pauvreté de l’habitat et du manque d’hygiène et de soins. Ce sont les plus pauvres et les plus marginalisés du Burundi. Même les paroisses n’arrivent pas à se pencher sur leur sort, submergées par une importante population pratiquante qu’elles arrivent à peine à gérer.

Il a actuellement de belles lueurs d’espoir grâce à diverses initiatives de reconnaissance et de promotion de cette population. Parmi celles-ci, une des premières fut l’« Action Batwa » commencée par les Missionnaires d’Afrique en 1999. Parmi les animateurs, le Père ougandais Elias s’est intéressé à leur sort et leur a consacré son mémoire de maîtrise. Il a fallu commencer par l’apprivoisement, les visites amicales, l’écoute, le temps consacré à la présence pour créer la confiance et découvrir les problèmes de cette population si attachante. Petit à petit, l’« Action Batwa » a acheté des terres pour pouvoir leur garantir une sécurité de l’habitat et sur le plan alimentaire. Plus de 120 villages sont déjà concernés par cette action. Environ 1800 maisons ont été construites avec leur participation, des enfants envoyés à l’école (3000 dans le primaire et 200 dans le secondaire, quelques-uns déjà à l’université), un état-civil établi pour faciliter l’accès aux aides du gouvernement et l’enregistrement des mariages. Des micro-crédits sont alloués qui leur permettent de commencer de petits élevages (porcs, chèvres) et des cultures avec des semences sélectionnées.

On leur donne également une formation sur leurs droits fondamentaux et sur la participation à la société civile. Petit à petit, ils deviennent conscients de leur dignité et osent prendre part à la vie communale (par exemple comme conseillers).   Sur le plan politique, la représentation des Batwas reste symbolique et ce n'est que récemment qu'un petit nombre d'entre eux a fait une timide entrée dans certaines institutions étatiques par cooptation, comme au Sénat et à l'Assemblée nationale. Cela n’efface par la situation de marginalisation qu’ils subissent au quotidien, mais toutes ces petites avancées sont comme une aurore qui se lève. Les Batwas ont créé leur propre association, ils pratiquent le crédit-épargne entre eux. Ils ont commencé à s’organiser entre eux, ce qui est un des objectifs d’« Action Batwa ». Les missionnaires d’Afrique ont soutenu le projet de diverses façons, tout en restant discrets sur le plan de l’évangélisation. Le projet est reconnu « association sans but lucratif » par l’Etat et l’objectif n’est pas de convertir les gens. Cependant, la disponibilité des missionnaires pour ces exclus, leur présence discrète mais fidèle, éveillent des attentes sur le plan de la foi. Certains se sont inscrits pour le catéchuménat. Mais les animateurs de ce projet se refusent à en faire un moyen pour attirer des gens vers une Eglise plutôt qu’une autre. 

Le plus difficile, pour des populations longtemps opprimées, est de faire évoluer une mentalité de dominés et de dépasser leur sentiment d’infériorité. C’est une œuvre de longue haleine qui prendra plusieurs générations.  Elle demande aussi un changement de mentalité de la part des autres groupes ethniques, des fonctionnaires de l’Etat, des bailleurs de fonds qui posent déjà des gestes de soutien ponctuels (d’autres ONG  s’y intéressent). Enfin, d’après le Père Elias, une dynamique irréversible s’est mise en place et l’avenir est prometteur, surtout si le gouvernement accepte d’y prendre activement sa part.

Bernard Ugeux

jeudi 22 avril 2021

POEME ANTIDOTE (du 22 avril 2021)

 

POEME

ANTIDOTE

1ère PARTIE

Je m’exprime, fini l’attente
Mon silence a pris son temps
Et dans ce noir ça fait longtemps
Que j’attends ce moment

Ce moment de guérison, où aimer est une mission
Où on a gagné la guerre contre la discrimination
Où à l’horizon, le progrès est la seule saison
Où on partage la même vision, celle de bâtir une nation
Je suis venu rechercher la vie de rêve qu’on a perdu
Reprocher les actes qu’on a faits alors qu’on n’aurait jamais dû
Retracer la voie d’une nouvelle vie par mes dires
Pour que notre futur soit bénéfice
Et le passé juste un mauvais souvenir

Ça c’est moi l’antidote
Et d’un pouvoir, suis doté

Le pouvoir de ressembler, tout reconstruire, tout relancer
L’amour, le vide qu’on doit combler par
Cohabitation et vivre ensemble.

Que nos droits et nos devoirs remplacent nos armes jadis en main
Que la RUMBA au clair de la lune remplace les pleurs de nos mères
Et qu’en mémoire de nos frères ; de nos sœurs et de nos Pères
Que notre avenir soit plus sucré et que faire le mal soit plus amère


R/ Est-ce possible, combler ce vide de mon peuple qui manque d’amour ?

Oui ça nous concerne tous, ensemble bâtissons ce tour
Je veux croire en un meilleur lendemain
Où les armes n’ont aucune place dans nos mains
Où même dans des cours des pierres
Mes mots doux se frayent un chemin
Où le jour de joie c’est aujourd’hui et pas demain
Mais est-ce que c’est possible ? C’est possible !

Ilème Partie

J’ai découvert que j’aurais une place comme écolier dans cette société mais pas un

enfant soldat armé

J’ai découvert que je pourrais servir à la société pas comme bandit ni malfaiteur mais

par l’envie de travailler

J’ai découvert que je pourrais servir à l’humanité pas comme seigneur de guerre

mais comme artisan de l’unité.

Et que ma lutte soit patriotique et bénéfique pour ma nation au lieu de me battre pour

régner

Je crois en nous deux, puisque je ne crains plus le pire
Je vois l’amour en toi à chaque fois que je te fais sourire
C’est l’homme qui a détruit alors viens on va tout reconstruire
La route est longue, viens qu’on vive ensemble cette aventure
Viens qu’on arrête d’être toujours en rage
Toi qui es l’une des couleurs qui embellit mon paysage
Viens qu’on arrête de s’en vouloir pour ce ravage,

Qu’on vive notre paradis en faisant passer ce message
Viens qu’on y mette un arrêt

Au tribalisme, à la soif du pouvoir, aux guerres des intérêts.

Viens oublie tout ça, qu’on vive ensemble et qu’on avance jusqu’au prochain arrêt
Viens construire ce pays, viens construisons ce Congo

vendredi 9 avril 2021

Lettre de la Savane N°45, d'avril 2021

 Chères amies, chers amis,

Nous voici dans la lumière de l’Octave pascale, pour celles et ceux parmi nous qui sont chrétiens. Belle fête de la Résurrection ! Nous croyons que la Vie et l’Amour continueront à l’emporter sur la haine, la mort, le mal…et la Covid 19 ! On n’a pu garder le Christ confiné au tombeau !  Ici, les célébrations ont été d’autant plus appréciées que l’année dernière le confinement nous avait empêchés de célébrer. Toute ma sympathie pour ceux et celles d’entre vous qui ont été encore une fois interdits de célébration dans tel ou tel pays d’Europe ou d’Afrique. Personnellement, j'ai pu animer une retraite pascale pour une bonne trentaine d'étudiants universitaires dans un site entouré d'une chaîne de montagnes, chez des frères Maristes. Étant entre nous, nous avons pu introduire un certain nombre de gestes, entre autres inspirés de Taizé (la croix sur le sol), qui les ont beaucoup touchés et parfois même bouleversés. Le thème de l'enseignement était l'encyclique du pape Fratelli tutti, « Tous frères et sœurs ».


L'investissement de ces jeunes, la belle préparation, entre autres, des célébrations, l'explosion de joie au cœur de la nuit pascale après une prière de guérison qui clôturait le rituel de bénédiction de l'eau baptismale, tout cela m'a réjoui. Je les ai sentis remontés au moment de revenir à Bukavu. Pour un certain nombre d'entre eux, c'est une véritable galère pour trouver l'argent pour payer leurs études ou envisager de se fiancer ou commencer un ménage. Je suis très touché par leur courage et leur moral à travers tout. Même si certains sont inquiets. Près de la moitié ont demandé un rendez-vous personnel pendant ces trois jours, et ce furent des moments souvent forts.

Depuis ma dernière circulaire, j’ai eu l’occasion de donner diverses formations à des jeunes, laïcs ou consacré(e)s, chez qui j’ai senti un grand désir de s’ouvrir au monde, de se former et de profiter d’un interlocuteur adulte avec lequel on peut poser des questions sans tabou (comme par exemple la question du coup de foudre pour une consacrée). Ce fut particulièrement le cas pour un groupe de 90 jeunes religieuses (un à trois ans de vœux temporaires) lors d’une session sur « Vie communautaire et intelligence émotionnelle. Comment gérer ses émotions ». C’est évidemment une question sensible quand on vit en communauté, et en couple d’ailleurs. Même si le téléphone portable commence à se répandre ici aussi, il y a toujours une soif d’apprendre et de découvrir qui est très stimulante pour les formateurs et les formatrices.


Nous avons aussi fêté la journée (et le mois) de la femme avec les formateurs et formatrices (photo ci-dessous) du Centre Nyota, qui accueille 250 filles vulnérables en journée,  ainsi qu’une délégation d’élèves qui ont présenté des danses autour du thème de l’éducation à la paix. [1]Ces danses font partie des exercices corporels pour réduire les séquelles des traumatismes que certaines ont vécus.


Je suis toujours frappé que, presque chaque fois que des enfants ou des jeunes présentent des sketches lors d’une fête, cela tourne autour de la guerre, de la violence, des victimes. Cette région d’Afrique en est profondément marquée.

Pour améliorer l’aide que nous apportons à ces jeunes, nous avons lancé trois nouveaux projets. Tout d’abord, nous avons engagé des démarches pour que les 147 filles sur 250 qui n’ont aucun papier obtiennent un certificat de naissance et ensuite une carte d’identité. Qu’elles soient autonomes après avoir appris un métier chez nous. Une bienfaitrice suisse va financer ces diverses démarches. Ensuite, parmi l’ensemble des élèves, une bonne quarantaine sont en état de grave malnutrition et nous leur procurons tous les jours une bouillie protéinée pour les aider à se refaire une santé. Enfin, nous lançons des « clubs de la paix » pour que ces jeunes, qui ont été victimes de tant de maux, deviennent des acteurs de paix à leur retour dans leur milieu. Nous sommes soutenus dans ce projet par la communauté de Sant’Angelo de Milano (Italie).

Par ailleurs, discutant avec un confrère congolais, j’ai mieux pris conscience que la capacité de résilience collective de la part des populations opprimées, dominées et affamées par ici risque de se retourner contre elles. On finit par penser qu’on peut tout supporter, et que la descente aux enfers peut encore continuer longtemps, car on semble ne jamais atteindre le fond, pour rebondir dans un mouvement de survie. Inutile de préciser qui en profite… En tout cas, la tension monte actuellement autour de nous du côté de certains groupes armés.

En outre, le site AfriqueAnalyse considère que « plus de deux ans après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, le bilan économique est désastreux. Gabegie, corruption, absence de l’État sont quelques-uns des maux. La communauté internationale est de plus en plus réticente à accorder son aide à ce pouvoir. (…) En 2019, près de 1 500 000 tonnes de cuivre et 80 000 tonnes de cobalt ont été exportées des deux provinces [minières]. En plein boom du prix des matières premières, ces exportations records expliquent difficilement la quasi-faillite à laquelle le pays fait face. Surtout si on ajoute 33 tonnes d’or non raffiné exporté à partir du Kivu et de l’Ituri. (…) En réalité, pour près de 100 millions d’habitants, les dépenses liées à la croissance et les espaces budgétaires dégagés pour les investissements publics ont atteint le montant dérisoire de 125 millions de dollars, soit 1,6 % du PIB congolais. »

Ce qui continue à freiner le décollage de l’économie, c’est le manque d’infrastructures, et surtout de routes, alors que le pays a un potentiel agricole et hydraulique exceptionnel, et qu’il a été autosuffisant sur le plan alimentaire dans le passé. La plupart des vivres sont actuellement importés de l’étranger, pas seulement des pays voisins, car le riz peut venir du Pakistan... alors que des Provinces en produisent.

A propos de la pandémie de la Covid 19, avec 28 000 cas confirmés (sur  plus ou moins 90 millions d’habitants) depuis son apparition et 739 décès, la RDC a été largement épargnée. Il faut cependant reconnaître que les statistiques sont peu fiables, étant donné qu’on ne teste généralement que les voyageurs qui prennent l’avion. Quant au vaccin, la vaccination n’a pas encore commencé à l’heure où j’écris ces lignes. Dans un Billet pour la revue La Vie, j’écrivais : « On est d’autant plus étonné du peu de propagation de la pandémie quand on considère le peu de sérieux avec lequel les gestes barrières et les consignes sanitaires sont respectés. Les transports publics et les marchés sont bondés et le masque n’est pas porté la plupart du temps. Rien que se laver régulièrement les mains pose problème, les gens n’ayant pas les moyens d’acheter du gel hydroalcoolique et beaucoup n’ont pas accès à l’eau courante, en ville comme en milieu rural. En outre, les statistiques sont rarement fiables. D’un côté, elles peuvent être forcées (par exemple, le nombre de personnes hospitalisées ou décédées) dans le but d’obtenir des subventions importantes de l’étranger, que se partagent parfois les autorités sanitaires aux dépens des populations. De l’autre, elles sont sous-estimées car certaines personnes contaminées ont peur de se déclarer et d’être enfermées en quarantaine quelque part. Certaines se confinent elles-mêmes à la maison, d’autres utilisent des herbes médicinales qui, par inhalation et sudation, peuvent donner de bons résultats. Plusieurs personnes qui ont été atteintes dans mon entourage se sont contentées de s’isoler une ou deux semaines sans aucun médicament officiel ».

UNE INVITATION

Pour moi, l’année 2021 est particulière. Le 19 mai j’aurai 75 ans, le 20 juin, 45 ans d’ordination presbytérale et début septembre, 50 ans depuis mes premiers pas en Afrique centrale. C’est l’occasion de rendre grâce et de célébrer la vie. Si la pandémie le permet, il y aura une fête chez mes amis Michèle et Philippe Nouvellon, à Parisot (Tarn) le samedi 11 septembre 2021.

Un grand merci à ceux et celles qui nous aident,  au nom de ceux et celles qui en bénéficient ! Notre objectif est de les rendre autonomes demain.



Les trois jeunes femmes qui, comme dans les évangiles, ont annoncé la résurrection du Christ aux apôtres, lors de notre retraite. A chacune et chacun, elles sont venues proclamer avec une grande joie : « j’ai vu le Seigneur ». On oublie trop souvent que c’est à elles que Jésus a d’abord confié cette bonne nouvelle.

Si vous voulez vous abonner à cette lettre, adressez-vous à Germes d'Espérance germesdesperance@gmail.com

Pour le site de La Vie, mon blog a été remplacé par un Billet. Si vous voulez retrouver mes posts et mes billets, allez sur le site et mettez mon nom dans rechercher : www.lavie.fr/ Sans oublier notre site qui vient de changer de nom et de se renouveler ! Vous y retrouverez mes Lettres de la Savane et mes blogs et billets pour la revue La Vie, plus des articles et photos. https://germesdesperance.blogspot.com/p/accueil.html



[1] Ce que vivent les jeunes qui apprennent la couture à Nyota. https://1drv.ms/u/s!AuMalqelnvJ1he54ti7eYfdhPCXd_Q?e=vwRzDT.

jeudi 8 avril 2021

Sud-kivu, une retraite s'est organisée à Nyangezi avec les jeunes ( avril 2021).

 

    J’ai animé une retraite pascale pour une bonne trentaine d'étudiants universitaires du Mouvement Marial dans un site entouré d'une chaîne de montagnes, chez des frères Maristes. Étant entre nous, nous avons pu introduire un certain nombre de gestes, entre autres inspirés de Taizé (la croix sur le sol), qui les ont beaucoup touchés et parfois même bouleversés. Le thème de l'enseignement était l'encyclique du pape Fratelli tutti, « Tous frères et sœurs ». L'investissement de ces jeunes, la belle préparation, entre autres, des célébrations, l'explosion de joie au cœur de la nuit pascale après une prière de guérison qui clôturait le rituel de bénédiction de l'eau baptismale, tout cela m'a réjoui. Le dimanche de Pâques, avant le début de l’eucharistie, trois jeunes femmes ont, comme dans les évangiles, annoncé la résurrection du Christ aux apôtres. A chacune et chacun des participants, elles ont proclamé avec une grande joie : « j’ai vu le Seigneur ». On oublie trop souvent que c’est à elles que Jésus a d’abord confié cette bonne nouvelle.

A la fin de la retraite, je les ai sentis remontés au moment de revenir à Bukavu. Pour un certain nombre d'entre eux et d’entre elles, c'est une véritable galère pour trouver l'argent pour payer leurs études ou envisager de se fiancer ou commencer un ménage. En effet, il n’existe aucune création d’emploi dans la région. Je suis très touché par leur courage et leur moral à travers tout. Même si certains sont inquiets pour leur avenir

P. Bernard Ugeux

Menace de la RDC de se retirer de la Francophonie : une décision secouant la Communauté Internationale.

  Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a récemment fait part de son intention de se retirer de l’Organisation Intern...