dimanche 10 mai 2020

Covid 19 : quelques réflexions


L’annonce de la pandémie du coronavirus sur le plan mondial a sonné comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. C’est comme si la planète poursuivait tranquillement son cours sans inquiétude particulière pour l’avenir et qu’elle a soudain été obligée de s’arrêter d’un coup, brutalement, au point de devoir confiner la moitié de la population pour se protéger d’un ennemi invisible : un virus qui reste encore très mystérieux aujourd’hui.
La fin du monde ?
Les effets de ce coup de tonnerre ont fait penser à ce que Jésus annonçait à propos de la fin des temps en Mc, 13,14 s. : « Lorsque vous verrez l’Abomination de la désolation installée là où elle ne doit pas être – que le lecteur comprenne ! – alors, ceux qui seront en Judée, qu’ils s’enfuient dans les montagnes ; celui qui sera sur sa terrasse, qu’il n’en descende pas et n’entre pas pour emporter quelque chose de sa maison ; celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière pour emporter son manteau. Malheureuses les femmes qui seront enceintes et celles qui allaiteront en ces jours-là ! Priez pour que cela n’arrive pas en hiver, car en ces jours-là il y aura une détresse telle qu’il n’y en a jamais eu depuis le commencement de la création, quand Dieu créa le monde, jusqu’à maintenant, et telle qu’il n’y en aura jamais plus ». Du coup, certains ont annoncé la fin du monde ou une punition divine ! Il faut dire que les médias ont tout fait pour rendre les choses encore plus tragiques, et s’y sont ajoutées les fake news dont certains d’entre nous se font les relais sans discernement.
Un tsunami financier annoncé mais dénié par les Etats et les entreprises
Un coup de tonnerre dans un ciel serein sans aucun signe avant-coureur ? S’il s’agit de l’écroulement de l’économie et des finances et de l’entrée en récession (pour le PIB de l’Europe de -5% à -12 %), il serait malhonnête de mettre cela sur le dos de cette pandémie. Il y a cinq ans que des observateurs sérieux et indépendants, (comme Gaël Giraud sj, Georges Ugeux) voient venir un tsunami et tentent de convaincre les dirigeants d’entreprises, de banques, de banques centrales et des gouvernements de prendre des mesures correctrices. Aucune de ces catégories n’a admis qu’il y avait un problème. Pour les dirigeants politiques et les gouverneurs de banques centrales, l’admission même d’un problème de surendettement souverain était un anathème qui condamnait au silence ou à l’oubli. On sait que la fin de la pandémie ne sera pas la fin de la crise.
En effet, le degré d’endettement des Etats comme des particuliers a dépassé tout ce qui est imaginable, au mépris des avertissements qui sont nés de la grave crise financière de 2008. La situation économique dramatique dans laquelle nous sommes engagés depuis quelques mois, avec la moitié de l’humanité confinée et donc la plupart des entreprises de la planète arrêtées, a été accélérée par cette pandémie, mais elle n’en est pas la seule cause. Pour ceux qui profitaient des avantages du néolibéralisme capitaliste, tout allait bien. Ils étaient invulnérables. On considérait que tout était sous contrôle, grâce aux progrès des technologies, qui permettaient une accélération dans toutes les activités humaines, une ultra rapidité dans la gestion des finances et une impression de maîtrise de la planète. Pour eux, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, pour ceux pour qui le profit maximum immédiat au mépris de la vie humaine était la source de l’amélioration constante de leur niveau de vie. En outre avec la théorie du transhumanisme, qui associe les découvertes récentes en biologie et en neurosciences avec l’utilisation des nanotechnologies, on allait rendre l’être humain tôt ou tard immortel !
Un désordre mondial accepté comme normal !
Or cette euphorie se développait dans l’ignorance et le mépris de la situation de la plus grande partie de l’humanité pour qui la vie est uniquement une survie. Que quelques pourcents de l’humanité puissent exploiter la plus grande partie des richesses de la planète à leur propre profit au mépris du reste du monde ne posait pas de problème à beaucoup, malgré le grand nombre d’associations qui se battent pour faire éclater la vérité. On ne peut pas dire que les profiteurs du désordre mondial n’étaient pas au courant de cette injustice globalisée dont les effets sur l’écologie sont de plus en plus dramatiques. Tout se tient, dit le Pape François, dans Laudato si.
Puis, tout échappe
Et soudain on découvre qu’en fait on ne contrôle plus rien. Les systèmes médicaux eux-mêmes, - qu’en France on a privé de ressources nécessaires depuis des décennies, parce ce qu’ils ne sont pas productifs d’un point de vue capitaliste -, se sont montrés incapables de gérer une telle pandémie. Pourtant, le personnel s’est montré non seulement compétent en général mais d’un dévouement qui a frappé tout le monde, jusqu’à mourir à la tâche pour nombre d’entre eux. Pourtant, des épidémiologistes annonçaient ce risque depuis longtemps, à cause des déséquilibres écologiques provoqués par l’âpreté illimitée au gain du processus de mondialisation. En conséquence, dans des grands pays européens, il n’y avait pas de réserve suffisante de masques pour les soignants, de vêtements de protection, de lits pour les urgences, de respirateurs, et de moyens de tester, etc. La conséquence est la mort d’un grand nombre de soignants et les hôpitaux dépassés par l’afflux des victimes, au point de devoir parfois choisir qui on va entuber, sans parler d’une hécatombe dans les maisons de personnes âgées dont la mort a pris du temps à être reprise dans les statistiques…
Une augmentation de la dette publique sans précédent pour sauver les économies
Actuellement, les Etats et les banques centrales imaginent tous les scénarios possibles pour limiter les résultats de la crise économique et financière, augmentant l’endettement de plusieurs milliers de milliards de $ face à une récession aux conséquences catastrophiques pour le monde entier. Il y a déjà plus de 20 millions de nouveaux chômeurs aux Etats-Unis. Quant à certains pays d’Afrique, dont la principale ressource est la vente des matières premières, comme en RDC, l’arrêt brutal de la production dans les entreprises occidentales et asiatiques et donc de la demande, fait dévisser le PIB dans une mesure encore non calculable. Heureusement que la peur de vagues migratoires décuplées par la pandémie pousse les pays riches et les grands organismes mondiaux comme le FMI à injecter de l’argent en Afrique pour limiter l’écroulement des économies locales, d’où l’engagement à une suppression pure et simple ou à un moratoire des dettes publiques des Etats africains. Ce serait des mesures bienvenues, à condition que l’argent n’aille ni dans les poches des dirigeants ni dans l’achat d’armes.
De l’impossibilité de programmer la reprise économique
Le grand point d’interrogation reste : quand pourra-t-on reprendre une certaine activité économique, sachant qu’avec toutes les faillites annoncées, il faudra des années pour s’en remettre. Or, il y a beaucoup de différences dans les réactions au virus selon les pays et même les continents, parfois sans qu’on puisse l’expliquer. En outre, les experts se contredisent, certains disent qu’on n’est pas immunisé même si on a déjà guéri du virus et qu’une rechute est possible. D’autres disent qu’il n’est pas exclu qu’une nouvelle vague apparaisse et recommence les ravages. Tous ne sont pas d’accord à ce propos. On dit également que les mutations du virus retardent la fabrication d’un vaccin. Dans certains pays comme le Brésil et le Burundi, on se rassemble en foules joyeuses et sans protection : du vrai délire. Ce qui veut dire qu’il est impossible de programmer la reprise de l’économie mondiale et que la dégringolade peut se prolonger longtemps.
Comme le confinement commence à devenir insupportable et que le nombre de nouveaux cas diminue dans certains pays, on s’aventure prudemment vers un déconfinement dont on ne connaît pas les conséquences à moyen terme. Car là où on commence à déconfiner comme en Italie, on parle d’une recrudescence de la pandémie.
Et en Afrique ?
A propos de l’Afrique, jusqu’à présent la catastrophe pandémique annoncée n’a pas eu lieu, malgré l’impossible confinement dans les mégapoles et la quasi-absence de tests. On avance plusieurs explications. Tout d’abord le virus est arrivé plus tard et les Etats africains ont pu tirer les leçons de mesures de prévention de l’Asie et de l’Europe. Certains proposent des plantes traditionnelles à titre préventif ou curatif, comme à Madagascar que la RDC encourage. Ensuite, à part dans les mégapoles, la densité de la population est plus faible (43 au Km2 contre 181 en Europe occidentale), il y a une moindre circulation des personnes, une pyramide des âges plus jeune, une résistance préparée par l’usage assez généralisé d’antipaludéens depuis des décennies…. Mais d’autres fragilités sont là : une économie extravertie dépendant des pays riches et des multinationales, la famine dans plusieurs pays, les attaques de criquets, l’endettement qui favorise une élite de profiteurs, des structures sanitaires déficientes (les riches allaient se faire soigner à l’étranger). On verra comment la pandémie va se développer, mais d’ores et déjà on sait qu’il va y avoir une grande augmentation du chômage. Quant à imposer un confinement strict quand on vit « au taux du jour », cela ne peut que provoquer des émeutes incontrôlables, si le gouvernement n’est pas capable de prendre en charge les plus pauvres dans les quartiers pauvres, ce qui est rarement le cas.
Des leçons à tirer
Dans cette situation, des prises de conscience se font de plus en plus à travers le monde. Notre planète est fragile et le système capitalise, imposé mondialement, dysfonctionne et provoque exclusions sociales et dégâts naturels. L’être humain est vulnérable face à un virus qui ne fait pas de différences de race, de sexe, ou de richesse. Même si un million de Parisiens sont vite partis se réfugier dans leurs résidences secondaires loin de la ville, là où le risque est moindre et le confinement plus agréable, la solidarité humaine est indispensable pour pouvoir non seulement échapper au virus (cf. les collaborations mondiales des laboratoires à la recherche d’un remède ou d’un vaccin) mais tout simplement pour que la vie sociale soit de nouveau possible. On découvre aussi que des professions sous-valorisées sont indispensables à la société - les infirmières et femmes de salle, les chauffeurs routiers et les magasiniers des grandes surfaces, les éboueurs et les postiers, et tous ces humbles services de base, souvent manuels - qui ont rendu le confinement possible. Un conducteur de camion peut être plus important qu’un prof de philosophie pour faire vivre la société. Mais ils sont méprisés et sous-payés tandis que d’autres abreuvent leurs auditoires de concepts souvent déconnectés pour la simple survie. Et même confinés, ils occupent les réseaux sociaux.
Bien d’autres inégalités sont apparues flagrantes comme l’accès à internet et la possibilité d’être connecté. On a parlé de télétravail et de téléenseignement, mais ici encore ce sont les privilégiés qui en profitent. Tant de familles n’ont pas d’ordinateur pour profiter des cours en ligne ou n’ont pas l’espace pour que chacun puisse travailler dans son logement. Ici aussi, l’inégalité est flagrante et les gens commencent seulement à la découvrir. Feront-ils quelque chose pour la réduire, dans l’après-covid ?
Vivre autrement demain ?
Aujourd’hui, on entend de plus de plus de gens dire : en tout cas, il est impossible de recommencer à vivre comme avant. A part quelques personnes très riches (qui vont racheter les faillites) et quelques autres qui profiteront du malheur des autres pour s’enrichir, tout le monde va être impacté par la crise actuelle. Même les personnes qui ne seront pas touchées par le chômage, verront leur train de vie diminuer. Un expert financier prédit que pour les occidentaux, ils doivent s’attendre à devoir diminuer de 20 % le niveau de vie, ce qui est énorme. Cela aura des conséquences graves sur le plan de la consommation, et donc de la relance des entreprises. En outre, les Etats ne seront pas capables d’assurer une véritable couverture du chômage qui deviendra de plus en plus endémique, après avoir déboursé des sommes énormes pour essayer d’enrayer la débâcle économique. La Banque Centrale Européenne a prévu une enveloppe de plus de plusieurs milliers de milliards d’euros de rachats d’actifs sur l’année. Qui remboursera ? Ce qu’on reproche déjà, c’est qu’on annonce l’attribution de milliards de dollars pour maintenir de très grandes entreprises, en oubliant que la société fonctionne à 80 % grâce aux petites et moyennes entreprises. Cette crise met en péril l’unité européenne.
Quand on dit que plus rien ne sera comme avant, beaucoup de personnes ont la conviction qu’il n’est plus possible de continuer à vivre dans l’accélération qu’on a connue ces derniers temps et dans la consommation effrénée qui impacte de façon de plus en plus grave la planète. Parce que la catastrophe écologique qui se prépare, si des décisions essentielles ne sont pas prises rapidement par les Etats, aura des conséquences beaucoup plus graves que cette pandémie. Comme la dégradation de la planète se passe progressivement (tout en s’accélérant beaucoup ces dernières années), on ne panique pas et on retarde les décisions douloureuses. Or quand on considère le continent de plastique qui flotte dans les océans, le réchauffement climatique et le dérèglement qui touche actuellement la planète (et dont l’Afrique n’est pas protégée), la fonte des glaciers avec toutes les conséquences concernant le niveau de la mer et les courants océaniques, on se rend compte qu’il faut tous se réveiller. Il apparaît que ce sont les jeunes générations qui commencent à interpeller les décideurs obsédés par le profit immédiat.


Des évolutions politiques et idéologiques
Ce que j’entends et lis, ce sont des changements d’orientation essentiels. J’entends des chefs d’État dire que la santé est plus importante que l’économie, que les inégalités sociales ne sont plus supportables quand on voit qu’on a besoin de tout le monde pour faire fonctionner une société et une économie. Devant l’appauvrissement mondial que la récession va provoquer, je lis un nombre croissant de personnes qui insistent sur la nécessité de la solidarité, des groupes associatifs, de la réduction des inégalités dans les salaires ou dans l’accès aux soins médicaux, de la nécessité de réduire volontairement son niveau de vie pour arriver à une certaine sobriété pour préserver la planète, etc. Beaucoup ont aussi découvert, à la suite de l’interruption de leurs activités, à quel point leur rythme de vie était déshumanisant. Certains sont bien décidés à ne plus retomber dans cette accélération tellement néfaste pour la vie familiale et sociale, et dont les bénéfices matériels ne justifient pas l’emprise sur leur vie quotidienne. Beaucoup réalisent les graves conséquences d’un monopole de la chaîne alimentaire aux détriment de la production locale. Tout cela est exactement à l’opposé d’une certaine pratique néolibérale pour qui le profit maximum immédiat justifie les injustices et le pillage de la planète. Cela signifie que la crise sanitaire, financière, économique et sociale est aussi une crise politique et un défi pour les idéologies. C’est aussi un défi pour le multilatéralisme, au moment où les États-Unis sont victimes de leur repli sur eux-mêmes et les pays membres de la communauté européenne ont beaucoup de mal à se mettre d’accord sur les conditions d’une reprise et d’un soutien économique et social pour l’avenir.
Quel espoir pour l’avenir ?
Personnellement, je crois que cette crise dramatique, tôt ou tard inévitable, était nécessaire pour faire comprendre la folie du système qui jusqu’à présent a dominé la mondialisation, créant un désordre consenti pour le bien d’une minorité de privilégiés et une accélération démentielle des rythmes de vie.
J’espère et je souhaite qu’on remette la personne humaine au centre de la nouvelle civilisation qui va devoir naître des cendres du système qui est en train de s’écrouler. Cela demande de mettre en avant les valeurs de solidarité, de partage, de priorité pour les plus fragiles, de prise de conscience de l’existence de périphéries ou des gens survivent dans des conditions inhumaines, de changement de priorités dans la gestion du bien public de la part des Etats, etc.
Il n’est pas seulement nécessaire d’être très vigilant par rapport à une recrudescence éventuelle de la pandémie, il est très important que les citoyens soient attentifs à ce que les Etats ne répartissent pas les ressources de façon à relancer un système injuste où des privilégiés seront maintenus dans le privilège au détriment des plus pauvres. Il y a là donc un défi démocratique et citoyen pour l’avenir.
D’un point de vue chrétien
Ces valeurs que je viens d’évoquer sont aussi des valeurs évangéliques, qui ont d’ailleurs favorisé la mobilisation de nombreux chrétiens pour venir en aide aux soignants, aux malades, aux personnes âgées et isolées… afin de leur apporter l’espérance que le Christ leur a confiée. Des paroisses et des communautés se sont mobilisées, entre autres grâce aux médias sociaux, pour lutter contre la solitude et pour maintenir des réseaux de prière. Certains catholiques ont découvert que le Christ est autant présent dans le voisin et le pauvre que dans l’eucharistie dominicale dont l’interruption a été difficile à vivre pour beaucoup.
Se pose aussi pour beaucoup de chrétiens la question de la place ou du rôle de Dieu dans cette pandémie. On l’a dit, certaines églises du réveil ont parlé d’une punition de Dieu. Pour nous, il est impossible que le Dieu Père, au cœur de Mère, que nous révèlent la Bible et particulièrement le Christ, soit à l’origine d’une telle souffrance pour son peuple. Mais alors que tant de personnes tombent ou perdent des proches dans une terrible souffrance et dans la tristesse, ils peuvent être tentés de se demander : Qu’est-ce que la volonté de Dieu ? Où est-il ? que fait-il ? Comment peut-il permettre cela ? Rien qu’en posant ainsi la question, on laisse entendre qu’il aurait pu l’empêcher et qu’il a préféré ne rien faire… Certains vont s’acharner dans des neuvaines et des pèlerinages… pour le faire changer d’avis ? Ou plutôt pour se rapprocher de lui qui a déjà tout assumé sur la croix et a promis qu’il serait avec nous jusqu’à la fin des temps ? Il est important de bien éduquer cette religiosité populaire, qui a toute sa valeur, en montrant qu’il ne s’agit pas d’une forme de chantage sur Dieu, mais afin de comprendre et de faire l’expérience que, dans notre prière et dans l’aide que nous portons aux plus fragiles, nous rejoignons et accompagnons le Christ qui revit sa passion dans les plus fragiles. Jésus a pleuré sur la mort de Lazare et sur Jérusalem, ainsi que face à sa mort à Gethsémani. Ne nous trompons pas sur Dieu ni sur sa « toute-puissance ». Il respecte notre liberté (c’est bien l’humanité qui a permis et diffusé ce virus, et non pas lui) mais il nous rejoint jusqu’au plus profond de notre doute et de notre désespoir. Ici, chacun peut se demander : face à ce drame, quelle est mon image de Dieu ? et ma relation à Lui ? quel pourrait être mon engagement personnel aujourd’hui ?
Donner la priorité aux victimes
Au fur et à mesure du déconfinement, et donc de la reprise des relations entre les gens dans les quartiers, dans les mouvements etc. on va découvrir aussi les dégâts du confinement pour beaucoup de personnes. Il y a eu de très belles retrouvailles familiales et l’approfondissement de relations essentielles mais aussi une grave recrudescence de violences conjugales et familiales dont des traces traumatiques demeureront pendant des années. Il faudra s’attendre à des divorces et à devoir retirer des enfants de certaines cellules familiales pour les protéger et les soigner. Par ailleurs, beaucoup de personnes vont perdre leur emploi et feront l’expérience d’une grande pauvreté, peut-être jusqu’à rejoindre les SDF dans la rue, ces personnes dont on s’est soudain souvenu… à cause du risque de contagion. En tout cela le réseau des communautés et des paroisses peut jouer un rôle essentiel, d’autant plus que l’État sera sans doute incapable de gérer la demande. Cela signifie pour nous chrétiens, et a fortiori missionnaires, d’être encore plus attentifs aux appels de la périphérie, au renforcement des solidarités et des partages, à l’engagement volontaire à pratiquer un style de vie simple. Il nous faudra réduire nos exigences sur les plans d’un certain confort à la maison ou dans les moyens pour la pastorale1.
Un changement de style de vie
Je voudrais citer pour terminer quelques réflexions qui peuvent nous aider à approfondir les grands enjeux actuels ou à ouvrir des pistes vers l’avenir.
Le Pape François lors d’une interview donnée à la fin du mois de mars (ma traduction, de l’anglais).
« Vous me demandez ce qu'est la conversion. Toute crise comporte à la fois un danger et une opportunité : l'opportunité de s'éloigner du danger. Aujourd'hui, je crois que nous devons ralentir notre rythme de production et de consommation (Laudato si', 191) et apprendre à comprendre et à contempler le monde de la nature. Nous devons nous reconnecter avec notre environnement réel. C'est l'occasion de nous convertir. Oui, je vois les premiers signes d'une économie moins insaisissable, plus humaine. Mais ne perdons pas la mémoire une fois que tout cela est passé, ne l'archivons pas pour retourner là où nous étions.
C'est le moment de faire le pas décisif, de passer de l’abus et de la mauvaise utilisation de la nature à sa contemplation. Nous avons perdu la dimension contemplative ; nous devons la retrouver en ce moment-là. Et en parlant de contemplation, je voudrais m'attarder sur un point. C'est le moment de voir les pauvres. Jésus dit que nous aurons toujours les pauvres avec nous, et c'est vrai.
Ils sont une réalité que nous ne pouvons pas nier. Mais les pauvres sont cachés, parce que la pauvreté est timide. À Rome, récemment, au milieu de la quarantaine, un policier a dit à un homme "Vous ne pouvez pas être dans la rue, rentrez chez vous." La réponse a été la suivante : "Je n'ai pas de maison. Je vis dans la rue". Découvrir un si grand nombre de personnes qui sont en marge... Et on ne les voit pas, parce que la pauvreté est timide. Ils sont là mais on ne les voit pas : ils font partie du paysage, ils sont de simples choses.
Sainte Thérèse de Calcutta les a vus et a eu le courage de se lancer dans un chemin de conversion. « Voir » les pauvres, c'est leur rendre leur humanité. Ce ne sont pas des choses, ni des déchets ; ce sont des personnes. (…) Nous ne pouvons pas nous contenter d'une politique de bien-être partielle ».
La redécouverte de la vulnérabilité humaine
Dans Gènéthique (23 mars 2020) : « Se rappeler de « la profonde vulnérabilité humaine dans un monde qui a tout fait pour l’oublier » (extraits d’une interview de la philosophe Corine Pelluchon avec des remarques du sociologue Michel Maffesoli)
Pour Corine Pelluchon « nos modes de vie et tout notre système économique sont fondés sur une forme de démesure, de toute-puissance, consécutive à l’oubli de notre corporéité ». Mais aujourd’hui, « nous qui nous pensions définis par notre volonté et nos choix, nous sommes arrêtés par cette passivité existentielle, par notre vulnérabilité, c’est-à-dire par l’altération possible du corps, par son exposition aux maladies et son besoin de soin et des autres ». Alors « plutôt que de vouloir dominer la nature, on s’accorde à elle », déclare le sociologue. Et la philosophe le certifie « la conscience de cette vulnérabilité est une force ». Car « seule l’expérience de nos limites, de notre vulnérabilité et de notre interdépendance peut nous conduire à nous sentir concernés par ce qui arrive à autrui, et donc responsables du monde dans lequel nous vivons ». En effet, affirme Corine Pelluchon, « l’autonomie, ce n’est pas le fantasme d’une indépendance absolue, hors sol, mais reconfigurée à la lumière de la vulnérabilité, elle devient résolution de prendre sa part dans les épreuves communes ». Ce qu’atteste le sociologue : « l’angoisse de la finitude, finitude dont on ne peut plus cacher la réalité, incite (…) à rechercher l’entraide, le partage, l’échange, le bénévolat et autres valeurs du même acabit que le matérialisme moderne avait cru dépasser ».
 Pour Michel Maffesoli, « la crise sanitaire porteuse de mort individuelle est l’indice d’une crise civilisationnelle, celle de la mort d’un paradigme progressiste ayant fait son temps. Peut-être est-ce cela qui fait que le tragique ambiant, vécu au quotidien, est loin d’être morose, conscient qu’il est d’une résurrection en cours. Celle où dans l’être-ensemble, dans l’être-avec, dans le visible social, l’invisible spirituel occupera une place de choix ».
 « En nous rappelant brutalement notre fragilité, cette crise est aussi l’occasion de se poser la question de sa responsabilité », déclare Corine Pelluchon. Une « expérience du négatif [qui doit] se commue[r] en une réflexion sur nos limites », en l’« occasion d’une transformation individuelle et collective, afin que la conscience de notre vulnérabilité, de notre appartenance à un monde plus vaste que soi, de notre lien au vivant, devienne un savoir incarné et vécu qui transforme notre comportement ». La philosophe l’affirme : « La science et la technique ne suffisent pas ». Alors, « pour contrer la tentation de la démesure, de la toute-puissance - ce que les Anciens appelaient l’hubris -, c’est à nous de prendre le temps individuellement et collectivement de réfléchir à la société dans laquelle nous voulons vivre ».
Une parole qui nous vient de l’orthodoxie.
Pendant le temps de carême, Monseigneur Martin, évêque de l’église orthodoxe française, invitait ses fidèles à méditer sur le retournement spirituel auquel nous invite la crise actuelle :
«Le coronavirus est aussi appelé virus de la couronne. Il vient cibler en nous ce que nous avons oublié d’honorer depuis des générations et qui nous rend malades collectivement : totalement projetés dans l’extériorité, nous avons perdu la trace du « couronnement » intérieur pour lequel nous avons été créés, nous avons perdu le lien avec la Vie-Lumière essentielle, avec la Source Divine. Ce virus, dans sa fonction ontologique d’adversaire, nous invite finalement à retrouver le chemin de l’intériorité, à prendre soin de notre vocation de fils et de fille de dignité royale, couronnés de Lumière… Comment ?
En venant nous percuter de manière forte pour que nos carapaces de Terriens emmurés dans tant de peurs, d’illusions, d’inconscience s’entrouvrent enfin… Pour que nous puissions collectivement être conduits vers l’agenouillement intérieur, signe de l’humilité retrouvée…
En nous invitant avec vigueur à « rester chez soi » pour mieux « rentrer en soi » et écouter la Voix qui nous appelle des profondeurs de la Vie : « Reviens vers toi, retourne-toi, enfant de Lumière et écoute… »
Se poser, se déposer… seul, en famille ou en communauté et retrouver le sens de notre vie, le chemin vers notre cœur profond. Redécouvrir les valeurs fondatrices qui nous relient tous, quelle que soit notre appartenance sociale, politique ou religieuse.
En ce temps de carême choisi pour certains et de confinement subi pour d’autres, nous sommes finalement tous conduits au désert de soi… La grâce du désert, c’est l’expérience du manque qui nous rend capable d’une rencontre inouïe avec la Source mystérieuse de l’Amour : « C’est pourquoi je te conduirai au désert et je parlerai à ton cœur » (Osée 2, 16).»

Un regard protestant

François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), a adressé le 21 avril une lettre au président de la République publiée par Le Figaro avant d’être diffusée à tous les médias. Son texte est le résultat du travail de la Commission climat de la FPF, présidée par Martin Kopp. (extraits).
Monsieur le président de la République,
Face à la pandémie du Covid-19, l’attention et les forces sont légitimement orientées vers la priorité absolue de la réponse sanitaire, pour sauver des vies. Vous savez la contribution des protestants à l’élan de solidarités créatives, depuis l’accompagnement par l’écoute jusqu’au souci pour les plus fragiles, dont les situations restent encore trop souvent négligées.

Il serait toutefois dramatique que cette crise provoque une myopie de la pensée et de l’action, dévastatrice pour nos sociétés humaines et la biodiversité. C’est aujourd’hui, a fortiori, qu’il nous faut exercer notre vigilance, pleinement intégrer l’expertise scientifique, et co-construire demain afin que “le jour d’après” ne soit effectivement pas un retour au “jour d’avant”.

Le jour d’avant, où règnent les illusions de l’invulnérabilité, de la puissance et de la maîtrise. Le jour d’avant, où prévaut une vision des sociétés et d’une économie hors-sol, déconnectées des autres espèces, du climat, sans considération de la finitude des ressources. Ce jour d’avant, enfin, où l’individualisme a trop souvent primé sur la solidarité.

C’est pourquoi nous vous appelons, Monsieur le Président, à situer ce défi dans son juste registre : sans la prise de recul, la reconnaissance de nos errements puis le renouvellement de notre imaginaire partagé, les solutions sont vouées à l’échec. Engageons ainsi un profond changement civilisationnel, spirituel et éthique :

Reconnaissons notre finitude, nos fragilités et nos limites, et faisons preuve d’humilité ;
comprenons notre humanité comme intrinsèquement relationnelle et partie intégrante d’un tout écologique interdépendant, dont la vulnérabilité est aussi la nôtre ;
portons haut les exigences de justice et d’une solidarité généreuse envers les réfugiés, les pauvres, les jeunes et tous les vulnérables, dans l’esprit de l’Évangile ;
soumettons au débat sociétal les questions de l’essentiel, des finalités de notre être-ensemble, de la vie bonne et du progrès, et redéfinissons nos indicateurs clés ;
formulons un récit commun qui soit porteur de sens, d’envie et d’espérance.
Le jour d’avant est aussi celui où les politiques et nos actes menacent toujours davantage de rendre la Terre inhabitable, en empirant les dérèglements climatiques et la sixième extinction de masse déjà enclenchée, provoquant de plus en plus angoisses, désespoir et parfois colère. Ce temps où, simultanément, les inégalités et les souffrances associées n’ont cessé de se creuser, avec les dérives et les excès de la course au profit. C’est pourquoi nous vous interpelons : haussez l’agir à son juste niveau. Les modifications à la marge seront notre perte. Inventons donc un paradigme nouveau pour le jour d’après : le redémarrage de nos économies devra être une rampe et une matrice pour une profonde transformation écologique, solidaire et démocratique, par une action et des investissements massifs et justement orientés. (…)

Nous portons le souci sur le plan international :
d’un soutien solidaire et responsable aux pays en développement, en particulier dans la francophonie, avec le maintien des engagements de financements climat afin que les plus vulnérables puissent continuer à faire face aux impacts des dérèglements climatiques, et des soutiens additionnels pour construire un avenir plus résilient.
Monsieur le Président, nous le disons avec gravité, nous sommes à un carrefour de l’histoire. Le retour au « jour d’avant » n’est ni viable ni enviable. Puissions-nous saisir ce moment opportun et entrer en travail, dans la confiance et l’espérance !”
Père Pierre de Charentenay sj  (site Jésuites) :
Sortir de la légèreté (extrait) :
« La crise climatique nous dit la même chose mais autrement [2]. Il faut mettre des limites à nos voyages, à notre consommation, à nos productions !
La différence entre les deux est que nous avons compris, peut-être un peu tard, que le virus nous mettait en danger de mort immédiate, ce que nous ne pouvons pas supporter. Donc, on agit, “quoi qu’il en coûte” ! Alors que la crise climatique se déroule sur un moyen terme qui nous laisse le temps de discuter, de polémiquer, en un sens de ne rien faire qui nous dérange sérieusement. Nous ne voulons pas entendre l’avertissement de la crise écologique parce que les délais sont longs et l’urgence moindre.
Ces deux catastrophes, sous des modes différents, nous font entrer dans le monde des contraintes. On avait oublié qu’elles pouvaient exister, emportés et grisés par tout ce que nous avions inventé, qui nous rend la vie si facile, quand tout va bien. (…)
Demain, nous ne changerons pas du tout au tout. Je n’y crois pas et le danger est bien de reprendre notre rythme d’avant dès que possible, dès que la contrainte médicale et étatique sera allégée. Les industriels sont sur les starting blocs. Car la dynamique du développement, des entreprises et du profit est puissante. Elle est visible. Ce qui est moins visible mais tout aussi puissant, c’est le désir du consommateur qui veut garder son style de vie, ses facilités. C’est cette double dynamique qui épuise notre planète ; les ressorts de notre épuisement, ce sont les choix de chacun, la liberté qu’on veut garder et la légèreté de nos existences. Car “l’agent pathogène dont la virulence terrible modifie les conditions d’existence de tous, ce n’est pas du tout le virus, ce sont les humains !” .
Ce virus vicieux est un clin d’œil mortifère sur ce qui sera plus grave encore, car la crise climatique touchera la terre entière et fera des millions de morts. Nous pourrions profiter de cette occasion pour reconsidérer la légèreté de nos existences, leur irresponsabilité. Alors lentement, s’il importe d’abord de sécuriser notre vie dans l’immédiat, nous pourrons progressivement nous préparer sérieusement à faire face à la crise climatique en reconstruisant ce que nous ne voulons pas, des barrières. Reprendre conscience des limites et redonner du poids à l’existence ».
Ottavia Casagrande : une italienne de la région la plus atteinte par le covid-19 : les signes d’espérance au quotidien (extraits).
« A dire vrai, ce virus a aussi un autre mérite. Il démontre chaque jour qu’Albert Camus avait raison : « Et pour dire simplement ce qu’on apprendra au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. » Pendant ce premier mois – un mois, déjà ! – de pandémie, voilà ce que j’ai appris. A Dalmine (à quelques kilomètres de Bergame, l’une des régions les plus touchées), j’ai vu trente travailleurs volontaires maintenir en activité un service de la société Tenaris pour continuer à fabriquer des bombonnes d’oxygène, ô combien vitales ces temps-ci.
J’ai vu des maisons de couture, telle Miroglio, abandonner en l’espace de quelques jours la production d’étoffes et de tissus pour fabriquer 100 000 masques par jour, en grande partie offerts par Giuseppe Miroglio à la direction sanitaire de la Région du Piémont. (…)
J’ai vu des politiques, des bureaucrates et des fonctionnaires au-delà de tout soupçon admettre que le néolibéralisme et l’austérité ne constituent pas la seule réponse possible. Parfois même, ils ne sont pas la réponse « tout court ». J’ai vu les eaux de la lagune redevenir aussi limpides qu’elles ne l’avaient jamais été depuis l’époque de Thomas Mann et de sa « Mort à Venise ». J’ai vu les géants du Web modifier leurs algorithmes pour mettre en avant une information de qualité et endiguer les fake news (alors, c’était donc possible!). J’ai vu les polémiques stériles, les bavardages inutiles, les agitateurs populaires les plus factieux et les plus opportunistes se taire et finalement garder le silence. J’ai vu pointer malgré tout le printemps, incongru, absurde – et la cruelle frustration de ne pas pouvoir en profiter.
J’ai vu aussi de l’imagination, un esprit d’adaptation inventif et enviable. J’ai vu mes enfants converger vers l’ordinateur pour le chat vidéo quotidien avec leurs compagnons de classe, comme ils convergent vers la cours de récréation lorsque la cloche sonne. J’ai vu le rideau de fer baissé du restaurant « Dalla Clemi », qui depuis quarante-cinq ans n’a jamais fermé en dehors des jours de repos réglementaires. Elle est pourtant aux fourneaux et son petit-fils fait les livraisons à bicyclette en les laissant sur le pas de la porte. J’ai vu des professeurs de piano donner des leçons à distance sur Skype. J’ai vu des personal trainers entraîner des gens par le biais des écrans. J’ai vu des théâtres offrir des spectacles en streaming ; des bibliothèques, des cinémathèques, des éditeurs mettre leur catalogue en ligne gratuitement ; des musées, leurs chefs-d’œuvre. J’ai vu souffler sur les bougies d’anniversaire en réunion virtuelle.
(…) J’ai vu des médecins et des infirmières soigner des patients sans protections adéquates. J’ai vu des jeunes apporter leurs courses aux personnes âgées. J’ai vu des réseaux d’amis prendre soin à distance des personnes seules, enfermées à la maison depuis des semaines au risque d’une dépression nerveuse. J’ai vu les Italiens danser, chanter et applaudir à leurs balcons alors que dans d’autres endroits de la planète certains faisaient la queue pour acheter des armes ».


Réflexion de Judith Cypel, rescapée du camp d’Auschwitz Birkenau : « que cette contagion soit celle de l’amour »
« En nommant la peur, la peur n’a pas raison de nous car, en face d’elle, nous existons. Le contexte actuel est totalement différent. Même si en cette période de catastrophe sanitaire mondiale et du confinement qui en découle pour protéger une vie et celle des autres, nous avons peur. Nous pouvons nous sentir dépassés, nous replier sur nous, nous sentir victimes ou bien traverser humblement l’événement en nous tournant vers notre intériorité, y retrouver la force de vie qui habite en chacun de nous, y puiser la confiance et l’espérance, l’envie de rassembler. Appeler en soi le goût, l’amour des autres, la reconnaissance, la gratitude…Aujourd’hui, je suis émerveillée des gestes de solidarité qui se multiplient. Le mot solidarité me touche beaucoup. Être solidaire, c’est reconnaître l’autre dans son existence même. Un regard peut tuer, un regard, un sourire, une parole, un appel téléphonique peuvent appeler à la vie. Tous ces gestes viennent dire que chacun peut donner le meilleur de soi, mettre son attention, son imagination au service de l’autre. Développer la présence à soi permet de développer la présence et la reconnaissance de l’autre là où il est. Demain dépend de la manière dont nous vivons ce présent. Ce qui compte, c’est de porter, supporter, assumer une souffrance. Mon expérience des camps m’a donné la certitude que nous possédons en nous une énergie intense et unique par laquelle nous pouvons trouver, chaque jour, la force d’inventer la vie. Cette crise nous invite à plus de solidarité, à puiser en nous-mêmes des ressources que nous ne connaissons pas, à faire de notre mieux, exactement là où nous sommes. Puisqu’il est question de contagion, que ce soit celle de plus d’amour et de service à l’autre. Alors, il se pourrait que demain nous réserve de belles surprises. » (8 avril 2020, Ouest France).
Prière du pasteur Dietrich Bonhoeffer (qui a été emprisonné puis exécuté par les nazis).

« Dieu, que j’invoque dès l'aube, aide-moi à prier et à rassembler mes pensées.
Seul, je ne le peux pas.
En moi sont les ténèbres, près de toi la lumière.
Je suis seul, mais toi, tu ne m'abandonnes pas.
Je suis découragé, mais toi tu me secours.
Je suis inquiet, mais auprès de toi est la paix.
En moi est l'amertume, mais près de toi la patience.
Je ne comprends point tes voies mais tu connais le juste chemin pour moi.
Père dans le ciel, louange et grâce à toi
Aide-moi, Esprit saint, donne-moi la foi qui me sauve du désespoir. Amen ».

Bukavu (RDC), le 10 mai 2020
Père Bernard Ugeux M.Afr.
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