samedi 23 septembre 2017

Lettre N°31, du 22 septembre

Chères amies, chers amis,

J’espère que vous allez bien, que vous avez passé un bel été et que la reprise n’a pas été trop difficile. Je remercie de tout cœur celles et ceux qui m’ont fait signe ou qui m’ont accueilli pour un repas ou un séjour au mois d’août. J’ai regretté de ne pas pouvoir répondre à toutes vos invitations, mais le soutien de votre amitié est précieux et irremplaçable dans la situation chaotique où nous vivons.
La rencontre avec les amis de Germes d’Espérance de la fin du mois de juillet à Toulouse s’est bien passée. bien que la date n’ait pas été favorable. La plupart d’entre vous était en vacances, mais je n’avais pas le choix. Nous étions une cinquantaine dans une chapelle dépendant de la paroisse des Minimes. Cette paroisse a été reprise par les Missionnaires d’Afrique, ce qui m’a permis de rencontrer aussi quelques paroissiens qui ont découvert Germes d’Espérance. Je remercie mes confrères pour leur chaleureuse hospitalité.



L’année dernière s’est terminée avec de très bons résultats de la part des enfants et jeunes filles soutenus par Germe d’Espérance. Pour les filles du centre Nyota qui ont passé l’examen d’état de fin d’école primaire nous avons eu 98 % de réussite. Il s’agit d’un rattrapage de l’école primaire en trois ans pour leur permettre d’obtenir leur certificat. Elles y tiennent beaucoup et sont d’une grande assiduité. Elles savent qu’elles n’auront pas d’autre possibilité d’étudier gratuitement. Rien que de porter l’uniforme scolaire après ce qu’elles ont vécu est un grand soutien pour leur résilience. Par ailleurs, une quinzaine de jeunes filles qui ont terminé leur parcours ont été réinsérées dans leur milieu avec des moyens pour un microprojet afin qu’elles deviennent autonomes (machine à coudre, casseroles, montant pour lancer un petit commerce…). Merci encore de tout cœur à celles et ceux qui ne nous oublient pas. Mes vacances sont toujours un temps où je sensibilise pour nos projets. Chaque année, rien que pour ce centre, je dois trouver environ 20.000 €.

Dans ma Lettre précédente, je vous ai parlé de la situation très préoccupante dans laquelle se trouve la RD Congo. Je ne puis malheureusement que confirmer la décrépitude dans laquelle le pays s’enfonce, tant du point de vue de la dévaluation de la monnaie qui se poursuit que des tentatives pour ne pas organiser les élections présidentielles cette année, comme c’était prévu l’an dernier. La tension monte de la part de la société civile. Continuons à espérer.

Je voudrais vous parler dans cette Lettre du trafic humain entre l’Afrique et les pays occidentaux. Dans le dernier post (article) de mon blog, que vous connaissez . J’ y évoque l’esclavage sexuel des jeunes africaines enlevées pour les réseaux de prostitution pour servir dans nos grandes villes, organisés par des maffias qui fonctionnent entre les continents.
Des missionnaires, hommes et femmes, qui ont travaillé en Afrique sont engagés auprès de ces jeunes filles en Italie où elles sont nombreuses, pour les soutenir et chercher des solutions. Leur connaissance de l’Afrique et des langues africaines facilite leur engagement dans ce milieu trouble et dangereux.

J’ai été moi-même mêlé à un cas au Congo que je vous raconte pour que vous compreniez comment cela se passe. Une des jeunes femmes que j’ai aidées à se réinsérer dans une vie normale après avoir vécu de graves violences vient me trouver il y a quelques mois pour me demander 500 $ pour sa petite sœur. Celle-ci fait du théâtre et a été approchée, dit-elle, par une association humanitaire qui offre des formations artistiques au Canada pour des Congolaises. Cet argent est destiné à acquérir un passeport (260 $ ici !) et à payer son voyage jusqu’à Kampala. Là-bas, dans la capitale de l’Ouganda, elle sera prise en charge par l’association qui fournira le billet d’avion et financera sa formation au Canada. Elle est très excitée disant que grâce à cela sa sœur pourra prendre en charge toute la famille. Je me méfie aussitôt, ce qui ne lui plait pas, pensant que je ne voulais pas lui donner l’argent. Je demande à voir le dossier ou les formulaires à remplir. Rien. Je demande le nom de l’association, absente du web. Je contacte mes confrères du Canada pour enquêter. Ils me conseillent d’écrire au consulat canadien à Kampala pour vérifier si cette association a déjà demandé des visas, expliquant qu’il y a sans doute là un trafic de personne. Ils n’ont jamais répondu. 
 
 
Je tâche de contacter l’association Talitha Kum1. Celle-ci a été créée par les congrégations religieuses féminines pour combattre le trafic humain à un niveau mondial. Mon contact est inaccessible. J’exige alors d’avoir le numéro de téléphone de l’association, mais cette fille ainsi que son amie qui a aussi été sollicitée n’obtiennent rien de l’intermédiaire qui les a contactées, même pas son nom. Entretemps j’en parle à des religieuses congolaises qui me disent aussitôt que c’est du trafic. Je préviens alors les jeunes filles et explique pourquoi je ne leur donne pas d’argent. J’ai droit à des scènes de larmes et à des accusations, mais aujourd’hui elles sont bien vivantes. Vraisemblablement, dès leur arrivée dans cette immense mégapole de Kampala, on aurait saisi leur passeport et les aurait envoyées dans un réseau de prostitution local ou dans les émirats, ou en Europe. Ce n’est donc pas sans raison que les congrégations missionnaires Telles que les Missionnaire d’Afrique et leur homologues féminines en ont fait une priorité lors de leurs Chapitres généraux qui ont eu lieu récemment.


Terminons par une note plus optimiste. Au mois de juillet j’étais à Lusaka (Zambie) pour une session pour nos jeunes confrères qui ont environ 6 ans de ministère. Occasion unique de relire leurs premières années de ministère sous le regard de Dieu et dans l’entraide fraternelle. Joies et peines, succès et épreuves, soutien communautaire et échec, tout cela a pu être abordé dans une atmosphère de confiance. Pour terminer par la clôture de la célébration des 125 ans de l’évangélisation de la Zambie. Les Missionnaires d’Afrique étaient les premiers arrivés. Voici le groupe des jeunes confrères présents au jubilé (photo). Il y a aujourd'hui 4 millions de catholiques. L’Esprit a soufflé et l’amour l’a emporté. L’Afrique n’est pas qu’un continent de larmes !

A bientôt pour d’autres nouvelles. Les amis de Germe d’Espérance qui nous soutiennent sont dans notre cœur et notre prière.
Bernard, votre frère.

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