Chères
amies, chers amis,
J’espère
que vous allez bien, que vous avez passé un bel été et que la
reprise n’a pas été trop difficile. Je remercie de tout cœur
celles et ceux qui m’ont fait signe ou qui m’ont accueilli pour
un repas ou un séjour au mois d’août. J’ai regretté de ne pas
pouvoir répondre à toutes vos invitations, mais le soutien de votre
amitié est précieux et irremplaçable dans la situation chaotique
où nous vivons.
La
rencontre
avec les amis de Germes d’Espérance de
la fin du mois de juillet à Toulouse s’est bien passée. bien que
la date n’ait pas été favorable. La plupart d’entre vous était
en vacances, mais je n’avais pas le choix. Nous étions une
cinquantaine dans une chapelle dépendant de la paroisse des Minimes.
Cette paroisse a été reprise par les Missionnaires d’Afrique, ce
qui m’a permis de rencontrer aussi quelques paroissiens qui ont
découvert Germes d’Espérance. Je remercie mes confrères pour
leur chaleureuse hospitalité.
L’année
dernière s’est terminée avec de
très bons résultats de
la part des enfants et jeunes filles soutenus par Germe d’Espérance.
Pour les filles du centre Nyota qui ont passé l’examen d’état
de fin d’école primaire nous avons eu 98 % de réussite. Il s’agit
d’un rattrapage de l’école primaire en trois ans pour leur
permettre d’obtenir leur certificat. Elles y tiennent beaucoup et
sont d’une grande assiduité. Elles savent qu’elles n’auront
pas d’autre possibilité d’étudier gratuitement. Rien que de
porter l’uniforme scolaire après ce qu’elles ont vécu est un
grand soutien pour leur résilience. Par ailleurs, une quinzaine de
jeunes filles qui ont terminé leur parcours ont été réinsérées
dans leur milieu avec des moyens pour un microprojet afin qu’elles
deviennent autonomes (machine à coudre, casseroles, montant pour
lancer un petit commerce…). Merci encore de tout cœur à celles et
ceux qui ne nous oublient pas. Mes vacances sont toujours un temps où
je sensibilise pour nos projets. Chaque année, rien que pour ce
centre, je dois trouver environ 20.000 €.
Dans
ma Lettre précédente, je vous ai parlé de la situation
très préoccupante
dans laquelle se trouve la RD Congo. Je ne puis malheureusement que
confirmer la décrépitude dans laquelle le pays s’enfonce, tant du
point de vue de la dévaluation de la monnaie qui se poursuit que des
tentatives pour ne pas organiser les élections présidentielles
cette année, comme c’était prévu l’an dernier. La tension
monte de la part de la société civile. Continuons à espérer.
Je
voudrais vous parler dans cette Lettre du trafic
humain entre
l’Afrique et les pays occidentaux. Dans le dernier post (article)
de mon blog, que vous connaissez . J’ y évoque l’esclavage
sexuel des jeunes africaines enlevées pour les réseaux de
prostitution pour servir dans nos grandes villes, organisés par des
maffias qui fonctionnent entre les continents.
Des
missionnaires, hommes et femmes, qui ont travaillé en Afrique sont
engagés auprès de ces jeunes filles en Italie où elles sont
nombreuses, pour les soutenir et chercher des solutions. Leur
connaissance de l’Afrique et des langues africaines facilite leur
engagement dans ce milieu trouble et dangereux.
J’ai
été moi-même mêlé à un cas au Congo
que je vous raconte pour que vous compreniez comment cela se passe.
Une des jeunes femmes que j’ai aidées à se réinsérer dans une
vie normale après avoir vécu de graves violences vient me trouver
il y a quelques mois pour me demander 500 $ pour sa petite sœur.
Celle-ci fait du théâtre et a été approchée, dit-elle, par une
association humanitaire qui offre des formations artistiques au
Canada pour des Congolaises. Cet argent est destiné à acquérir un
passeport (260 $ ici !) et à payer son voyage jusqu’à
Kampala. Là-bas, dans la capitale de l’Ouganda, elle sera prise en
charge par l’association qui fournira le billet d’avion et
financera sa formation au Canada. Elle est très excitée disant que
grâce à cela sa sœur pourra prendre en charge toute la famille. Je
me méfie aussitôt, ce qui ne lui plait pas, pensant que je ne
voulais pas lui donner l’argent. Je demande à voir le dossier ou
les formulaires à remplir. Rien. Je demande le nom de l’association,
absente du web. Je contacte mes confrères du Canada pour enquêter.
Ils me conseillent d’écrire au consulat canadien à Kampala pour
vérifier si cette association a déjà demandé des visas,
expliquant qu’il y a sans doute là un trafic de personne. Ils
n’ont jamais répondu.
Je
tâche de contacter l’association Talitha Kum1.
Celle-ci a été créée par les congrégations religieuses féminines
pour combattre le trafic humain à un niveau mondial. Mon contact est
inaccessible. J’exige alors d’avoir le numéro de téléphone de
l’association, mais cette fille ainsi que son amie qui a aussi été
sollicitée n’obtiennent rien de l’intermédiaire qui les a
contactées, même pas son nom. Entretemps j’en parle à des
religieuses congolaises qui me disent aussitôt que c’est du
trafic. Je préviens alors les jeunes filles et explique pourquoi je
ne leur donne pas d’argent. J’ai droit à des scènes de larmes
et à des accusations, mais aujourd’hui elles sont bien vivantes.
Vraisemblablement, dès leur arrivée dans cette immense mégapole de
Kampala, on aurait saisi leur passeport et les aurait envoyées dans
un réseau de prostitution local ou dans les émirats, ou en Europe.
Ce n’est donc pas sans raison que les congrégations missionnaires
Telles que les Missionnaire d’Afrique et leur homologues féminines
en ont fait une priorité lors de leurs Chapitres généraux qui ont
eu lieu récemment.
Terminons
par une note
plus optimiste.
Au mois de juillet j’étais à Lusaka (Zambie) pour une session
pour nos jeunes confrères qui ont environ 6 ans de ministère.
Occasion unique de relire leurs premières années de ministère sous
le regard de Dieu et dans l’entraide fraternelle. Joies et peines,
succès et épreuves, soutien communautaire et échec, tout cela a pu
être abordé dans une atmosphère de confiance. Pour terminer par la
clôture de la célébration des 125
ans de l’évangélisation de la Zambie.
Les Missionnaires d’Afrique étaient les premiers arrivés. Voici
le groupe des jeunes confrères présents au jubilé (photo). Il
y a aujourd'hui 4 millions de catholiques. L’Esprit a soufflé et
l’amour l’a emporté. L’Afrique n’est pas qu’un continent
de larmes !
A
bientôt pour d’autres nouvelles. Les amis de Germe d’Espérance
qui nous soutiennent sont dans notre cœur et notre prière.
Bernard,
votre frère.