samedi 30 novembre 2024

Manque d’infrastructures au Sud-Kivu, un défis majeur pour le décollage économique et social des habitats.

 

(Bunyakiri, juin 2023 par Destin BYANDIKE)

Depuis plus d’un siècle, plusieurs territoires au Sud-Kivu restent inaccessibles suite au manque d’infrastructures routières, pourtant plusieurs travaux de réhabilitation des routes ont été financés, malheureusement sansiréalisation visible. 

La semaine dernière, ce sujet a été au menu des échanges à l’assemblée nationale à Kinshasa lors d’un débat du contrôle parlementaire où, les députés nationaux, Trésor MUTIKI, Emile SUMAILI et Placide WENDA, élus de Mwenga et Shabunda ont émi le vœu de voir le ministre national des infrastructures s’impliquer pour résoudre tant soit peu le problème de route dans ces milieux.

Dans son mot, l’Honorable Emile Sumaili, a souligné qu’à Shabunda par exemple, un sac de ciment coûte 100$ comparativement à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu où ça coûte 8$, une bouteille d’eau minérale qui coûte 700 franc à Bukavu, à Shabunda c’est 7 000 franc, par contre, un sac de riz qui s’achète entre 20 et 25$ à Bukavu, à Shabunda c’est 3$.

Ces élus du peuple mentionnent que dans des territoires reculés au Sud-Kivu, il y a des personnes de plus de 45 ans qui n’ont jamais vu le véhicule parce ce que tout simplement il y a impraticabilité des routes.

Cette situation est due au délabrement très avancé de la route nationale numéro 2 (RN2) rendant impraticable cette voie d’intérêt national pour se rendre de Kamituga à Bukavu.

Une situation qui impacte les produits manufacturés à Kamituga et le prix de transport.

« Il faut deux à trois jours ou semaines pour parcourir les 170 kilomètres qui séparent Kamituga de Bukavu. Cette route est parsemée des bourbiers, des ponts effondrés et par conséquent, les véhicules sont bloqués » Indique Basubi Ombeni, un habitant de Kamituga.

En effet, la société civile de Shabunda (Sud-Kivu) a alerté, le week-end dernier, à propos d’un manque d’éléments de la Police nationale congolaise (PNC) dans plusieurs localités de ce territoire.

Isaac Kilunga, président de cette structure précise que le manque d’effectifs des agents de l’ordre est davantage observé dans la chefferie de Wakabango 1er et celle de Bakisi.

Il a indiqué que cette carence a pour conséquence la mauvaise gestion des conflits communautaires dans cette partie de la Province : 

 « Vous pouvez traverser une distance de plus de 30 kilomètres, sans trouver même un poste de la police. Les conséquences sont multiples où la vengeance privée fait la règle, les autres qui se surnomment les Wazalendo, par moment, ce sont ceux-là qui gèrent ces entités ou alors la communauté est appelée à faire ce que nous appelons « l’arbre à palabre », l’arrangement à l’amiable ». Indique radio Okapi.

Pendant ce temps au Sud-Kivu, une recommandation pour la paix dans les hauts plateaux de Fizi, Mwenga, Itombwe et Uvira apparait comme une voie pour éradiquer le conflit communautaire dans ces milieux.

L'Union pour la Paix et le Développement, UNIPAD en sigle, une association autochtone dans ces milieux, a constaté ces derniers temps, non sans préoccupations, la publication ou le postage, dans les réseaux sociaux, des discours, messages, propos et communiqués, susceptibles de remettre en cause la paix et la sécurité qui reviennent, petit à petit, dans la région des hauts plateaux de Fizi, Mwenga, Itombwe et Uvira, en proie aux affrontements interethniques qui durent depuis 2017.

Pour ne pas revenir sur les événements qui ont endeuillé et détruit la région susmentionnée, il convient de préciser que l‘espoir d'un retour de la paix se trouve dans de bonnes perspectives.

Cette affirmation est justifiée par deux indices sérieux, à savoir, entre autres :

-          L'activisme des bandes armées étrangères, qui constituaient, jadis une menace pour la sécurité et la paix dans cette région, s'éloignent, peu à peu, grâce à la vigilance des FARDC (Armée régulière), des groupes d'auto-défense et à la détermination affichée par la population, toutes communautés confondues, de revivre dans la paix ;

-          De très bonnes nouvelles, confirment des mouvements des retours des "compatriotes Bafuliiru, Babembe, Banyamulenge et Banyindu, dans certains de leurs villages ainsi que la reprise des activités agro-pastorales, traditionnellement pratiquées par lesdites communautés, depuis des siècles de vie commune. » message figuré dans la correspondance de UNIPAD publiée le 16/11/2024.

Sources :

-          Recommandation de UNIPAD (document)

-          Radio Okapi

 

Destin BYANDIKE.

vendredi 15 novembre 2024

Election de Donald Trump aux USA, espoir ou désespoir pour l’Afrique ?


Elu pour la deuxième fois comme Président des Etats-Unis, Donald Trump semble ne pas incarner la volonté du peuple africain alors que les Etats-Unis jouent un grand rôle dans la croissance économique, politique et sécuritaire des pays du tiers monde et surtout ceux de l’Afrique noir.

Jeff Hawkins, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Centrafrique, dans un article publié par le journal Le Monde, pense que l’Afrique n’a jamais intéressé Donald Trump et, à sa connaissance, le terme n’a même pas été prononcé pendant sa campagne présidentielle.

A titre de rappel, pour des raisons sécuritaires, son administration avait restreint la délivrance de visas pour les ressortissants de Libye, de Somalie, du Soudan (dès 2017), du Ghana (en 2019), puis du Tchad et du Nigeria (à partir de 2020). L’arrivée des étudiants d’origine africaine vers les universités américaines avait été quasiment divisée par deux sous l’ère Trump.

Charles Petrie, haut fonctionnaire des Nations Unies ayant travaillé au Soudan, en Somalie et en RD Congo, estime que le président Trump va tenter de couper les fonds alloués à certaines associations et ONG africaines et que cela aura des conséquences sur de nombreux secteurs comme la protection de l’environnement, un sujet qui ne l’intéresse pas.

A en croire l’Honorable Muhivwa Ngwebo Godefroy, député national honoraire dans le gouvernement de transition en RDC (1+4) (quelle année ?) et ancien administrateur du territoire d’Uvira au Sud-Kivu que nous avons contacté à ce sujet, l’accession au pouvoir de Trump ne changera rien en ce qui concerne les questions sécuritaires à l’Est de la RDC, et si changement il y aura, ce sera plutôt un changement amorcé dans le dialogue à Luanda entre les parties prenantes du conflits.

« j’estime qu’il n’y a qu’à Luanda que nous devons orienter toute notre attention en dépit du changement de pouvoir aux Etats Unies qui se passe des démocrates vers les républicain. Depuis lors,  Trump a été élu président. Je me dis personnellement que Trump, n’est pas du tout orienté vers l’Afrique, et même ces démocrates qui étaient au pouvoir avant Trump, ils n’ont rien joué comme rôle dans la guerre que nous avons au niveau de  l’Est parce que c’est principalement la France et l’Union Européenne qui jouent cette carte.

Vous avez suivi le contrat signé entre l’Union Européenne et le gouvernement rwandais sur les minerais stratégiques que le Rwanda ne possède pas. En tout cas avec Trump, la guerre ne changera pas de figure parce que lui, il va s’occuper de l’Amérique, du fait qu’il se dit que l’Amérique avait vraiment perdu sa force en ce qui concerne le problème d’immigration.

Il a d’ailleurs dit que sa mesure phare sera de ramener tous les Africains et plus particulièrement les Congolais qualifiés des mangeurs des chiens. Moi je  pense que c’est par pitié qu’il n’a pas dit que nous mangeons des rangs ???  et malheureusement, il été applaudi par les américains. Ce qui fait que nous ne pouvons attendre de lui grand-chose.

Vous savez, les USA et l’UE se passent de marcher comme dans le jeu de football ???? surtout lorsqu’ils jouent en Afrique et cela de manière périodique. En ce moment, pour les affaires en Afrique et particulièrement au Congo, le ballon est laissé entre les pieds de l’Union Européenne et particulièrement la France». Précise Muhivwa Ngwebo Godefroy.

Interrogé au compte de la jeunesse scientifique, le président provincial des étudiants du Sud-Kivu, Monsieur Heri MIHIGO précise que plusieurs dirigeants africains estiment avoir la paix avec le retour de Trump à la tête de l’administration américaine, mais ce qui inquiète davantage c’est sa déclaration sortie du discours qu’il avait tenu à Floride devant ses partisans.

Dans celle-ci, Trump a affirmé qu’il ne va pas laisser les Etats Unies s’engager dans les foyers des tensions et des guerres hérités de ses prédécesseurs.  Une déclaration qui, pour la RDC laisse à désireux sauf une chose qui semple donner espoir, c’est le fait qu’il a quand même boycotté l’aide financière de l’entreprise Apple, une entreprise pointée du doigts par une grande partie de congolais comme étant l’un des financiers des guerres dans la partie Est de la RDC.

À l'issue de l'élection récente de Donald Trump à la présidence des États-Unis, la société civile congolaise, par le biais de la Dynamique Communautaire pour la Cohésion Sociale et le Développement (DYCOD-RDC), avait saisi cette opportunité pour adresser un appel pressant en faveur d'une coopération renforcée pour la paix, la sécurité, la justice et le développement durable en RDC.

« Notre pays, riche en ressources naturelles, demeure malheureusement plongé dans des conflits armés prolongés, particulièrement dans l'Est, où des milliers de familles subissent quotidiennement violences, déplacements forcés, famine et souffrances incommensurables.

Nous appelons l'administration américaine à s'engager dans un partenariat sincère et efficace, qui garantisse la paix, le respect de la souveraineté de la RDC, et un commerce équitable, apportant des bénéfices tangibles aux populations congolaises ». Précise Maitre Patient BASHOMBE, coordonnateur national de la DYCOD-RDC qui nous a donné son point de vue au nom de la société civile congolaise.

Destin BYANDIKE, pour Germes d’Espérance.


jeudi 7 novembre 2024

Révision constitutionnelle, une voie vers la quatrième République en RD. Congo.

Dans un contexte déjà marqué par des tensions politiques, des défis économiques et des préoccupations sécuritaires, entreprendre une révision constitutionnelle en RDC pourrait comporter des risques importants étant donné que ce pays de Lumumba est à un moment charnière de son histoire, où le respect des principes démocratiques et des institutions est essentiel pour renforcer la confiance de la population envers ses dirigeants.

A en croire plusieurs acteurs politiques, ce processus va non seulement briser l’élan vers une démocratie croissante mais aussi nuire à la cohésion nationale entre les populations.

La confirmation de cette annonce a été faite à Kisangani, le 23 octobre de cette année par le président de la République, Félix Tshisekedi qui a affirmé que ce changement pourrait réduire le temps nécessaire à la formation du gouvernement, actuellement jugé trop long, dénonçant une constitution rédigée par « des étrangers ».

Moïse Nyarugabo, ancien député national, sénateur et cadre du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), dénonce d’abord un manque de cohérence dans le chef des défenseurs actuels du changement de la Constitution par rapport à leur lutte dans l’opposition.

« Quelqu’un avait dit que la Constitution n’était pas le problème du Congo. Opposé au changement de celle-ci, il y a eu mort d’hommes », faisant sûrement référence au combat de l’opposition d’alors incarnée par le Parti au pouvoir.

Cet ancien député national élu d’Uvira au Sud-Kivu, s’interroge sur les dernières sorties médiatiques des membres du parti au pouvoir et du porte-parole du gouvernement congolais.

« Un jour, poursuit-il, « Kabuya [SG UDPS] annonce la révision, Muyaya (Porte-parole du Gouvernement) dément, que ce n’est pas à l’ordre du jour. Quelques semaines après, le Président confirme. Qui est le dindon de la farce ? ». S’interroge Moïse Nyarugabo.

Pour Elly HABIBU, sociologue et acteur politique au Sud-Kivu que nous avons contacté à ce sujet, pense que pour la partie Est de la RDC, la révision de la constitution dépendra de l’implication de Vital KAMERHE et Bahati LUKWEBO, actuellement président de l’Assemblée Nationale et deuxième vice-président du Sénat car étant des faiseurs d’opinion à l’Est du pays.

Pendant ce temps, la CENCO (Conférence Épiscopale Nationale du Congo) craint un bain de sang à travers la République pendant les manifestations de contestation de la révision de la Constitution.

La (CENCO), entrevoit une effusion de sang à l’horizon 2025 -2026, quand le projet embryonnaire de la révision de la Constitution sera exécuté. Mgr Donatien Nshole, Secrétaire Général de cette structure des prélats catholiques a averti le président Tshisekedi en le suppliant à ne pas emboîter la voie de changer ou de réviser la Constitution, de peur que l’on dénombre des morts, lors des activités de contestation qui seront programmées par l’opposition et la société civile.

Selon Donatien Nshole, seul le président de la République portera la responsabilité des conséquences de cette décision.

Interrogé sur la réaction des évêques, Mgr Donatien Nshole a rappelé que l’Église s’était déjà prononcée sur cette question lors de sa dernière réunion plénière, et il a fermement réitéré son opposition. » Un message que nous pouvons lire dans un article du média en ligne Réveil-Congo.

Selon l’esprit de la lettre du Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph KABILA, ancien président de la RDC, dans une correspondance rendue publique le 27 octobre dernier, le FCC pense que ne pas être prêt à mourir pour défendre ses droits, c’est se faire complice de son bourreau.

Ce regroupement politique qui a géré le pays pendant 18 ans, prend à témoin l’opinion tant nationale qu’internationale en notant que cette décision témoigne, si besoin en est encore, de sa volonté manifeste, maintes fois démontrée, de remettre en question le Pacte républicain issu du Dialogue inter congolais de Sun City.

Pour le FCC, le véritable objectif de ce projet de changement de Constitution est clair, à savoir l'instauration d'une présidence à vie omnipotente, par le déverrouillage des dispositions constitutionnelles intangibles.

Références :

-          Mediacongo.net

-          média en ligne Réveil-Congo

-          bkinfos.net

-          Communiqué du FCC du 27 octobre 2024 sur le projet de la révision constitutionnelle

 

Par Destin BYANDIKE

 

mardi 5 novembre 2024

Brève présentation du Cardinal Lavigerie par B. Ugeux – Paroisse Ste Trinité Buholo – le 3 novembre 2024

À l’occasion de l’ouverture de l’année préparatoire au bicentenaire de la naissance du cardinal Lavigerie nous voulons évoquer sa personnalité. Nos supérieurs généraux nous ont proposé comme thème pour cette année jubilaire : pour un engagement passionné et renouvelé auprès des peuples africains. Cela reflète ce qu’a été notre fondateur durant toute sa vie. Nos supérieurs poursuivent : « nous percevons dans notre fondateur un défenseur dévoué de la justice sociale, nous nous rappelons son engagement infatigable dans les efforts humanitaires et son travail de pionnier dans la promotion de la dignité humaine ».

Son témoignage est donc encore très actuel pour nous aujourd’hui.

Qui était le cardinal Lavigerie ?

Il y a plusieurs façons de répondre à cette question complexe. La première façon, qui est la plus facile, c’est d’évoquer son parcours ecclésiastique. Une autre façon est de présenter sa personnalité et sa vocation humaine, spirituelle et apostolique.

Commençons par la première partie. Son parcours dans l’Eglise.

Il est né le 31 octobre 1825, l’année prochaine cela fera donc 200 ans. Il était d’une famille du sud-ouest de la France qui n’était pas catholique pratiquante. Ce sont les servantes de la maison qui l’ont initié à la connaissance de Jésus. Il a pu cependant entrer au petit séminaire, puis il est allé à Paris poursuivre sa formation dans deux séminaires bien connus, celui de Saint-Sulpice et l’école des Carmes. Il est ordonné prêtre à 24 ans, il a eu un doctorat es Lettres à 25 ans,  un autre en théologie à 26 ans, il est devenu professeur à la Sorbonne (Paris, France) à 27 ans. Il enseigna pendant 9 ans. Il avait un esprit très ouvert et s’intéressait beaucoup à tout ce qu’il y avait de nouveau, de prometteur autour de lui dans un monde en grande transformation.

Comment s’est-il intéressé alors à la mission ? D’abord, quand il était séminariste, il a écouté un évêque missionnaire en Chine parler de son expérience et cela l’a touché profondément. Ensuite, c’est le plus important, alors qu’il enseignait à Paris, il a été sollicité comme directeur des Œuvres des Ecoles d’Orient. Celles-ci avaient pour mission de soutenir les écoles catholiques dans les pays du Proche-Orient. Il devait chercher de l’argent pour financer ces écoles. Cependant, un jour il y a eu un massacre des chrétiens en Syrie et au Liban.  Il est alors allé sur place pour apporter les fruits d’une quête spéciale. Cela a été, a-t-il raconté, son chemin de Damas (comme pour Saint-Paul). Il a découvert les cultures du Proche-Orient, les Eglises orientales (orthodoxes),  l’islam et les musulmans, et la beauté de cette région du monde, qu’il comparera plus tard à l’Afrique du Nord.

Après un bref passage à Rome, il fut nommé évêque de Nancy à l’est de la France. Il avait 38 ans. Quelques années après, alors qu’il pensait qu’il ferait toute sa carrière en France, on lui a proposé de devenir archevêque d’Alger, la capitale de l’Algérie en Afrique du Nord. Ce fut pour lui un sacrifice de quitter la France, mais il a accepté aussitôt à cause de son expérience au Proche-Orient. Il s’intéressait à l’Afrique du Nord, à la rencontre avec l’islam mais aussi, pour lui, Alger était la porte d’entrée vers tout le continent africain où il y avait, disait-il, 200 millions d’Africains au sud du Sahara qui ne connaissaient pas le Christ et vivaient dans des conditions très difficiles. C’est pour cela qu’il a rapidement fondé deux congrégations missionnaires de Pères, de Frères et de Sœurs qu’on a appelés à l’époque les Pères Blancs et les Sœurs Blanches.

Il est ensuite nommé délégué apostolique pour l’Afrique de l’Est, puis administrateur de la Tunisie et enfin il fut créé cardinal.

À la fin de sa vie, bouleversé par la gravité de l’esclavage en Afrique noire, il a proposé au pape Léon XIII de lancer une campagne contre l’esclavagisme. Celui-ci l’a chargé de cette importante mission. Il a accepté malgré sa mauvaise santé.

Epuisé par cette campagne et ses autres problèmes de santé, il décéda le 26 novembre 1892  à Alger et fut enterré à Carthage.

Cette première partie nous montre déjà la personnalité forte et la générosité du cardinal Lavigerie.

Considérons maintenant brièvement sa personnalité

Il était un homme d’un grand cœur et d’une grande intelligence, grand organisateur.  Il devinait quels seraient les grands défis de son temps, c’est pourquoi on a dit qu’il était un visionnaire, il avait une vision sur l’avenir de l’Eglise et de l’Afrique. On dirait aujourd’hui qu’il savait scruter les signes des temps.

Le cardinal Lavigerie demandait à ses missionnaires d’être des apôtres, et rien d’autre, dans la tradition de la spiritualité et de la mission de Saint-Paul.

Notre fondateur était également un homme passionné par tout ce qu’il entreprenait, il avait quatre grandes passions : la passion de Dieu, la passion de l’être humain, la passion de l’Eglise et la passion de l’Afrique.

Sa passion de Dieu : c’était la source de toute sa vie, il était un homme de prière, qui se levait tous les matins à 4 heures pour prendre un long temps d’oraison avant ses nombreuses activités. C’est là qu’il puisait sa force et son zèle. Il écrivait à ses missionnaires : « Un seul sentiment doit vous inspirer, l’amour, l’amour de Dieu et celui de tous ces pauvres qui leur sont confiés. Aimer les comme une mère aime ses fils ». Il disait aussi à la fin de sa vie : « Soyez fous de Jésus-Christ comme je le suis moi-même » . C’était donc son amour pour le Christ qui nourrissait son engagement et qui le poussait à le faire connaître au plus grand nombre : c’est cela être missionnaire.

Sa 2e passion, c’est la passion de l’être humain. Il a particulièrement eu le souci des êtres humains qui n’ont pas eu l’occasion de rencontrer le Christ mais aussi de toutes les personnes en situation de fragilité. Pour lui la mission concernait l’homme dans sa totalité. Arrivé à Alger, il a été très vite confronté à une épidémie qui a entraîné une grave famine, la mort de beaucoup de personnes et de nombreux orphelins. Il a tout fait pour les prendre en charge, par centaines. Ensuite, quand il a découvert par ses lectures et ses contacts, les horreurs provoquées par l’esclavage en Afrique Noire il s’est épuisé à lutter contre ce fléau. Il a demandé à ses missionnaires de s’engager dans ce sens, quels que soient les risques. Il avait également un grand souci des malades et demandait à ses missionnaires de commencer par prendre soin de ceux-ci avant même d’annoncer la Bonne nouvelle. Il a formé aussi des catéchistes médecins. Il affirmait : « Je suis homme, l’inustice envers d’autres hommes révolte mon cœur ».

Sa passion pour l’Eglise s’est exprimée dans une grande fidélité au pape et dans l’acceptation de toutes les nominations qu’il avait reçues. On peut penser qu’il cherchait les honneurs ecclésiastiques, mais s’il a parfois visé des fonctions importantes, c’était pour que celles-ci lui donnent l’autorité et les moyens de réaliser son projet missionnaire.

Enfin sa passion pour l’Afrique. Il aimait dire : « J’ai tout aimé dans notre Afrique ». Dès qu’il est arrivé en Afrique du Nord il fut pris d’amour pour ce continent, et pas seulement le Nord mais aussi toute l’Afrique au sud du Sahara. Son souci était de donner aux Africains accès là la connaissance du Christ et de l’Évangile et d’arriver à leur libération de l’esclavage. Il s’est attaché à toutes ces populations, il a respecté la sensibilité des musulmans et a demandé à ses missionnaires de se donner corps et âme au peuple où ils étaient envoyés : Il a repris ces mots de Saint-Paul : « Je me suis fait tout à tous afin d’en gagner quelques-uns ».

C’est ce que les missionnaires d’Afrique, homme et femmes, sont appelées à continuer à vivre encore aujourd’hui : un engagement passionné auprès des peuples africains.

Bonne préparation du bicentenaire,

Bernard Ugeux M.Afr.

samedi 2 novembre 2024

RDC, le Réseau Talitha Kum lance ses activités de lutte contre la traite des personnes humaines


 Photo de la session de Talitha Kuma à Goma 19/10/2024

Tenue du 17 au 19 octobre 2024 à Keshero dans la ville de Goma à l’Est de la RD. Congo sous le thème «  Mettre fin à la traite des personnes humaines », une session de Talitha Kum, un réseau de lutte contre la traite des personnes lancé en 2019 ans le monde entier par l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG, Rome), a été lancé sous la facilitation de la Sœur Angela Kapitingana SMNDA  et la collaboration du Père Bernard Ugeux M.Afr.

Cette session avait comme but de présenter la situation de la traite et de chercher ensemble des solutions aux problèmes des personnes les plus vulnérables. Elle  a permis aux participants de comprendre ce qu’est la traite des personnes notamment :

La traite est une exploitation de la personne au regard de sa situation de vulnérabilité ou toute pratique qui ne respecte pas sa dignité humaine ;

La traite des personnes peut également être comprise comme le recrutement, le transfert, l’hébergement, par enlèvement ou par menace etc.

A en croire plus d’un participant, il est apparu que cette situation est trop souvent présente en Afrique parce que bon nombre d’africains et surtout les jeunes ont perdu le goût et le désir de vivre en Afrique à la suite des mauvaises conditions de vie imposées par les politiques gouvernementales.

Pendant cette session, il a été expliqué aux participants comment cette traite des personnes que Talitha Kum veut combattre débouche sur la prostitution, l’exploitation sexuelle, les travaux forcés, l’esclavagisme ou pratique d’analogue, le prélèvement d’organe, etc. Phénomènes auxquels sont exposé les jeunes africains qui partent en occident et dans d’autres pays avancés et qui y vivent malheureusement sans papier.

Sœur Gilberte de l’Archidiocèse de Bukavu que nous avons contactée, donne son appréciation :

J’étais avant tout attirée par le thème : « Mettre fin à la traite des personnes humaines », et cela a suscité en moi des questions, je me disais, quelle stratégie Talitha Kum va mettre à notre disposition pour être utile par rapport  à cette thématique ?, quelle arme  a ce réseau pour lutter contre la traite des personnes dans mon pays ? Et toutes ces questions ont suscité en moi la curiosité et des attentes à trouver des réponses à mes questions et heureusement je les ai eues.

Tout juste au début de la session, j’étais contente des animateurs (Sœur Angela et Père Bernard Ugeux) vu leurs convictions, souci et désir qui m’ont fait croire directement que c’est possible de sauver nos frères et sœurs qui sont traités indignement.

Ce qui m’a trop frappé c’est aussi le fait que nous ne combattrons pas avec les armes physiques mais plutôt de sensibiliser partout et toute les catégories des personnes car dit-on « watu wangu wana angamiya kwakukosa maarifa » « mon peuple péri par manque de connaissances » Dixit Sœur Gilberte.

Le dernier jour de la session (le 19 oct. 2024), un comité de coordination nationale de Talitha Kum a été élu et envoyé en mission par Mgr Willy Ngumbi évêque de Goma ce dimanche de la mission universelle. Ce comité est composé de « Sr Henriette Pite (diocèse de Kisantu) Père Germain (Goma), Père Aimable (Goma), Sr Furaha (CMT Bukavu), Sr Gilberte (Bukavu).

Nouvelles de l’Eglise à Bukavu.

Mardi 29/10/2024, l’Archidiocèse de Bukavu a organisée une marche pacifique et de communion à l’occasion du 28ème anniversaire de l’assassinat du Mgr Christophe MUZIHIRWA à Bukavu. Cette  marche est partie du rond-point Munzihirwa à Nyawera jusqu’à la Cathédrale Notre Dame de la Paix où l’archevêque de Bukavu,  François Xavier Maroy a présidé une Messe.

Dans son message du samedi  26 octobre au Collège Alfajiri des Pères jésuites à Bukavu, lors d’une conférence de presse, l’Archevêque, Monseigneur François Xavier Maroy a souligné que l’église catholique persiste dans la prière et pense que la béatification de Munzihirwa sera décidée et publiée dans les jours à venir.

Pendant ce temps, il s’observe des controverses au sein de l’Église. Au Vatican, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, s’est opposé mardi 22/10/2024 à toute précipitation dans le processus de béatification éventuelle du Roi Baudouin Ier des Belges.
 L’archevêque métropolitain de Kinshasa a rappelé l'épisode noir lié au rôle qu’aurait joué le souverain belge dans l’assassinat du Premier ministre congolais Patrice Lumumba en 1961, un an après l’indépendance. Il a appelé la Congrégation pour les causes des saints à ouvrir une enquête afin de faire toute la lumière sur cet événement tragique. L’objectif est d’établir clairement la responsabilité du roi avant d’envisager sa béatification.

Cette mise en garde intervient alors que le pape François a récemment annoncé son intention de lancer le processus de béatification du Roi Beaudouin Ier nous  renseigne l’Agence Congolaise de Presse.


Source :

- Radio Maria de Bukavu

- Agence Congolaise de Presse

- Mbote.cd

Destin BYANDIKE pour G.E.

Kinshasa-Kigali, un accord entre Etats mais loin d’être endossé par les groupes rebelles.

  Pour une paix durable à l’Est du pays, faudra-t-il un arrangement entre Etats ? Ou alors une harmonisation avec les groupes rebelles ? S’i...