Chères amies, chers
amis,
Je souhaite de tout cœur à ceux et celles d’entre vous pour qui cela a une importance une bonne fête de Pâques. Pour les chrétiens, la résurrection du Christ offre une espérance dont beaucoup ont besoin aujourd’hui dans cette atmosphère mortifère qui baigne autant la géopolitique que la morosité économique qui domine nos espaces médiatiques. Croire que la mort n’aura pas le dernier mot apporte une lumière aux membres des Eglises chrétiennes.
Fleurs de Pâques dans notre chapelle |
A Bukavu, cela a d’autant plus d’importance qu’à une centaine de
kilomètres les combats se poursuivent pour contrôler une partie des richesses
de notre région, et que les déplacés de l’intérieur atteignent le chiffre de
presque 7 millions1. Les médias
occidentaux n’en parlent pas. Croire que
le mal et la mort n’auront pas le dernier mot, et que les acteurs de paix et de
justice finiront par l’emporter, est un soutien déterminant pour les personnes
qui en grande majorité sont en situation de survie.
Beaucoup de familles
ne mangent pas tous les jours, et à cela s’ajoute les
réfugiés qui proviennent des zones de violence.
Carême et temps pascal
Chemin de croix |
La ferveur populaire domine la période du carême et de Pâques. Quelques chiffres.
Chaque vendredi, sur notre propriété, environ 400 personnes ont participé au
chemin de la croix. Personnellement, j’ai donné une retraite de trois jours
dans la paroisse des jésuites proche de chez nous à laquelle
plus de 1000 paroissiens ont participé. A la vigile pascale, 310
jeunes et adultes ont été baptisés dans la paroisse de nos confrères de Buholo.
Le jour de Pâques, dans notre chapelle et tout autour plus de 500 personnes
provenant des quartiers aisés de la ville ont participé à la vigile et à la
célébration dominicale. Moi-même j’étais en dehors de Bukavu avec 45 jeunes
universitaires pour une retraite de Pâques de quatre jours. Un signe de leur implication : en arrivant, tous ont déposé leur Smartphone dans un panier,
qu’ils n’ont récupéré que le jour de Pâques. Ce qui donnait une atmosphère de recueillement et de silence
impressionnante. En outre plus de 35 de ces jeunes ont demandé à me
rencontrer pour un accompagnement personnalisé.
Les garçons à la retraite…. |
…et les filles |
Les élections en RDC
Une grand-route parmi d’autres. |
Nouvelles de l’école de menuiserie de Kamituga
Type de machine utilisée en RDC |
Nouvelles de Centre Nyota
Liliane Mugula Mugoli en pleine action |
Je reste profondément heureux d’être prêtre et missionnaire. J’ai
énormément reçu de l’Afrique et des
Africains et je me sens vraiment chez moi en RDC, même s’il existe cet adage
répandu sur ce continent : « Un tronc d’arbre
qui trempe longtemps dans l’eau ne devient pas un crocodile ». Donc je reste par certains
aspects un étranger, même si les
Congolais me disent, quand ils
apprennent que je suis arrivé ici la première fois en 1971 : « toi tu es Congolais ». Il
est vrai que ce long séjour au Congo et en Tanzanie me permet de comprendre
assez bien la culture et les
réactions des peuples africains avec lesquels j’ai vécu. Et en même temps je
reconnais que j’ai une sensibilité différente et, sur un certain nombre de sujets, une vision qui s’enracine dans
mes origines et ma culture familiale et nationale.
Par ailleurs, par mon origine, mon histoire, ma formation et mon
parcours tant sacerdotal que professionnel, je me sens profondément privilégié.
J’ai reçu gratuitement, il est normal que je donne gratuitement. Témoin de la
situation dramatique dans laquelle un grand nombre de personnes que je côtoie
quotidiennement vivent, je me sens profondément habité et solidaire des défis
que je rencontre autour de moi, admiratif de l’extraordinaire courage
de ces populations qui se
battent pour survivre et garder leur dignité. Ma présence apporte de
l’espérance à un grand nombre de personnes à cause précisément de tout ce que je
représente auprès d’elle grâce à ma congrégation et au réseau de Germes
d’espérance. C’est cela que j’appelle l’alliance et j’aime cette définition de
l’amour : « aimer, c’est être habité ».
Actuellement, j’ai des engagements qui me demandent une très
grande disponibilité, de la souplesse, de l’ouverture et de l’espérance. Mon
service à la formation permanente pour l’ensemble de notre congrégation où
j’avais une autonomie presque totale et une grande mobilité a duré une dizaine
d’années. Je suis revenu maintenant à la formation initiale, au cycle de
philosophie qui concerne de jeunes Africains en formation. Cela me demande une
grande adaptation à un cadre beaucoup plus contraignant que celui dans lequel
j’ai évolué ces dernières années. Il y a des astreintes de présence et de
disponibilité, une adaptation à des
horaires et à une alimentation, qui ne sont pas toujours évidentes. Pourtant,
être au milieu de ces jeunes, et de jeunes confrères formateurs, comme un ancien qui jouit de quelques décennies
d’expérience de formation, m’apporte beaucoup de joie et me rajeunit. D’autant
plus que cela ne m’empêche pas de continuer des engagements à la formation
continue où j’aborde les défis actuels ni de poursuivre mon investissement pour
Germes d’espérance. En outre, avec l’âge, je ressens le besoin de plus en plus
profond de consacrer du temps au silence et à la prière. Le fait de vivre sur cette presqu’île, ou en 1981, j’ai
participé à la fondation de cette maison où je vis aujourd’hui, me donne un
cadre porteur pour de longs moments de recueillement au début de la journée.
Le 18 mars dernier, je me retrouvais avec mes confrères formateurs
pour un temps de recueillement, à l’écart. À partir du thème traité, je me suis
noté ce qui suit que je vous partage en
toute simplicité.
« Là où est ton trésor, là est ton cœur » (Matthieu, 6,21). Où est mon trésor, quel est mon désir profond ? Quelle est ma source, ce qui donne sens à ma vie ? J’ai profondément conscience de mon âge, de mon vieillissement, même si actuellement ma santé est bonne. Mais j’ai déjà vécu plusieurs opérations. Le Seigneur me donne un bonus… de combien d’années encore en bonne santé… ? En vue de quoi ? Quand j’étais plus jeune, je sentais le besoin de prouver des choses, de me valoriser. Maintenant, mon désir profond est de vivre toujours plus totalement de la tendresse de Dieu, et que tout ce que je vis et fais aide les gens que je rencontre à se découvrir aimés par le Seigneur, sans limite. Séminaristes, étudiants, consacrés, paroissiens, confrères, victimes traumatisées… que je sois pour eux et elles le visage de la tendresse de Dieu, de sa compassion. Tout le reste est secondaire, …bientôt il ne me restera plus rien que mon Dieu. »
Merci de continuer à cheminer avec nous.
Amicalement, Bernard Ugeux
J’enseigne à l’Université Catholique de Bukavu, à la Faculté de Médecine, en Master en santé
publique et communautaire. Cette année il y avait 80 médecins. Les voici en travail de groupe.