Au Sud-Kivu précisément dans la
ville de Bukavu, plusieurs enfants passent la nuit à la belle étoile suite aux
nombreuses manipulations qu’ils subissent ou à la pauvreté de leurs familles.
A cela s’ajoute, depuis les
années 2000, une situation d’exploitation économique des enfants par leurs propres
parents, les accusions de sorcellerie contre les enfants mais aussi le
phénomène « enfant en situation de rue » a pris de l’ampleur dans
cette ville.
Pourtant protégés par la
constitution et plusieurs lois congolaises, ces derniers sont toujours oubliés
et sont devenus responsables de leur vie. Or la place de l’enfant c’est dans sa famille,
à l’école et pas dans la rue.
Plusieurs chantiers des maisons
dans cette même ville sont achevés grâce aux travaux que réalisent ses enfants
en coulant les dalles. Pourtant du point
de vue légal, cela est interdit. L’on remarque des enfants qui travaillent dans
des chantiers jour et nuit mais qui pour finir sont payés en monnaie de singe
et d’autres qui se font escroqués leur prime par des personnes adultes qui les
engagent frauduleusement.
En signalant ce que dit la
convention internationale des droits de l’enfant à ses article 5, 9 etc. dit
« Art 5 : l’Etat
respecte la responsabilité, le droit et le devoir qu’ont les parents ou, le cas
échéant, les membres de la famille élargie ou de la communauté… de donner à celui-ci,
d’une manière qui corresponde au développement de ses capacités, l’orientation
et les conseils appropriés à l’exercice des droits que lui reconnait la
présente convention.
Art.9 : l’Etat veille à ce
que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins… que
cette séparation soit nécessaire dans l’intérêt supérieur de l’enfant. »
La loi n°09/001 du 10 janvier
2009 portant protection de l’enfant en RD. Congo à ses articles 46, 58 etc. poursuit
en disant :
« Art. 46 : l’enfant a
son domicile, selon le cas, chez son père et mère et d’être élevé dans la
mesure du possible par eux.
Art. 58 : l’enfant est
protégé contre toutes les formes d’exploitation économique.
L’exploitation économique
s’entend de toute forme d’utilisation abusive de l’enfant à des fins
économiques. L’abus concerne notamment le poids du travail par rapport à l’âge
de l’enfant, le temps et la durée de travail, l’insuffisance ou absence de la
rémunération, l’entrave du travail par rapport à l’accès à l’éducation, développement
physique, moral, spirituel et social de l’enfant. »
Malheureusement cela est loin de
la réalité.
Ceci laisse à croire que
plusieurs personnes le font en cachette et d’autres par ignorance de la loi
pourtant dit-on « nul n’est censé ignorer la loi »
Pour préparer l’avenir de ses
enfants, nous osons croire que l’Etat congolais, les organisations des droits
de l’homme et ceux qui œuvrent dans le domaine de la protection et l’éducation
de l’enfant mais aussi la communauté devraient avoir un regard positif vis-à-vis
de ses enfants dont jusqu’aujourd’hui la vie future est en danger.
Ces enfants, dans plusieurs avenues de la
ville de Bukavu voire même dans les marchés comme par exemple de Kadutu,
Nyawera, Beach Muhanzi, tous à Bukavu, sont à la base des insécurités, des vols
et viols des enfants mineurs.
Une fois l’enfant grandi dans cet
état, il n’est pas évident qu’il change, la plupart deviennent des voleurs à main
armée et d’autres sont à la base des enlèvements des enfants, un phénomène qui
est aussi en train de prendre de l’ampleur dans la ville de Bukavu, Kinshasa,
Goma, Lubumbashi etc. et qui risque d’échapper au contrôle des services d’ordre
dans les jours à venir.
A Kinshasa par exemple, ces
enfants sont déjà surnommés « KULUNA », par contre à Bukavu, on
les appelle de « MAI BOBO » des surnoms que nous pensons n’avoir
aucun sens et aucune signification du point de vue éthique.
Toujours à Bukavu, ces enfants
passent des journées dans les canaux d’eaux à la recherche des métaux de cuivre
qu’ils vendent pour se trouver de quoi manger.
En 2007, certaines organisations de l’Archidiocèse de Bukavu ont commencé à prendre conscience de l’avenir de ces enfants et sont directement passés à l’action comme c’est le cas du Foyer Ek’Abana qui depuis cette année, a identifié certains enfants qui subissaient l’exploitation économique par leurs parents en vendant de l’eau contre le manioc dans le marché du beach Muhanzi pour nourrir leurs familles. Ses enfants ont été surnommés par la communauté « enfant MAI MUHOGO ».
A cela il y a des organisations
qui s’occupent de ces enfants victimes dont nous pouvons citer à titre
d’exemple :
-
Le PEDER qui s’occupe des enfants de la rue
-
Le centre Nyota qui accompagne par la formation
professionnelle des filles victimes des violences sexuelles
-
Le Foyer Ek’Abana qui s’occupe des enfants
accusés de la sorcellerie
-
Le Centre Don Bosco qui s’occupe des enfants en
situation de rue, etc.
Toute ces organisations font
leurs parts dans la protection et l’encadrement des enfants.
Le travail que réalise ces dernières
devrait interpeller le gouvernement et d’autres organisations à s’impliquer
davantage pour répondre aux multiples problèmes de ces enfants qui sont
l’avenir de demain malheureusement oubliés.
Dans nos investigations, nous
avons interview Monsieur Steven MBALAMBALA qui est animateur social au Foyer
Ek’Abana et qui, il n’y a pas longtemps, a été dans l’équipe qui a identifié et
documenté les cas des enfants vivants dans les rues à Bukavu :
Steven Mbalambala animateur de
son état nous précise que
Je suis animateur social au Foyer
Ek’Abana chargé de la médiation familiale
Il n’y a pas longtemps nous avons
fait le dénombrement des enfants en situation de rue et l’identification parce
que nous avons trouvé que le nombre des enfants qui vivent dans la rue à Bukavu
est en train d’augmenter. A l’issue de
ce travail, nous somme parvenus à localiser la provenance de ses enfants afin
de proposer la stratégie à mettre en place pour diminuer la délinquance des
enfants.
En voulant savoir les causes qui
font à ce que les enfants se retrouvent dans la rue, Mr Steven poursuit son
speech en disant :
Par rapport à ce qui fait que les
enfants soient dans la rue, il y a la séparation des parents, quand ils
divorcent ou quand ils meurent, les enfants se trouvent en train de chercher
leur éducation seule sans limite, mais aussi il y a la pauvreté de la famille
et quelque fois l’enfant lui-même.
Au moins 80 pour cent de ces
enfants viennent du territoire de Kabare surtout Kabare Nord dont (Mudaka,
Murhesa, Kavumu, Katana voir même Kalehe).
Ces enfants dans la rue vendent
des beignets pour les adultes, d’autres vendent des sachets etc. parmi eux nous
avons aussi trouvé que leur travail est de voler seulement et d’autres fument du
chanvre.
Parlant de l’avenir de ces enfants,
Steven continue en disant :
De l’avenir de ses enfants, nous
pensons que ses enfants n’ont pas d’avenir parce que la communauté ne se sent
pas vraiment responsable. Nous pensons qu’il faut peut-être soutenir et
augmenté les centres d’hébergement. D’ailleurs nous avons déposé le résultat de
notre enquête au gouvernement provincial.
Nous invitons toutes les couches
sociales à conjuguer les efforts ensemble afin de voir comment sauver ses
enfants.
A conclu Mr Steven.
Destin Byandike Kad.
Destin Byandike Kad. Journaliste indépendant en RD. Congo et membre de l’Union Nationale de la Presse du Congo et chargé de communication de Germes d’Espérance au Sud-Kivu. |