Jean-Michel Valentin, Géopolitique d’une planète déréglée, Le choc
de l’Anthropocène, Paris, Seuil, coll. Anthropocène, 2017, 327 pp.
N.B. Le mot
anthropocène a été créé par Paul Crutzen pour désigner la période géologique
durant laquelle l'action de l'homme a de fortes incidences sur l'évolution de
la planète et qui commence au début de la révolution industrielle.
Ce livre fascinant présente de façon très documentée les
changements géophysiques et la crise biologique planétaires qui provoquent
aujourd’hui des bouleversements géopolitiques rapides, massifs et brutaux dont
nous ne sommes pas suffisamment conscients de la rapidité et de l’impact actuel
sur des millions d’habitants de la planète. « Un nouveau paysage
géopolitique et stratégique émerge, marqué par la combinaison du changement
climatique et de ses effets systémiques, telles les migrations de masse. La
compétition mondiale pour les ressources et la crise des régimes
contemporains » (4è de couverture).
L’auteur commence par démontrer comment la révolution industrielle s’est
développée en parallèle des guerres qui ont marqué l’Europe au XXè siècle. Il
est question de guerre « monde », du rôle du pétrole, de l’offensive
biologique et des changements climatiques dont tient compte par exemple l’armée
américaine aujourd’hui. Ensuite la dislocation de l’arctique a favorisé un
renouveau économique et militaire de la puissance stratégique russe qui se
développe rapidement. Alors que la Chine, en lien avec la Russie et d’autre
pays d’Asie, réinvente une « route de la soie » qui vise à drainer
les réserves énergétiques de toute la planète (y compris l’Afrique) vers l’Empire du milieu. La conséquence des
évolutions économiques, stratégiques et climatiques mettent dès maintenant des
villes entières en état de siège » (Asie du Sud-Est, Bengladesh…), provoque
la crise des Etats et annonce des « guerres d’« effondrement ».
Les 20 pages de références scientifiques rendent ce livre particulièrement
convainquant… et donnent froid dans le dos. Nous vivons encore dans la naïveté…
et la politique de l’autruche tandis que la Russie, les Etats-Unis et la Chine
se partagent déjà la planète. L’UE doit encore unifier sa stratégie face à ce
nouveau déferlement. On aurait aimé que la
prise de conscience douloureuse réalisée par l’auteur soit complétée par des propositions alternatives
plus abondantes que les 15 dernières pages du livre… Mais c’est peut-être notre
affaire à tous ?