lundi 23 juillet 2018


Joseph E. Mwantula, Tu le diras à ma mère, L’histoire vrai de Coco Ramazani, Paris, Présence Africaine, 2015, 299 pp.

Un lecteur peu informé sur la situation des femmes dans la région des Grands-Lacs africains et particulièrement en République Démocratique du Congo pourrait avoir du mal à croire que l’orpheline Coco ait pu subir autant de violences sexuelles, d’humiliations et de souffrance en tout genre. Pourtant, la réalité est bien là. Il s’agit d’un pays sans Etat, corrompu jusqu’à la moelle, où toute fonction de pouvoir donne droit à la prédation sur les femmes de l’entourage. Y dominent la misère, la lutte pour la survie quotidienne : c’est cela la douloureuse réalité. Les enfants, les jeunes filles et les femmes sont soient happées au passage ou bien n’ont d’autres possibilités de survie que de « s’offrir » à des relations sexuelles souvent violentes et dégradantes, au marché, à l’université, parfois dans les églises. Ce livre se présente comme le journal d’une jeune femme orpheline qui a été ballotée d’un membre de famille à l’autre, d’un lieu à l’autre, abusée enfant par un pasteur, enlevée, séquestrée par la suite, entraînée dans un groupe politique à travers le pays lors des guerres de pillage importées par les Rwandais et les Ougandais dans l’Est du Congo. Elle finit par échouer aux Etats-Unis chez une sœur qui l’exploite également et y découvre qu’elle est séropositive.

Le récit est puissant, les descriptions des lieux et de événements d’un grand réalisme, les scènes de violence quasi insoutenables parfois… Mais c’est la vécu de nombreuses femmes congolaises qui font preuve d’un courage inimaginable, particulièrement pour protéger et entretenir leur famille. Ce livre sans concession permet de réaliser ce qui reste de ce pays magnifique après des générations de gouvernement prédateurs. Heureusement que la mobilisation des solidarités, familiales, humanitaire, ecclésiales, apportent un peu de baume sur un océan de déréliction…

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