mardi 17 septembre 2024

RDC, une nouvelle vague de virus met en danger les vies des populations (MPOX)

 

MPox (Monkey Pox) , appelée en français la variole du singe, est une infection virale causée par un virus, de la même famille que celui de la variole. L’émergence d’une souche plus mortelle de la maladie - 537 décès en RDC parmi les 15.600 cas signalés depuis le début de l’année- a conduit l’OMS à la déclarer "urgence de santé publique de portée internationale" le 14 août dernier.

La République Démocratique du Congo fait face à une recrudescence inquiétante des cas de mpox. Endémique dans le pays, cette maladie connaît une augmentation alarmante des cas depuis plus de deux ans, touchant désormais toutes les provinces congolaises. Cette situation met en lumière les défis sanitaires que le pays doit relever, en particulier dans les provinces les plus touchées comme le Sud-Kivu.

La situation sanitaire critique dans l'Est de la RDC s'ajoute à la grave crise humanitaire en cours.

Plus de 300 cas positifs à la variole du singe ont déjà été confirmés dans la zone de santé de Nyiragongo au Nord de la ville de Goma. La plupart des cas ont été découverts dans des camps de déplacés. 

Edwige Bora, déplacée de guerre et mère de quatre enfants, tous atteints du mpox, se plaint du coût de leur prise en charge dans les hôpitaux : "On dit toujours que la prise en charge des malades est gratuite, mais lorsque nous arrivons à l'hôpital, on nous donne quelques comprimés accompagnés d'une ordonnance pour que nous allons payer les médicaments à la pharmacie. Et les comprimés que l'on nous donne, ne nous servent presqu'à rien car les malades ne guérissent pas."

En dehors des infrastructures sanitaires publiques, de nombreux cas positifs à la maladie de mpox, sont aussi suivis à domicile, suscitant des inquiétudes de la population qui craint la propagation incontrôlée de la maladie.

Mais Ghislain Bahati, médecin traitant, rassure et invite les populations à observer les mesures préventives, notamment le lavage régulier des mains.

Pour sa part, le Docteur Thierry Turano, médecin chef de la zone de santé de Nyiragongo avoue faire face à plusieurs défis pour contenir la progression de l'épidémie et appelle à l'intervention du gouvernement.

Focus sur le Sud-Kivu : une province en crise

Située dans la partie Est du pays, la province du Sud-Kivu est l’une des plus sévèrement affectées. L’hôpital général de la ville d’Uvira, par exemple, continue d’accueillir de nouveaux cas chaque semaine. À 9 heures du matin, l’hôpital est déjà en pleine activité. Jolie Martha, une mère inquiète, est venue chercher des soins pour son enfant. Elle raconte :

« Je suis ici parce que mon enfant a attrapé le virus mpox. J’ai remarqué qu’il pleurait beaucoup et ne mangeait pas. Lorsqu’il mangeait un peu, il vomissait. Nous sommes nombreux à la maison et personne n’avait encore cette maladie. On nous a dit qu’à l’hôpital on soignait gratuitement, alors nous sommes venus. Cela fait une semaine que nous sommes ici, et l’état de mon enfant s’améliore. »

La peur du virus mpox est exacerbée par la perception erronée de la maladie dans certaines communautés, où elle est parfois associée à des pratiques mystiques ou de sorcellerie. Cette perception entrave l’adhésion aux mesures de santé publique, compliquant ainsi la lutte contre l’épidémie.

Amina Germaine, une autre patiente, a également contracté la maladie sans en connaître la nature au début. « Au départ, j’avais une forte fièvre. J’ai pensé que c’était le paludisme. Puis des boutons sont apparus sur tout mon corps. Je suis alors allée à l’hôpital où j’ai reçu des soins gratuitement. »

Les conflits armés favorisent la propagation du virus

Goma, est presque encerclée par une rébellion armée. Dans cette ville, où des centaines de milliers de déplacés s'entassent dans des camps de fortune, la promiscuité fait craindre une propagation à grande échelle.

Dr Louis Albert Massing, coordinateur médical de MSF en RDC, souligne l’accélération préoccupante de l’épidémie. « Une mutation génétique a été identifiée au Sud-Kivu, avec une transmission d’humain à humain ininterrompue depuis des mois. Cela n’avait pas encore été observé avec la souche du bassin du Congo, contrairement à celle d’Afrique de l’Ouest, responsable de l’épidémie mondiale de 2022. Un autre motif d’inquiétude est la propagation de la maladie dans les camps de déplacés autour de Goma, au Nord-Kivu, où la densité de population rend la situation critique. »

Quels risques pour les enfants, surtout en cette période de la rentrée scolaire ?

La variole simienne peut s’avérer plus dangereuse pour les enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.

Dans les situations d’urgence, notamment dans les camps de déplacés, la promiscuité, le manque d’infrastructures sanitaires et les difficultés d’accès aux soins pourraient conduire à une explosion des cas.

Cette nouvelle flambée de la variante Mpox est une menace inquiétante de plus pour les enfants et les familles, qui, pour beaucoup, subissent déjà les conflits, les déplacements, les épidémies de choléra, de polio, et la malnutrition.

Pourtant, les complications pourraient être évitées avec une prise en charge rapide et des mesures de prévention simples.

Malheureusement, il se constate un manque de politique publique pour prévenir cette maladie en milieu scolaire pourtant, les enfants étudient dans des conditions non approprié et sans mesures barrières.

Augustine Asta – Cité du Vatican

L'épidémie de mpox se propage à un rythme préoccupant en République démocratique du Congo (RDC). «Depuis le début de l'année jusqu'au 31 août 2024, la RDC a enregistré plus de 21 000 cas suspects de mpox, dont plus de 5 000 cas confirmés et 700», souligne le communiqué de presse publié par l'UNICEF ce jeudi 12 septembre. C’est pourquoi l’agence onusienne, souhaite renforcer «son soutien au gouvernement pour protéger et sauver la vie des enfants de moins de 15 ans qui représentent environ 60 % des cas suspects et 80 % des décès cette année», indique le communiqué.

Pour freiner cette épidémie, «au cours de la semaine dernière, l'UNICEF a reçu les premiers envois de vaccins contre la mpox, soit 215 000 doses au total», révèle le communiqué de presse. «D'autres envois devraient bientôt arriver. En attendant, l'Unicef soutient le déploiement des vaccins en fournissant les fournitures et la logistique nécessaires et en formant les agents de santé au transport, au stockage et à l'administration des vaccins aux patients», peut-on également lire. Des unités de traitement et d'isolement du virus mpox dans des centres de santé très fréquentés ont été mis en place par l’organisation de même que le renforcement de la surveillance communautaire. L’intervention de l'UNICEF contre la maladie virale «vise 12 des 26 provinces de la RDC».

À côté de cette situation sanitaire alarmante il faut aussi signaler que «plus de 25 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire, dont près de 15 millions d'enfants en RDC. Rien que dans l'Est du pays, 7 millions de personnes sont déplacées, ce qui fait de la RDC l'une des plus grandes crises de déplacement au monde».

La représentante adjointe de l'UNICEF en RDC, Mariame Sylla, a affirmé que «bon nombre des personnes touchées par l'urgence du virus mpox étaient déjà confrontées à de multiples privations dues aux conflits armés, aux déplacements et à d'autres épidémies». «La réponse au virus mpox ne doit pas négliger les besoins humanitaires préexistants, et toute mesure doit servir à renforcer les efforts existants», a-t-elle ajouté.

 

Destin BYANDIKE, pour Germes d’Esperance

Sources :



© UNICEF/UNI624795/Benekire

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