MPox (Monkey Pox) , appelée en français la variole du
singe, est une infection virale causée par un virus, de la même famille que
celui de la variole. L’émergence d’une souche plus mortelle de la maladie - 537
décès en RDC parmi les 15.600 cas signalés depuis le début de l’année- a
conduit l’OMS à la déclarer "urgence de santé publique de portée
internationale" le 14 août dernier.
La République Démocratique du Congo fait face à une
recrudescence inquiétante des cas de mpox. Endémique dans le pays, cette
maladie connaît une augmentation alarmante des cas depuis plus de deux ans,
touchant désormais toutes les provinces congolaises. Cette situation met en
lumière les défis sanitaires que le pays doit relever, en particulier dans les
provinces les plus touchées comme le Sud-Kivu.
La situation sanitaire critique dans l'Est de la RDC
s'ajoute à la grave crise humanitaire en cours.
Plus de 300 cas positifs à la variole du singe ont déjà été confirmés dans la zone de santé de Nyiragongo au Nord de la ville de Goma. La plupart des cas ont été découverts dans des camps de déplacés.
Edwige Bora, déplacée de guerre et mère de quatre enfants, tous atteints du mpox, se plaint
du coût de leur prise en charge dans les hôpitaux : "On dit toujours
que la prise en charge des malades est gratuite, mais lorsque nous arrivons à
l'hôpital, on nous donne quelques comprimés accompagnés d'une ordonnance pour
que nous allons payer les médicaments à la pharmacie. Et les comprimés que l'on
nous donne, ne nous servent presqu'à rien car les malades ne guérissent pas."
En dehors des infrastructures sanitaires publiques, de
nombreux cas positifs à la maladie de mpox, sont aussi suivis à domicile,
suscitant des inquiétudes de la population qui craint la propagation
incontrôlée de la maladie.
Mais Ghislain Bahati, médecin traitant, rassure et
invite les populations à observer les mesures préventives, notamment le lavage
régulier des mains.
Pour sa part, le Docteur Thierry Turano, médecin chef de
la zone de santé de Nyiragongo avoue faire face à plusieurs défis pour contenir
la progression de l'épidémie et appelle à l'intervention du gouvernement.
Focus sur le Sud-Kivu : une province en crise
Située dans la partie Est du pays, la province du
Sud-Kivu est l’une des plus sévèrement affectées. L’hôpital général de la ville
d’Uvira, par exemple, continue d’accueillir de nouveaux cas chaque semaine. À 9
heures du matin, l’hôpital est déjà en pleine activité. Jolie Martha, une mère
inquiète, est venue chercher des soins pour son enfant. Elle raconte :
« Je suis ici parce que mon enfant a attrapé le virus
mpox. J’ai remarqué qu’il pleurait beaucoup et ne mangeait pas. Lorsqu’il
mangeait un peu, il vomissait. Nous sommes nombreux à la maison et personne
n’avait encore cette maladie. On nous a dit qu’à l’hôpital on soignait
gratuitement, alors nous sommes venus. Cela fait une semaine que nous sommes
ici, et l’état de mon enfant s’améliore. »
La peur du virus mpox est exacerbée par la perception
erronée de la maladie dans certaines communautés, où elle est parfois associée
à des pratiques mystiques ou de sorcellerie. Cette perception entrave
l’adhésion aux mesures de santé publique, compliquant ainsi la lutte contre
l’épidémie.
Amina Germaine, une autre patiente, a également contracté
la maladie sans en connaître la nature au début. « Au départ, j’avais une forte
fièvre. J’ai pensé que c’était le paludisme. Puis des boutons sont apparus sur
tout mon corps. Je suis alors allée à l’hôpital où j’ai reçu des soins
gratuitement. »
Les conflits armés favorisent la propagation du virus
Goma, est presque encerclée par une rébellion armée. Dans
cette ville, où des centaines de milliers de déplacés s'entassent dans des
camps de fortune, la promiscuité fait craindre une propagation à grande
échelle.
Dr Louis Albert Massing, coordinateur médical de MSF en
RDC, souligne l’accélération préoccupante de l’épidémie. « Une mutation
génétique a été identifiée au Sud-Kivu, avec une transmission d’humain à humain
ininterrompue depuis des mois. Cela n’avait pas encore été observé avec la
souche du bassin du Congo, contrairement à celle d’Afrique de l’Ouest,
responsable de l’épidémie mondiale de 2022. Un autre motif d’inquiétude est la
propagation de la maladie dans les camps de déplacés autour de Goma, au
Nord-Kivu, où la densité de population rend la situation critique. »
Quels risques pour les enfants, surtout en cette période
de la rentrée scolaire ?
La variole simienne peut s’avérer plus dangereuse pour les
enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.
Dans les situations d’urgence, notamment dans les camps
de déplacés, la promiscuité, le manque d’infrastructures sanitaires et les
difficultés d’accès aux soins pourraient conduire à une explosion des cas.
Cette nouvelle flambée de la variante Mpox est une menace
inquiétante de plus pour les enfants et les familles, qui, pour beaucoup,
subissent déjà les conflits, les déplacements, les épidémies de choléra, de
polio, et la malnutrition.
Pourtant, les complications pourraient être évitées avec
une prise en charge rapide et des mesures de prévention simples.
Malheureusement, il se constate un manque de politique
publique pour prévenir cette maladie en milieu scolaire pourtant, les enfants
étudient dans des conditions non approprié et sans mesures barrières.
Augustine Asta – Cité du Vatican
L'épidémie de mpox se propage à un rythme préoccupant en
République démocratique du Congo (RDC). «Depuis le début de l'année
jusqu'au 31 août 2024, la RDC a enregistré plus de 21 000 cas suspects de mpox,
dont plus de 5 000 cas confirmés et 700», souligne le communiqué de presse
publié par l'UNICEF ce jeudi 12 septembre. C’est pourquoi l’agence onusienne,
souhaite renforcer «son soutien au gouvernement pour protéger et sauver la
vie des enfants de moins de 15 ans qui représentent environ 60 % des cas suspects
et 80 % des décès cette année», indique le communiqué.
Pour freiner cette épidémie, «au cours de la semaine
dernière, l'UNICEF a reçu les premiers envois de vaccins contre la mpox, soit
215 000 doses au total», révèle le communiqué de presse. «D'autres
envois devraient bientôt arriver. En attendant, l'Unicef soutient le
déploiement des vaccins en fournissant les fournitures et la logistique
nécessaires et en formant les agents de santé au transport, au stockage et à
l'administration des vaccins aux patients», peut-on également lire. Des
unités de traitement et d'isolement du virus mpox dans des centres de santé
très fréquentés ont été mis en place par l’organisation de même que le renforcement
de la surveillance communautaire. L’intervention de l'UNICEF contre la maladie
virale «vise 12 des 26 provinces de la RDC».
À côté de cette situation sanitaire alarmante il faut
aussi signaler que «plus de 25 millions de personnes ont besoin d'une aide
humanitaire, dont près de 15 millions d'enfants en RDC. Rien que dans l'Est du
pays, 7 millions de personnes sont déplacées, ce qui fait de la RDC l'une des
plus grandes crises de déplacement au monde».
La représentante adjointe de l'UNICEF en RDC, Mariame
Sylla, a affirmé que «bon nombre des personnes touchées par l'urgence du
virus mpox étaient déjà confrontées à de multiples privations dues aux conflits
armés, aux déplacements et à d'autres épidémies». «La réponse au virus mpox ne
doit pas négliger les besoins humanitaires préexistants, et toute mesure doit
servir à renforcer les efforts existants», a-t-elle ajouté.
Destin BYANDIKE, pour Germes d’Esperance
Sources :