lundi 27 février 2023

RD CONGO : LE PAPE FRANÇOIS EST ARRIVE A KINSHASA, UN ESPOIR POUR TOUS LES CONGOLAIS

Accueilli avec ferveur, le pape François est arrivé à Kinshasa pour une visite de quatre jours en République démocratique du Congo en proie à des violences endémiques, première étape d'un voyage qui le mènera ensuite au Soudan du Sud.

En milieu de matinée, quelques Congolais avaient commencé à se rassembler devant l'aéroport, suivis au fil des heures d'une foule de plus en plus dense et impatiente de le voir dans sa "papamobile", qui l’a amenée jusqu'au centre-ville.

Quelques jeunes émues de joie, ont manifesté leur satisfaction de l’arrivée du Pape au Congo.

"Je ne voulais pas manquer cette opportunité de le voir en face", déclare Maggie Kayembe. "Il prêche toujours la paix où il passe, et la paix, on en a vraiment besoin", ajoute la jeune femme.

Initialement prévue en juillet 2022, cette visite avait été reportée en raison des douleurs au genou du pape de 86 ans, qui se déplace en chaise roulante, mais aussi des risques de sécurité à Goma, dans l'Est de la RDC, une étape finalement supprimée.

Pour son quarantième voyage international depuis son élection en 2013, le cinquième sur le continent africain, le jésuite argentin devait surtout appeler à faire taire les armes dans un pays rongé par des violences meurtrières et où les deux tiers des quelque 100 millions d'habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour.

Une misère orchestrée par la mauvaise gestion des ressources dont regorge la RDC sur le plus grande part de son étendue.

La RDC fait face à la résurgence du groupe armé M23 qui a conquis ces derniers mois de vastes pans de territoire dans le Nord-Kivu, province congolaise frontalière du Rwanda accusé d'ingérence par Kinshasa.

L'Est de la RDC compte aussi des dizaines de groupes armés, dont des rebelles islamistes qui prennent pour cible des civils. Cette visite intervient d'ailleurs deux semaines après un attentat sanglant revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) dans une église pentecôtiste du Nord-Kivu.

Après une cérémonie d'accueil à l'aéroport, le chef de l'Eglise catholique s’est rendu au palais de la Nation, où il a été reçu par le président Félix Tshisekedi. Il a prononcé ensuite un premier discours devant les autorités, le corps diplomatique et les représentants de la société civile.

"Ce discours a donné le ton, et plus d’une personne sur place pensent que le discours du Pape peut délivrer un message fort auprès des politiques en abordant la question de la corruption", notamment en vue des élections générales qui se tiendront en décembre 2023, a souligné Samuel Pommeret, chargé de mission à l'ONG CCFD Terre Solidaire pour la région des Grands Lacs.

Lors de sa visite dans cet immense pays où l'Eglise joue un rôle majeur dans la société et la politique, le Pape François a rencontré également des victimes de violences, des membres du clergé et des représentants d'œuvres caritatives qui lui ont adressé des histoires fortes en rapport avec leur passé. On l’a constaté,  certaines femmes vivent avec un handicap puisqu’elles ont été victimes de l’insécurité grandissante dans leur milieu et ont subi des tortures graves infligées par les bandes armées.

Dans ses discours, le patron de l’Eglise catholique a abordé, entre autres, le défi du réchauffement climatique et de la déforestation, l'éducation, les problématiques sociales et sanitaires et le soutien à la communauté chrétienne.

Il rejoindra dans les jours qui suivent Juba, capitale du Soudan du Sud, le plus jeune État du monde et parmi les plus pauvres de la planète.

 « Cessez d’étouffer l’Afrique!»: l’appel du Pape à son arrivée à Kinshasa »

Le Pape François s’est élevé contre les multiples formes d’exploitation menées en Afrique et plus spécialement en République démocratique du Congo, où il est arrivé ce mardi 31 janvier après-midi. Dans le premier discours de ce voyage, prononcé devant les autorités, les représentants de la société civile et le corps diplomatique, le Saint-Père a lancé un appel vibrant pour que «chaque Congolais se sente appelé à jouer son rôle».

Un «pays immense et plein de vie», mais qui «semble depuis longtemps avoir perdu son souffle». Le Saint-Père a d’emblée relevé le paradoxe qui caractérise la République Démocratique du Congo.

 Dans les jardins du Palais de la Nation, où il venait de rencontrer en privé le président de la république Félix Tshisekedi, François s’est adressé aux Congolais en leur parlant des divers maux qui affectent le pays et le continent.

«Courage, frère et sœur congolais!»

Tout au long de cette première prise de parole particulièrement forte, le Saint-Père a recouru à l’image du diamant, que l’on trouve en abondance dans le sol congolais. «Votre pays est vraiment un diamant de la création ; mais vous, vous tous, êtes infiniment plus précieux que toutes les choses bonnes qui sortent de ce sol fertile!», a-t-il assuré.  

Un peuple qui lutte «pour sauvegarder sa dignité et son intégrité territoriale contre les méprisables tentatives de fragmentation du pays», et vers lequel François vient «comme un pèlerin de réconciliation et de paix».

 

Des diamants ensanglantés

Le Pape s’est ensuite désolé que le pays, et plus largement le continent africain, «souffrent encore de diverses formes d’exploitation». Il a dénoncé le «colonialisme économique» qui engendre le pillage des abondantes ressources: «on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent “étranger” à ses habitants. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants», a déclaré le Souverain pontife, y voyant un «drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche». Mais tout cela n'est possible qu’avec la complicité de nationaux bien placés.


 À la fin de ce grand panorama des défis que doit affronter la RDC, François a reconnu que «la répétition continuelle des attaques violentes ainsi que les nombreuses situations de détresse pourraient affaiblir la résistance des Congolais, miner leur force d’âme, les conduire à se décourager et à s’enfermer dans la résignation». «Mais, au nom du Christ qui est le Dieu de l’espérance, a-t-il poursuivi, le Dieu de toute possibilité qui donne toujours la force de recommencer, au nom de la dignité et de la valeur des diamants les plus précieux de cette terre splendide que sont ses habitants, je voudrais inviter chacun à un nouveau départ social courageux et inclusif». «L’histoire lumineuse mais blessée du pays l’exige, les jeunes et les enfants en particulier l’implorent», a-t-il conclu, encourageant la nation dans sa recherche d’un avenir meilleur, et lui accordant sa bénédiction.

 

Destin BYANDIKE


Kinshasa-Kigali, un accord entre Etats mais loin d’être endossé par les groupes rebelles.

  Pour une paix durable à l’Est du pays, faudra-t-il un arrangement entre Etats ? Ou alors une harmonisation avec les groupes rebelles ? S’i...