mercredi 16 mars 2022

Les évêques congolais attendent la visite de François début juillet 2022


En prévoyan
t de se rendre dans la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud en juillet 2022, le pape a une nouvelle fois privilégié les peuples les plus désavantagés de la planète. Le regard de Bernard Ugeux, père blanc qui vit en Afrique sub-saharienne depuis des années.

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » : c’est par ces mots que les évêques de la Conférence de la République démocratique du Congo ont accueilli l'annonce du Vatican, faite le 3 mars, d'une visite prochaine du pape François dans leur pays en juillet 2022. Il passera par Kinshasa (la capitale) et Goma (ville en état de siège dans l’est du pays).

La République démocratique du Congo est le deuxième État le plus vaste du continent africain et 40 % de ses 90 millions d’habitants sont catholiques. Le centre et surtout l’est sont en proie depuis plusieurs décennies à une instabilité propice à la prolifération de groupes armés. On en compte actuellement 120 qui sévissent dans l’est du pays, bordé par le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et le Soudan du Sud. Leurs exactions ont déjà entraîné plus d’un million de déplacés et des dizaines de milliers de morts en une vingtaine d’années.

Une des raisons de leur existence est l’extraordinaire richesse du sous-sol et des forêts du pays. C’est un des pays les plus riches d’Afrique en minerais stratégiques et terres rares dont l’exploitation apporte peu d’avantages à une population sans ressources et exsangue. Les bénéfices ne profitent qu’à un nombre restreint de nationaux et d’expatriés (dont les multinationales occidentales et asiatiques).

Cette paupérisation a été précédée par des troubles dramatiques durant les années 1990 qui ont entraîné plusieurs centaines de milliers de morts. Le rapport Mapping, de l’Onu, de 2010, qui documente ces massacres pour l’époque de 1993 à 2003, est resté lettre morte jusqu’à présent.

Dans les pas de Jean Paul II

Durant sa visite de consolation et d’encouragement, François s’inscrira dans les pas de saint Jean Paul II, qui s’y était rendu à deux reprises, d’abord en 1980 puis en 1985.

Selon le site Vatican News, l’évêque de Goma Willy Ngumbi souligne que la visite du Saint-Père sera un signe de réconfort, de paix et d’encouragement pour l’est de la République démocratique du Congo qui souffre non seulement de l’insécurité, due aussi aux conflits territoriaux, mais aussi de catastrophes naturelles. Il fait allusion à l’éruption du volcan Nyiragongo en mai 2021, avec des conséquences désastreuses.

« Nous sommes dans une situation où nous avons besoin d’une parole de consolation, de réconciliation, de paix et de fraternité », affirme-t-il, soulignant que cette visite est attendue avec joie par une population qui a besoin de signes d’espérance (il existe des déplacés du volcan qui ne sont pas encore relogés). « Que l’on voie que le Saint-Père vient parce qu’il a de la compassion pour nous, qu’il connaît notre situation ; car c’est un amour de Père qui l’anime. Que sa visite nous aide à nous réconcilier entre nous, afin de travailler ensemble à restaurer la justice sociale, la paix et la charité », souhaite l’évêque de Goma.

Raviver l’espérance des Congolais

Le pape François est très apprécié dans le pays car il est abondamment intervenu à propos de la situation douloureuse du pays, que ce soit sur les violences locales ou l’éruption du volcan près de Goma, comme le souligne la lettre de bienvenue de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).

Les Congolaises sont d’autant plus sensibles à la venue du Saint-Père qu’elles sont des dizaines de milliers dans l’est du pays à avoir été victimes de violences fondées sur le genre. Le viol est utilisé comme une arme de guerre, comme le rappelle régulièrement le Dr Mukwege, prix Nobel de la paix, qui opère les victimes à Bukavu, au sud du lac Kivu. L’Église catholique est aussi engagée dans l’accueil et la réintégration des victimes de ces violences, dont personne ne parle plus dans les médias.

Selon les évêques de la Cenco, « le Saint-Père vient donc à nous en bon berger qui ne veut perdre aucune de ses brebis. II vient raffermir les fidèles catholiques dans la foi des apôtres, réconforter ses frères dans l’épiscopat, partager nos joies et nos peines, et raviver l’espérance du peuple congolais meurtri par les tribulations de toutes sortes. II vient sans doute nous prêcher la joie de l'Évangile. »

B.Ugeux sur  www.lavie.fr 

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