lundi 6 septembre 2021

Pour que l’exclusion ethnique ou culturelle ne soit plus une fatalité… (06 sept. 2021)

 


Une des raisons principales des tensions meurtrières en Afrique centrale est la pratique largement répandue de l’exclusion ethnique. La formation des religieux veut prévenir ces divisions.

On sait que la situation dans la région des Grands Lacs est encore marquée par des conflits ethniques qui ont entraîné de graves violences.  Elles ont laissé partout de profondes traces. Or, malgré des efforts louables et généreux,  les exclusions se poursuivent, qu’elles soient matérielles (affrontements armés) ou structurelles (refus de la liberté d’expression ou exclusion de la participation au pouvoir). C’est le résultat d’une longue histoire marquée par l’ethnocentrisme – favorisé parfois par la colonisation – qui a contaminé les Eglises elles-mêmes. Tout cela repose sur le refus – ou l’incapacité - d’accepter l’autre avec sa différence, de considérer l’altérité comme source d’enrichissement et non comme une menace pour sa propre identité. Notons que cette difficulté à honorer la différence se retrouve aussi dans des pays dits plus « évolués » comme les démocraties occidentales. L’incapacité ou  le refus d’accueillir l’étranger et de partager volontairement sa richesse avec lui, et aussi de s’enrichir de lui,  donne un spectacle navrant aux nations du Sud. L’histoire de l’humanité montre cependant qu’il est utopique d’empêcher un flux migratoire massif et que la seule façon de le gérer est de négocier avec les groupes en présence en vue de respecter toutes les identités concernées. Cela demande du temps et de la générosité. Ce dont manque parfois dramatiquement l’Occident…

J’ai l’occasion de donner des sessions d’initiation au vivre ensemble entre cultures différentes, en plusieurs points du Congo, au Burundi, au Burkina Faso, etc. Un des fruits de la catholicité est  la création et la présence de congrégations internationales à travers toute l’Afrique, importées ou nées sur place. Leur existence représente à la fois un défi et une espérance. Une espérance car elles sont appelées à être des laboratoires d’expérimentation d’une mondialisation vécue positivement grâce à l’accueil des différences au quotidien. Un défi quand les jeunes en formation dans une congrégation internationale – et parfois nationale -  sont invités à construite une communauté fraternelle authentique alors qu’ils descendent parfois des bourreaux et des victimes des violences perpétrées dans leurs pays d’origine. Déjà avant ces événements, il existait de nombreuses représentations de l’autre chargées de clichés non critiqués. Mais en outre, ils sont les dépositaires de mémoires blessées et d’identités meurtries ou meurtrières.

Lors des remontées de travaux de groupe dans le cadre d’une session réunissant une demi-douzaine de congrégations de diverses origines ethniques ou nationales, ce qui frappait d’emblée, c’était la découverte de la pleine humanité de l’« autre ». C’est aussi la prise de conscience du nombre de valeurs profondes que les participants ont en commun (accueil, solidarité, hospitalité), même si la façon de les vivre ou de les ritualiser au quotidien est différente. Ils ont réalisé alors que sous la diversité des traditions, il y a l’humanité profonde de tout être humain. Toute culture essaie de répondre à certaines questions de fond comme : qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Il n’existe pas de vie humaine qui n’ait expérimenté  un jour positivement ou négativement les grands événements de la vie que sont l’amour, la fragilité, la mort, le conflit et la réconciliation. Ils ont réalisé qu’en tenant mieux compte de leur héritage commun d’humanité, ils peuvent dépasser – en les respectant ou en les négociant – les aspects de la vie quotidienne qui, dans les petites choses, heurtent leur sensibilité.

Vivre la pluriculturalité dans une dynamique d’interculturalité, c’est découvrir sa propre identité, la richesse de la diversité humaine dans les cultures et les religions  du monde et devenir acteurs d’une mondialisation respectueuse des différences. Car la mondialisation interroge la vie religieuse et parfois interpelle les conseils évangéliques. Comment un jeune d'aujourd'hui qui s’inscrit dans la dynamique de la mondialisation peut-il opter de façon positive – et non comme un refuge – pour la chasteté, la pauvreté et l’obéissance ? Voilà aussi un des thèmes de plus en plus souvent traités ces jours-ci dans la formation des jeunes religieux… Et quelle joie quand une foule immense assiste aux vœux perpétuels de trois jeunes carmélites d’origines culturelles différentes, dans la cathédrale de Bukavu. A cause de son expérience bimillénaire de la catholicité – et dans la mesure où celle-ci n’est pas confondue avec l’uniformité, comme c’est encore parfois le cas – l’Eglise devient signe et source d’une universalité créatrice au service de la justice, de la réconciliation et de la paix.

 

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