mercredi 16 juin 2021

Beaucoup de jeunes africains aspirent à la démocratie…au prix de leur personne.

 Beaucoup de jeunes africains aspirent à la démocratie…au prix de leur personne.


La situation dans les Grands Lacsde l’Afrique centrale illustre cette tendance.

Les soubresauts de nombreux pays d’Afrique dans le domaine de la démocratie (particulièrement autour des lacs Edouard, Kivu, et Tanganyika) s’expriment par une mobilisation croissante d’une jeunesse qui s’engage.

On constate qu’actuellement la plupart des chefs d’état des pays d’Afrique centrale, presque tous des militaires, ont obtenu d’une façon ou d’une autre une prolongation de mandat qui n’était pas prévue au départ dans la constitution de leur pays. D’autres s’y attellent actuellement. Cette situation provoque de nombreuses réactions internationales, en Afrique et dans la communauté internationale, surtout lorsque durant ces tentatives ou après leur aboutissement les assassinats se multiplient, que ce soit lors d’émeutes ou dans des attaques ciblées. Ce qui est impressionnant, c’est la prise de conscience de plus en plus vive de leurs droits par les populations concernées. Il arrive certes que des manifestations pacifiques soient infiltrées par des provocateurs, payés parfois par le parti au pouvoir lui-même, et que les celles-ci dégénèrent. Pourtant, il serait trop facile d’en imputer systématiquement la responsabilité à la société civile. Quel intérêt l’organisateur d’une marche pacifique aurait-il de la voir dégénérer en violences et en pillages s’il veut obtenir démocratiquement gain de cause ?

On est frappé de voir la détermination de certains mouvements de défense des droits humains, auxquels de plus en plus de jeunes s’intéressent. En effet, dans certains pays, le plus grand nombre de jeunes diplômés sont au chômage alors qu’ils voient leurs responsables politiques jouir d’un train de vie provoquant. Leur détermination s’exprime dans les grands risques que prennent ces manifestants lorsqu’ils s’engagent sur une avenue avec leurs calicots en sachant qu’il est probable qu’on leur tirera dessus avec des balles réelles, parfois à la hauteur de la tête ou de la poitrine. Ou bien que s’ils se font prendre, même s’ils manifestent pacifiquement, ils feront l’objet de procédures expéditives et de conditions inhumaines d’emprisonnement. Or, de pays en pays, et de manifestations en manifestations, il y en a de plus en plus qui se présentent et prennent de tels risques. Il est surprenant que certains gouvernements n’aient pas encore compris que la meilleure manière d’encourager un mouvement de protestation est de faire des martyrs, par balle ou par procès trafiqué. Car alors les survivants n’ont qu’une préoccupation, se montrer à la hauteur de leurs martyrs, avec tous les risques de surenchère que cela peut entraîner de part et d’autre.

Quand verrons-nous, dans cette région, triompher la priorité aux droits humains et le respect du bien commun ? Les Eglises ont aussi un rôle important à jouer dans ce domaine, au niveau de la médiation lors des événements tout comme par l’éducation à la citoyenneté où les chrétiens devraient donner l’exemple. Mais comment se fait-il que, dans certains pays, tant d’élites corrompues ont reçu une bonne partie de leur formation dans des établissements chrétiens ? N’y a-t-il pas là une invitation pour les Eglises à revoir leurs priorités éducatives qui ne peuvent se limiter à l’excellence académique de diplômes… ? Qu’en est-il de l’enseignement social de l’Eglise, par exemple, pour les catholiques ? La formation des consciences et au discernement est sans doute la meilleure prévention contre la violence, de quelque bord qu’elle provienne.

Bernard Ugeux

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