jeudi 6 mai 2021

L’élimination d’un militant des droits humains au Congo prend une dimension internationale. (le 06 mai 2021)

L’élimination d’un militant des droits humains au Congo prend une dimension internationale. Ce 2 juin, toute la population congolaise était en état de choc à l’annonce par Radio-Okapi de cette nouvelle : « Le corps de Floribert Chebeya retrouvé sans vie à Mitendi. Porté disparu depuis le mardi 1er juin, le corps du directeur exécutif de l’ONG de défense des Droits de l’Homme la « Voix des Sans Voix » a été retrouvé par la police ce mercredi 2 juin dans la matinée à bord de sa voiture sur la route de Matadi vers Mitendi, dans la périphérie de Kinshasa. Disparu depuis hier aussi, on n’est toujours sans nouvelles de Fidèle Bazana, le chauffeur de Floribert Chebeya ». Depuis lors, malgré une vaste mobilisation, son chauffeur n’aurait pas encore été retrouvé. Pourquoi un tel émoi ? Parce que Floribert Chebeya dirigeait une des organisations de défense des droits humains les plus importantes et les plus respectées du Congo, basée à Kinshasa, la capitale. Il faisait partie des défenseurs des droits humains congolais les plus actifs, dénonçant régulièrement les atteintes commises par les services de sécurité du pays et le gouvernement, et ce, depuis de nombreuses années. Cela faisait longtemps que Chebeya faisait l’objet de menaces et de mesures d’intimidation de certaines autorités du fait de son travail. Ces dernières semaines, il avait signalé qu’il se pensait à nouveau placé sous la surveillance des services de sécurité. L’onde de choc de cette nouvelle s’est rapidement propagée à toutes les ONG congolaises et aussi internationales qui défendent les droits humains. On note la virulence et la rapidité des réactions des ONG, qui ont aussitôt envoyé au Président de la République une pétition avec 55 signatures nationales et internationales revendiquant une enquête indépendante. Cela s’explique par le fait que plusieurs militants pour les droits humains, dont deux journalistes de Bukavu, ont été assassinés ces dernières années sans que les coupables aient été jamais désignés de façon convaincante. Or, ici, la réputation internationale de F. Chebeya a poussé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon lui-même à prendre position et à demander une enquête indépendante et internationale. L’ONU a proposé ses services. Des ambassades européennes ont aussi réagi et certaines ont proposé leur aide pour l’enquête. Rapidement, le Président Kabila a pris position en exigeant toute la vérité et en suspendant l’inspecteur général de la police national, John Numbi avec qui F. Chebeya avait précisément rendez-vous la veille au soir mais qu’il n’a pas pu rencontrer. Depuis lors, d’autres officiers de police haut-gradés ont été mis aux arrêts. En outre, la demande des ONG semble avoir été été prise au sérieux car une équipe de médecins légistes hollandais vient de quitter Kinshasa où ils ont effectué une autopsie de la dépouille mortelle. Il faudra attendre quatre à cinq semaines pour en connaître les conclusions. Cette démarche rassurera-t-elle les défenseurs des droits humains du pays et du monde, l’avenir le dira. En effet, comme toujours dans ces situations, il faut se poser la question : à qui le crime profite-t-il ? Certains Congolais disent que c’est parce que la victime avait critiqué la venue du Roi des Belges Albert II aux célébrations du cinquantenaire de l’indépendance du Congo qui aura lieu le 30 juin prochain. Il aurait estimé que la situation de la démocratie du Congo ne justifiait pas cette invitation. Mais selon plusieurs collaborateurs du patron de «La Voix des Sans-Voix», cette thèse ne tiendrait pas. On sait que le militant travaillait sur des dossiers autrement plus sensibles comme sur les massacres perpétrés au Bas-Congo notamment début 2007 et sur une série d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées. Ils incrimineraient de hautes autorités de la Police. Pour les tenants de l’incrimination de l’Etat congolais lui-même, les déclarations gouvernementales ne seraient que de la poudre aux yeux. Mais alors pourquoi le gouvernement aurait-il autorisé ces médecins légistes à pratiquer une autopsie ? Parce que le corps aurait été déjà traité de façon à ne rien révéler ? Une autre hypothèse serait que des opposants au régime actuel auraient perpétré le meurtre de cet illustre militant, afin de ternir l’éclat des célébrations du cinquantenaire de l’ indépendance du Congo qui approchent à grand pas et porter ainsi préjudice au Président de la République. Quoi qu’il en soit, l’émotion nationale et internationale suscitée par la mort de ce militant pourra peut-être permettre d’exhumer un certains nombres de dossiers classés sans suite que la situation actuelle encourage à revisiter. Les observateurs constatent la réelle liberté d’expression des radios et des quotidiens dans le traitement et les commentaires de cet événement (ils restent cependant en grande partie dépendant des déclarations officielles) . Ce drame sera-t-il un jour élucidé ? En tout cas, espérons que la mobilisation en cours augure d’une nouvelle ère de prise de responsabilité citoyenne. La notoriété du militant des droits humains assassiné à Kinshasa a provoqué une forte émotion et une rapide réaction nationale et internationale. Elle est aussi l’occasion d’une mobilisation des ONG et de la presse qui prennent des positions critiques avec une grande liberté d’expression pour le moment.

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