jeudi 13 mai 2021

Le rap au secours de la paix dans les Grands Lacs d’Afrique (le 13 mai 2021)


Le rap au secours de la paix dans les Grands Lacs d’Afrique 


C’est grâce au rap que des milliers de jeunes se sont rassemblés à Goma libéré pour un festival au service de la Paix.

En novembre 2012, la ville de Goma (RDC, Nord-Kivu) était envahie par les mutins du M23 et l’année dernière elle fut bombardées par ces mêmes forces dont on connaît les soutiens étrangers. Ce fut la panique totale. Aujourd’hui, des milliers de jeunes en quête de paix ont envahi Goma pour écouter leurs rappeurs préférés comme Lokua Kanza, Lexxus Legal et Innocent Balume, etc. et bien d’autres anonymes.

Le Festival de musique et de danse Amani (qui signifie paix) a été organisé au Foyer Culturel de Goma, du 14 au 16 février. Des milliers de jeunes de plusieurs nationalités et ethnies ont exprimé leur volonté de bâtir ensemble la paix.  700 volontaires ont préparé cette rencontre sous l’impulsion d’Eric de la Motte son initiateur. Il lui a fallu beaucoup de détermination, car programmé pour l’année dernière, il a dû être annulé à cause de la guerre. Provenant de ces pays dont les gouvernements sont accusés par l’ONU de complicité avec les mutins, ces jeunes se sont joints aux Congolais pour exprimer leur ras l’bol de la guerre et de la violence, qui sont aussi entretenus par l’impunité et certaines complicités locales. Le festival a été soutenu par les casques bleus et parrainé par l’épouse du Président de la république.

Le promoteur du festival précise : « Les jeunes sont à la base de l’organisation de cet évènement. Ces jeunes n’ont jamais connu la paix. Ils ont 20 ans, 25 ans et ils rêvent d’un changement de situation dans lequel les 20 millions d’habitants du Kivu connaissent un développement socio-économique qui nécessite la paix », il ajoutait, la veille du festival   : «Nous avons pour espoir que ce festival devienne un moyen de rapprochement entre les peuples. La réalisation d’un tel festival à Goma, ouvert à tous les habitants de la région des Grands Lacs, rassemblant des artistes internationaux mais également ceux représentatifs des différents groupes et ethnies de la région, sera un élément fédérateur de paix, de réconciliation ainsi qu’un moyen d’attirer l’attention internationale sur une région magnifique où la population, en majorité jeune, est sacrifiée depuis trop longtemps».

Une déclaration de paix a été proposée aux participants qui l’ont signée en masse :

Un extrait dit : « Notre génération n’a pas connu la paix. Cela doit changer. Nous chantons la paix car elle est notre seul espoir. Le Nord-Kivu et notre population ne  l’ont jamais autant désirée. Nous lançons donc un appel solennel pour que la paix soit portée par tous et pour que l’intérêt du bien commun soit dorénavant la première priorité de toutes nos actions. Chacun doit y apporter sa contribution. En effet, ce n’est qu’ensemble, tous unis, que la paix redeviendra une réalité vivante et dynamique, source d’espoir et de développement. Nous sommes aujourd’hui tous rassemblés par-delà les frontières pour appeler à la paix. Nous lançons un appel solennel et vibrant pour que notre cri, espoir d’un avenir meilleur, soit partout entendu, compris et suivi d’actions. Vive la paix ! »

Le chanteur Lokua Kanza dont le spectacle a clôturé le festival a déclaré que sa présence à cette manifestation était un devoir. « Moi je pense que pour un artiste être là est un devoir. On doit être là », a-t-il expliqué.

« L’objectif poursuivi est atteint au niveau culturel, au niveau du rassemblement et pour l’appel à la paix », s’est réjoui l’initiateur du festival, Eric de La Motte.

 

Une fois de plus, c’est la culture et la musique qui représentent la meilleure réponse à la violence, au racisme ou au tribalisme au niveau des jeunes. Cependant, s’il y a eu des milliers de jeunes pour chanter et danser sur la paix, au même moment des milliers d’autres jeunes et d’enfants du même âge sont recrutés, drogués et envoyer combattre comme on l’a constaté avec le mouvement des mutins M23 et d’autres groupes armée qui sévissent dans la région aujourd’hui (on parle de 40 groupes de diverses obédiences).

Actuellement la Monusco (ONU au Congo) avec le gouvernement congolais veulent la démobilisation de ces jeunes armés pour qu’ils rentrent dans la vie normale. Mais ces jeunes nous disent : « Ils n’ont rien à nous proposer comme réinsertion, à part pour une minorité dans l’armée et la police ! ». C’est pourquoi plusieurs ont accepté leur démobilisation… mais sans amener leurs armes. Ils verront si leur pays a vraiment un espoir d’avenir à leur proposer… sinon ils reprendront la lutte armée.

En outre,  ils sont des millions de leur âge qui n’ont pas pris les armes, qui trainent désœuvrés dans les villes,  dont des milliers de diplômés, qui n’ont presque aucune chance de trouver du travail. L’enjeu est de taille et l’avenir ne commence qu’à se dégager un petit peu… Ici, on présente souvent le jeunesse comme une « bombe à retardement »…

Bref, que cet événement musical et ludique apporte l’espoir à ces peuples meurtris et que la communauté internationale (qui s’enrichit souvent des trafics de cette région immensément riche) aillent jusqu’au bout de ses engagements pour la paix dans cette région.

http://radiookapi.net/actualite/2014/02/17/cloture-du-festival-amani-goma/

Photo : un des artistes aux préparatifs du festival de Goma.

 

Bernard Ugeux

 

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