lundi 31 mai 2021

Arusha (Tout accueillir, tout recueillir, tout offrir…) (31 mai 2021)

Tout accueillir, tout recueillir, tout offrir…


Comment des missionnaires d’Afrique peuvent profiter de moments privilégiés pour relire ensemble sous le regard de Dieu le chemin parcouru …

L’écoute est intense et les regards sont intériorisés alors que mon voisin parle d’une voix calme, traversée à certains moments par l’émotion, quand son récit touche une expérience positive ou négative dont les traces sont restées profondes.  Ils sont treize, réunis en cercle plus les deux « facilitateurs » qui n’interviennent pas mais veillent au respect du cadre et de l’esprit de la rencontre. Ils sont tous prêtres, missionnaires, d’une moyenne d’âge entre 35 et 40 ans, et ont déjà entre 5 et 6 dans de ministère. Originaires de toute l’Afrique, d’Europe et d’Asie (Inde et Philippines), ils ont laissé leur paroisse ou un autre lieu d’apostolat pour se réunir dans cette ville du Nord de la Tanzanie, venus de Jérusalem à l’Afrique du Sud, en passant par le Soudan, l’Ethiopie et une diversité de pays de l’Afrique centrale et de l’Est. Tous travaillent en dehors de leur pays d’origine. Cette diversité des nationalités, de pays d’insertion, de responsabilités et d’expériences, ils la connaissent depuis longtemps, puisque l’internationalité puis l’intercontinentalité font partie de la formation depuis les débuts…

Joie des retrouvailles entre confrères de la même année ou du même pays, qui ne se sont parfois plus revus de longue date, plaisir d’évoquer les moments drôles et bousculés de leurs années de formation. Gravité aussi, liée aux nouvelles parfois difficiles provenant des divers lieux d’engagement. La joie et le sérieux s’entremêlent alors que vient de commencer une rencontre de trois semaines dont la plupart ne repartiront pas comme ils sont arrivés. En effet, cette rencontre compte parmi les nombreuses propositions de formation continue qu’offre la Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) à ses membres. Comme le soulignait un des intervenants, d’une autre congrégation missionnaire : « réalisez-vous le cadeau que vous offre votre société en vous permettant de vous arrêter ainsi pendant trois semaines dans ce cadre privilégié ? »  La plupart en sont convaincus, ne fut-ce qu’à la suite de la réaction des laïcs, des prêtres diocésains et des religieux d’autres congrégations quand ils ont annoncé : « Je serai absent pour un mois, je pars pour une rencontre avec les frères de ma génération pour, durant trois semaines, revisiter nos premières années de ministère ». Combien de laïcs mariés, de professionnels, de diocésains seraient heureux de pouvoir se permettre une si longue pose dans un tel contexte.

Certes, il ne s’agit pas de vacances, même si le rythme est détendu et quelques pauses touristiques au programme. Il ne s’agit pas non plus d’une retraite en silence, même si un climat spirituel est demandé pour l’ensemble de la démarche. Il s’agit d’un temps de relecture qui fait le charme – et l’exigence – de la tradition ignatienne à laquelle les Missionnaires d’Afrique appartiennent. Une relecture personnelle et communautaire, tant d’un point de vue humain et spirituel qu’apostolique. Un temps pour revisiter calmement, sous le regard de Dieu et avec l’écoute des frères, les joies fortes et les grandes épreuves des débuts de leur ministère. L’engagement à la confidentialité et la création d’un espace d’empathie permet d’aller loin dans la vulnérabilité, humblement, parfois, douloureusement et aussi dans l’action de grâce.  Comment ne pas être touché quand, après le récit de parcours difficiles, la conclusion tombe : mais je suis toujours heureux d’être prêtre et missionnaire ?

Toute une semaine est consacrée à ce temps d’écoute où chacun a l’occasion de s’exprimer sans être interrompu, dans l’ouverture et la confiance. A la fin de la semaine, c’est la reconnaissance qui domine : non, je ne suis pas le seul à avoir connu des moments de doute, de découragement, de chute et de relèvement. Oui, il y a une réelle convergence entre nos partages même si chaque histoire est unique et sacrée… Oui, la grâce du ministère non seulement ne gomme pas notre humanité avec ses fragilités, mais nous permet de mieux assumer notre humanité dans notre spiritualité. Certains parlent d’un moment de guérison… Ainsi, en fin de semaine, sont rassemblés les domaines importants qui ont été touchés par les partages, les questions qui méritent approfondissement, les sujets pour lesquels il y a un besoin de complément d’information ou de formation. Les facilitateurs, de leur côté, ont pris quelques contacts au préalable avec d’éventuelles personnes ressources qui sont à la disposition du groupe si celui-ci les demande. Car ce sont bien les participants qui fixent les horaires, le rythme et une grande partie du programme.

Dans les deux semaines d’approfondissement qui suivent le partage, il n’y a pas de sujet tabou ou incongru. Qu’il s’agisse de la construction d’une solide vie de communauté, d’une meilleure connaissance de soi sur le plan affectif, d’une vigilance à propos des addictions, d’une bonne gestion financière ou d’engagements pour la justice, la paix, le dialogue…. Toutes ces questions sont abordées en lien avec l’expérience de l’intervenant et des participants. Le niveau est exigeant mais évite tout académisme superflu. Les jeunes prêtres qui sont là veulent du pratique, ils assument tous déjà des responsabilités importantes, un bon nombre est curé, parfois après seulement quelques années d’ordination. La charge que porte un jeune prêtre ou religieux en Afrique oblige à beaucoup de réalisme et à une volonté de travailler en commun.  Surtout quand certaines paroisses comptent une soixantaine de chapelles réparties sur une centaine de km, ou bien que le jeune prêtre est déjà responsable d ‘un travail de discernement de vocations… Une des forces des Missionnaires d’Afrique, c’est l’engagement de la Société à garantir autant que possible une communauté d’au moins trois membres pour tout engagement pastoral institutionnel.

La tradition de ces rencontres a montré que pour la plupart des participants, c’est un temps de renouvellement de l’alliance, de dynamisation pour l’apostolat, de renforcement de la solidarité entre eux et avec la Société. Cela peut être aussi, parfois, une étape de prévention par rapport à certains risques de dérive… Plus tôt on s’y prend, mieux on se ressaisit… C’est aussi l’occasion d’une profonde action de grâce pour ce que le Dieu de miséricorde fait encore aujourd’hui pour, au sein de et par les Eglises d’Afrique.

La chance d’une telle rencontre n’est pas exceptionnelle. De nombreuses sessions de formation continue sont proposées tout au long de la vie du missionnaire. Déjà, après trois ans de ministère, les confrères ont pu prendre une semaine dans leur Province pour relire ensemble leurs premiers pas. Après la rencontre actuelle de trois semaines dans la foulée des 5-6 première années de ministère, la Société leur propose une session de trois mois dite du « Milieu de la vie » qui permet de faire le point durant la quarantaine. En outre, à tous, dans le cadre de temps sabbatiques, sont proposées deux sessions de trois mois à Jérusalem, pour un renouveau biblique, apostolique et spirituel. Par ailleurs, ceux qui atteignent les 65 ans peuvent s’arrêter trois semaines à Rome pour se poser et reprendre ce qui a fait les grands moments de leur vie alors qu’ils doivent penser à ralentir et à réajuster leurs engagements. Quant aux septuagénaires qui, pour la plupart, quittent définitivement l’Afrique, une dernière session de deux semaines et demi est proposée pour envisager l'étape finale de leur vie et découvrir ensemble comment rester encore et toujours missionnaires… dans la sérénité face à la dernière ligne droite… qui est parfois couchée…

Bref, même si toutes les sessions ne sont pas parfaites et si un certain nombre n’en profitent pas – parfois ceux qui en ont le plus besoin- comment ne pas reconnaître à quel point les destinataires de cette formation continue sont favorisés dans un monde où l’accélération est privilégiée par rapport au recueillement et l’éparpillement par rapport par à l’enracinement.

 

 

Bernard Ugeux



D’autres années, des Frères participent à la même session, au titre de leur serment commun au service de l’Afrique.

vendredi 21 mai 2021

L’Eglise d’Afrique est obligée de prendre des positions politiques (le 21 mai 2021)

 

L’Eglise d’Afrique est obligée de prendre des positions politiques

Dans plusieurs pays d’Afrique, les conférences épiscopales sont contraintes par les évènements à se positionner.

En Afrique, de plus en plus, les Eglises sont la dernière ressource pour la liberté d’expression. Les évêques se sentent responsables de s’exprimer au nom du peuple ou de se situer par rapport à des processus politiques où on essaie parfois de les embarquer. C’est le cas récemment de la RCA où l’archevêque de Bangui dément avoir signé un accord préparé par Sant Egidio et divers représentants officiels du pays.

Au Cameroun, on dénonce la mort « mystérieuse » il y a quelques jours de Mgr Bala, qui n’est pas premier prélat décédé de mort violente dans ce pays.

Tout récemment aussi, en Zambie, le 23 avril 2017, Mgr Mpundu Archevêque de Lusaka, au nom de la Conférence épiscopale et en lien avec d’autres Eglises, a mis en demeure le gouvernement de cesser ses intimidations et ses violences pour maintenir la majorité au pouvoir. Sa lettre s’intitule « Si tu veux la paix, travaille pour la justice » (Paul VI).

La lettre dénonce l’usage massif, disproportionnée et complètement non nécessaire de la force dans l’arrestation récente d’un opposant. Cela n’a que renforcé les tensions entre le parti au pouvoir et l’opposition. Ces pratiques affectent la vie de nombreux citoyens qui vivent dans la peur et l’absence de liberté d’expression. Elle dénonce la brutalité de la police, les arrestations arbitraires, la torture des suspects et les déclarations irresponsables des autorités politiques.

La démocratie n’est plus respectée, disent-ils. Depuis la crise des dernières élections (août 2016), le mal n’a pas été attaqué à la racine. L’Etat doit cesser d’utiliser les forces de l’ordre pour intimider l’opposition. Ce dont le pays a besoin, c’est d’une démarche de réconciliation nationale, dans la dialogue. Or le pouvoir judiciaire ne fait rien dans ce sens dans sa façon d’appliquer la justice.

Tout cela vient de l’opinion répandue depuis longtemps dans le pays que la concurrence politique consiste à annihiler et réduire au silence les opposants une fois qu’un parti est au pouvoir. C’est la racine de l’intolérance et de la violence.

Les évêques demandent que le gouvernement actuel inverse cette tendance inquiétante et dangereuse. Le pays est dominé par la corruption et le mauvais usage des fonds publics, mais il est interdit de les dénoncer. L’usage est que le parti au pouvoir utilise le « Public Order Act » pour se maintenir à tout prix.

Une culture du silence empêche le dialogue et toute réconciliation. Les Eglises se sont engagées pour la réconciliation et restent disposées à renouer le dialogue pour contrer l’intimidation qui domine dans le pays. Elles se mettent à la disposition du gouvernement.

Beaucoup de rapprochements sont possibles entre les positions de l’épiscopat zambien et celles des évêques de la RD Congo. Ceux-ci aussi se préoccupent d’une confiscation du pouvoir du peuple par une minorité, au nom de la majorité.

Février 2017 : un Message de l’Assemblée Plénière Extraordinaire des Evêques Membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) demandant l’application des décisions prises à la Saint Sylvestre 2016. Le blocage que les évêques constatent et les foyers de violence dans le pays qui se multiplient les inquiètent quant à la paix et l’unité du pays et la possibilité d’organiser des élections fin 2017 comme cela avait été conclu entre majorité et opposition dans un compromis fin 2016.

Cette lettre n’a eu aucun effet, au contraire, le gouvernement a pris le contrepied des engagements de décembre, ce qui a entrainé les évêques à écrire un autre message à la nation.

Juin 2017 : Il y a quelques jours, dans un rapport intitulé « le pays va très mal » issu de leur assemblée plénière ordinaire, les évêques ont exprimé leur profond inquiétude et ont affirmé :  «La sortie pacifique de la crise actuelle exige la tenue des élections présidentielles, législatives et provinciales avant décembre 2017 tel que prévoit l’accord politique du 31 décembre 2016».

Ils déplorent « les restrictions du droit à la liberté d’expression et l’interdiction des manifestations pacifiques toujours croissantes (…) ainsi que la répression des mouvements de contestation pacifique qui va parfois jusqu’à l’usage excessif de la force ».

 « La situation misérable dans laquelle nous vivons aujourd’hui est une conséquence de la persistante crise sociopolitique due principalement à la non-organisation des élections conformément à la constitution de notre pays », ajoutent-ils.

La CENCO déplore par ailleurs le manque de volonté de certains politiques qu’elle accuse de chercher à brouiller complètement les contenus de cet accord afin de retarder notamment la tenue des élections dans les délais prévus.

« Au mépris de la souffrance de la population, les acteurs politiques multiplient des stratégies pour vider l’accord du 31 décembre de son contenu, hypothéquant ainsi la tenue des élections libres, démocratiques et apaisées », constatent-ils.

Trois jours après, le président de la République a réagi violemment, « Vous voulez créer le désordre ! », lors d’une réunion le lundi 26 juin à Lubumbashi, au sud-est du pays. « Vous nous menacez s’il n’y a pas les élections en décembre prochain. Vous dites que c’est décembre ou rien ! », a-t-il poursuivi. Il a déclaré qu’on ne pouvait pas organiser les élections si on ne pouvait enrôler les électeurs au Kasaï où des combats font rage depuis un an. Plus de 3000 morts, 50 fosses communes, plus d’un million de déplacés… Or les gens dans la rue se demandent aujourd’hui qui avait intérêt à provoquer ces massacres. On attend donc les résultats des enquêtes de l’ONU, sérieusement bridée dans cette affaire, et des autorités judiciaires militaires nationales.

Le président avait déclaré lors de son récent passage en Afrique du Sud qu’en RDC la dialogue était permanent. Espérons donc que cela se vérifie au moment où le pays est en grande tension, alors que les évêques ont le sentiment d’avoir été manipulé dans le cadre de la médiation qui leur avait été demandée l’an dernier par les autorités.

Ceci démontre que la neutralité proverbiale de l’Eglise catholique dans le domaine politique se décline différemment selon les époques et les continents… Affaire à suivre…

 

jeudi 13 mai 2021

Le rap au secours de la paix dans les Grands Lacs d’Afrique (le 13 mai 2021)


Le rap au secours de la paix dans les Grands Lacs d’Afrique 


C’est grâce au rap que des milliers de jeunes se sont rassemblés à Goma libéré pour un festival au service de la Paix.

En novembre 2012, la ville de Goma (RDC, Nord-Kivu) était envahie par les mutins du M23 et l’année dernière elle fut bombardées par ces mêmes forces dont on connaît les soutiens étrangers. Ce fut la panique totale. Aujourd’hui, des milliers de jeunes en quête de paix ont envahi Goma pour écouter leurs rappeurs préférés comme Lokua Kanza, Lexxus Legal et Innocent Balume, etc. et bien d’autres anonymes.

Le Festival de musique et de danse Amani (qui signifie paix) a été organisé au Foyer Culturel de Goma, du 14 au 16 février. Des milliers de jeunes de plusieurs nationalités et ethnies ont exprimé leur volonté de bâtir ensemble la paix.  700 volontaires ont préparé cette rencontre sous l’impulsion d’Eric de la Motte son initiateur. Il lui a fallu beaucoup de détermination, car programmé pour l’année dernière, il a dû être annulé à cause de la guerre. Provenant de ces pays dont les gouvernements sont accusés par l’ONU de complicité avec les mutins, ces jeunes se sont joints aux Congolais pour exprimer leur ras l’bol de la guerre et de la violence, qui sont aussi entretenus par l’impunité et certaines complicités locales. Le festival a été soutenu par les casques bleus et parrainé par l’épouse du Président de la république.

Le promoteur du festival précise : « Les jeunes sont à la base de l’organisation de cet évènement. Ces jeunes n’ont jamais connu la paix. Ils ont 20 ans, 25 ans et ils rêvent d’un changement de situation dans lequel les 20 millions d’habitants du Kivu connaissent un développement socio-économique qui nécessite la paix », il ajoutait, la veille du festival   : «Nous avons pour espoir que ce festival devienne un moyen de rapprochement entre les peuples. La réalisation d’un tel festival à Goma, ouvert à tous les habitants de la région des Grands Lacs, rassemblant des artistes internationaux mais également ceux représentatifs des différents groupes et ethnies de la région, sera un élément fédérateur de paix, de réconciliation ainsi qu’un moyen d’attirer l’attention internationale sur une région magnifique où la population, en majorité jeune, est sacrifiée depuis trop longtemps».

Une déclaration de paix a été proposée aux participants qui l’ont signée en masse :

Un extrait dit : « Notre génération n’a pas connu la paix. Cela doit changer. Nous chantons la paix car elle est notre seul espoir. Le Nord-Kivu et notre population ne  l’ont jamais autant désirée. Nous lançons donc un appel solennel pour que la paix soit portée par tous et pour que l’intérêt du bien commun soit dorénavant la première priorité de toutes nos actions. Chacun doit y apporter sa contribution. En effet, ce n’est qu’ensemble, tous unis, que la paix redeviendra une réalité vivante et dynamique, source d’espoir et de développement. Nous sommes aujourd’hui tous rassemblés par-delà les frontières pour appeler à la paix. Nous lançons un appel solennel et vibrant pour que notre cri, espoir d’un avenir meilleur, soit partout entendu, compris et suivi d’actions. Vive la paix ! »

Le chanteur Lokua Kanza dont le spectacle a clôturé le festival a déclaré que sa présence à cette manifestation était un devoir. « Moi je pense que pour un artiste être là est un devoir. On doit être là », a-t-il expliqué.

« L’objectif poursuivi est atteint au niveau culturel, au niveau du rassemblement et pour l’appel à la paix », s’est réjoui l’initiateur du festival, Eric de La Motte.

 

Une fois de plus, c’est la culture et la musique qui représentent la meilleure réponse à la violence, au racisme ou au tribalisme au niveau des jeunes. Cependant, s’il y a eu des milliers de jeunes pour chanter et danser sur la paix, au même moment des milliers d’autres jeunes et d’enfants du même âge sont recrutés, drogués et envoyer combattre comme on l’a constaté avec le mouvement des mutins M23 et d’autres groupes armée qui sévissent dans la région aujourd’hui (on parle de 40 groupes de diverses obédiences).

Actuellement la Monusco (ONU au Congo) avec le gouvernement congolais veulent la démobilisation de ces jeunes armés pour qu’ils rentrent dans la vie normale. Mais ces jeunes nous disent : « Ils n’ont rien à nous proposer comme réinsertion, à part pour une minorité dans l’armée et la police ! ». C’est pourquoi plusieurs ont accepté leur démobilisation… mais sans amener leurs armes. Ils verront si leur pays a vraiment un espoir d’avenir à leur proposer… sinon ils reprendront la lutte armée.

En outre,  ils sont des millions de leur âge qui n’ont pas pris les armes, qui trainent désœuvrés dans les villes,  dont des milliers de diplômés, qui n’ont presque aucune chance de trouver du travail. L’enjeu est de taille et l’avenir ne commence qu’à se dégager un petit peu… Ici, on présente souvent le jeunesse comme une « bombe à retardement »…

Bref, que cet événement musical et ludique apporte l’espoir à ces peuples meurtris et que la communauté internationale (qui s’enrichit souvent des trafics de cette région immensément riche) aillent jusqu’au bout de ses engagements pour la paix dans cette région.

http://radiookapi.net/actualite/2014/02/17/cloture-du-festival-amani-goma/

Photo : un des artistes aux préparatifs du festival de Goma.

 

Bernard Ugeux

 

samedi 8 mai 2021

Sud-Kivu (le 08 mai 2021)

 

Sud-Kivu

Le centre Don Bosco en collaboration avec CERDHO de l’Université Catholique de Bukavu, la faculté des Sciences sociales de l’Université Evangélique en Afrique et le CRECOPAX-GL de l’Université Officiel de Bukavu a organisé un Forum sur le sort des enfants en situation de rue : « Enjeux et perspectives », dans la salle Concordia de l’Archidiocèse de Bukavu à l’intention des responsables des différentes organisations œuvrant dans la protection de l’enfant au Sud-Kivu du 6 au 7 mai 2021.

Ce dernier a été modéré par le Père Missionnaire d’Afrique Bernard Ugeux et co-financé par Germes d’Espérance.

http//:germesdesperance.blogspot.com-forum-sur-les-enfants-de-la-rue

jeudi 6 mai 2021

L’élimination d’un militant des droits humains au Congo prend une dimension internationale. (le 06 mai 2021)

L’élimination d’un militant des droits humains au Congo prend une dimension internationale. Ce 2 juin, toute la population congolaise était en état de choc à l’annonce par Radio-Okapi de cette nouvelle : « Le corps de Floribert Chebeya retrouvé sans vie à Mitendi. Porté disparu depuis le mardi 1er juin, le corps du directeur exécutif de l’ONG de défense des Droits de l’Homme la « Voix des Sans Voix » a été retrouvé par la police ce mercredi 2 juin dans la matinée à bord de sa voiture sur la route de Matadi vers Mitendi, dans la périphérie de Kinshasa. Disparu depuis hier aussi, on n’est toujours sans nouvelles de Fidèle Bazana, le chauffeur de Floribert Chebeya ». Depuis lors, malgré une vaste mobilisation, son chauffeur n’aurait pas encore été retrouvé. Pourquoi un tel émoi ? Parce que Floribert Chebeya dirigeait une des organisations de défense des droits humains les plus importantes et les plus respectées du Congo, basée à Kinshasa, la capitale. Il faisait partie des défenseurs des droits humains congolais les plus actifs, dénonçant régulièrement les atteintes commises par les services de sécurité du pays et le gouvernement, et ce, depuis de nombreuses années. Cela faisait longtemps que Chebeya faisait l’objet de menaces et de mesures d’intimidation de certaines autorités du fait de son travail. Ces dernières semaines, il avait signalé qu’il se pensait à nouveau placé sous la surveillance des services de sécurité. L’onde de choc de cette nouvelle s’est rapidement propagée à toutes les ONG congolaises et aussi internationales qui défendent les droits humains. On note la virulence et la rapidité des réactions des ONG, qui ont aussitôt envoyé au Président de la République une pétition avec 55 signatures nationales et internationales revendiquant une enquête indépendante. Cela s’explique par le fait que plusieurs militants pour les droits humains, dont deux journalistes de Bukavu, ont été assassinés ces dernières années sans que les coupables aient été jamais désignés de façon convaincante. Or, ici, la réputation internationale de F. Chebeya a poussé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon lui-même à prendre position et à demander une enquête indépendante et internationale. L’ONU a proposé ses services. Des ambassades européennes ont aussi réagi et certaines ont proposé leur aide pour l’enquête. Rapidement, le Président Kabila a pris position en exigeant toute la vérité et en suspendant l’inspecteur général de la police national, John Numbi avec qui F. Chebeya avait précisément rendez-vous la veille au soir mais qu’il n’a pas pu rencontrer. Depuis lors, d’autres officiers de police haut-gradés ont été mis aux arrêts. En outre, la demande des ONG semble avoir été été prise au sérieux car une équipe de médecins légistes hollandais vient de quitter Kinshasa où ils ont effectué une autopsie de la dépouille mortelle. Il faudra attendre quatre à cinq semaines pour en connaître les conclusions. Cette démarche rassurera-t-elle les défenseurs des droits humains du pays et du monde, l’avenir le dira. En effet, comme toujours dans ces situations, il faut se poser la question : à qui le crime profite-t-il ? Certains Congolais disent que c’est parce que la victime avait critiqué la venue du Roi des Belges Albert II aux célébrations du cinquantenaire de l’indépendance du Congo qui aura lieu le 30 juin prochain. Il aurait estimé que la situation de la démocratie du Congo ne justifiait pas cette invitation. Mais selon plusieurs collaborateurs du patron de «La Voix des Sans-Voix», cette thèse ne tiendrait pas. On sait que le militant travaillait sur des dossiers autrement plus sensibles comme sur les massacres perpétrés au Bas-Congo notamment début 2007 et sur une série d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées. Ils incrimineraient de hautes autorités de la Police. Pour les tenants de l’incrimination de l’Etat congolais lui-même, les déclarations gouvernementales ne seraient que de la poudre aux yeux. Mais alors pourquoi le gouvernement aurait-il autorisé ces médecins légistes à pratiquer une autopsie ? Parce que le corps aurait été déjà traité de façon à ne rien révéler ? Une autre hypothèse serait que des opposants au régime actuel auraient perpétré le meurtre de cet illustre militant, afin de ternir l’éclat des célébrations du cinquantenaire de l’ indépendance du Congo qui approchent à grand pas et porter ainsi préjudice au Président de la République. Quoi qu’il en soit, l’émotion nationale et internationale suscitée par la mort de ce militant pourra peut-être permettre d’exhumer un certains nombres de dossiers classés sans suite que la situation actuelle encourage à revisiter. Les observateurs constatent la réelle liberté d’expression des radios et des quotidiens dans le traitement et les commentaires de cet événement (ils restent cependant en grande partie dépendant des déclarations officielles) . Ce drame sera-t-il un jour élucidé ? En tout cas, espérons que la mobilisation en cours augure d’une nouvelle ère de prise de responsabilité citoyenne. La notoriété du militant des droits humains assassiné à Kinshasa a provoqué une forte émotion et une rapide réaction nationale et internationale. Elle est aussi l’occasion d’une mobilisation des ONG et de la presse qui prennent des positions critiques avec une grande liberté d’expression pour le moment.

Kinshasa-Kigali, un accord entre Etats mais loin d’être endossé par les groupes rebelles.

  Pour une paix durable à l’Est du pays, faudra-t-il un arrangement entre Etats ? Ou alors une harmonisation avec les groupes rebelles ? S’i...