jeudi 6 février 2025

Nouvelle Lettre de la Savane N°60, janvier 2025


Chères amies, chers amis,

Nous sommes le 1er janvier et de partout nous arrivent des vœux qui nous parlent d’abord et avant tout de paix. Comme nous y aspirons ! La première impression qui me vient quand j’évoque l’année 2024 ce sont les champs de ruines à Gaza, en Ukraine, au Soudan, dans l’est de la RD Congo, et en beaucoup d’autres lieux. De même, une impression de profonde régression concernant la valeur de la personne humaine et un échec patent de la démocratie dans de vieilles nations comme la France et les États-Unis ou des plus jeunes comme la RD Congo.

Mais je ne veux pas m’appesantir sur le négatif. D’abord, je veux me tourner vers l’avenir en vous souhaitant une année 2025 où vous pourrez voir se réaliser un certain nombre de vos projets et de vos rêves, pour vous-même, vos familles, vos communautés et pour notre monde. Personnellement, je souhaite qu’on ne dissocie jamais la paix et la justice. Ne nous y trompons pas : il n’y aura jamais de paix sans justice. 

Saynète par l’Ecole de la paix de Nyota lors de la fête de la femme en 2024.

Ensuite, je veux dépasser les désespoirs qui nous hantent pour évoquer tout ce dont les médias ne nous parlent pas, c’est-à-dire cette infinité de gestes d’amour, de solidarité et de compassion qui habitent notre planète, comme on l’a encore vu dans les désastres récents.  Dès qu’un malheur apparaît, des hommes et des femmes se lèvent pour s’entraider et trouver une issue. Notre réseau s’appelle Germes d’espérance et c’est pourquoi c’est toujours vers l’espérance en germes autour de moi que je me tourne pour poursuivre le combat que nous avons commencé il y a 15 ans à Bukavu. Et ces germes d’espérance existent grâce à vous. Oui, tous nos projets se poursuivent avec d’heureux résultats.

Les animateurs du Centre Nyota en récollection.

Bien plus, ils s’améliorent avec de nouveaux équipements tant pour le centre Nyota que pour l’école de Kamituga. Et tout cela grâce à votre solidarité indéfectible. Au nom de tous mes collaboratrices et collaborateurs et de tous les survivantes et survivants accueillis, je tiens à vous remercier encore une fois de tout cœur. Regardons vers l’avant, gardons en mémoire tous les gestes qui construisent l’avenir, cessons de nous appesantir sur nos morosités, et n’oublions pas que nous faisons partie de l’avenir, que c’est à nous de décider ce qu’il sera. Même si nous avons parfois un sentiment terrible d’impuissance, par exemple en voyant comment un peuple qui a été agressé violemment peut se « défendre légitimement »  en faisant tout pour détruire totalement le peuple d’où l’agression est provenue, y anéantissant bien plus de femmes et d’enfants que de combattants.

À ceux parmi vous qui sont croyants je voudrais reprendre des paroles très anciennes de la Bible (Livre des Nombres, 6, 22-27) : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! »


Dans ma lettre précédente je vous ai parlé longuement de la création de l’association Germes d’Espérance qui a pour objectif d’assurer la pérennité des engagements que j’ai pris ici en RD Congo, prenant en compte mon âge et les événements imprévisibles qui peuvent se produire dans une région qui est encore et toujours en grande partie en état de siège. J’ai donc la joie de vous informer que l’association a bien été créée et enregistrée au Journal officiel, grâce au soutien fraternel et généreux d’amis qui croient dans l’avenir de Germes d’espérance quoi qu’il arrive. Je vous ai longuement exposé nos objectifs dans ma lettre précédente, vous allez bientôt être informés de la création d’un nouveau site Web basé en France cette fois-ci et par lequel il sera possible de s’inscrire à l’association. Il y a également du courrier qui accompagne ma circulaire de cette année pour vous permettre d’exprimer votre solidarité avec notre combat pour les plus démunis, pour une somme dérisoire. Je remercie de tout cœur celles et ceux qui se sont engagés dans la création de l’association et du site Web  et qui vont poursuivre leur investissement pour permettre à des centaines de jeunes filles et garçons, provenant de la rue ou des mines, de retrouver leur dignité et une place active dans la société.

Maintenant c’est à vous de jouer pour que l’espérance continue à être une réalité pour ce peuple.

 

La persévérance doit accompagner l’espérance

S’engager dans des projets sur le long terme dans des pays où l’État est largement absent à la base, c’est accepter de s’engager dans une course de fond.  Il y a plus d’un an nous nous sommes investis afin d’équiper l’école de menuiserie de Kamituga de machines à bois électriques performantes qui leur permettent de se perfectionner dans le travail du bois et donc de trouver un meilleur travail dans les menuiseries locales. Nous avons commencé par construire un hangar de 6 m sur 10, nous avons commandé 4 machines à bois d’occasion en Angleterre par l’entremise d’une personne que nous pensions être de confiance. Il a fallu attendre longtemps l’arrivée de ces machines et quand nous avons voulu les démarrer nous sommes rendus compte qu’elles étaient défectueuses.  Il a fallu ajouter 2500 € pour les mettre en état de marche. En même temps, nous avons prodigué une formation aux formateurs  qui auront à apprendre aux jeunes élèves à utiliser ces machines. Nous avions réalisé un raccordement avec le réseau électrique local qui, à cause des mines, offre du triphasé.

L’état des routes en RDC

Au moment de commencer l’enseignement, la turbine électrique de la ville de Kamituga est tombée en panne et nous en attendons la réhabilitation depuis plusieurs mois. J’ai donc décidé d’acheter un groupe électrogène capable de fournir du triphasé pour 4 machines performantes. J’ai pu obtenir un générateur d’occasion en bon état auprès des casques bleus qui viennent de quitter le Sud Kivu. Au moment de l’expédition, nous apprenons que la route nationale qui mène à Kamituga est bloquée par plus de 100 camions enlisés depuis des semaines à cause de l’absence d’entretien de ces routes et des destructions opérées par les gros engins utilisés par des entreprises chinoises dans les mines d’or locales. Nous attendons donc depuis septembre de lancer la formation. Aux dernières nouvelles, la route commencerait à se libérer à la suite de travaux d’entretien tardifs alors que nous sommes en pleine saison des pluies. Cette promotion-ci des jeunes futurs menuisiers aura-t-elle l’occasion d’apprendre à utiliser ces machines ?  Nous n’en savons rien. La saison sèche ne reprend qu’au moins de juin, période où les routes sont à nouveau praticables.

Nous finirons par y arriver, d’abord parce que nous avons reçu le financement pour tout le projet : construction de l’atelier, achat et installation des machines, achat du générateur et frais d’expédition. Ensuite, parce que cet investissement est indispensable pour l’avenir de ces jeunes mais aussi de la ville car nous mettrons l’atelier à la disposition des menuisiers locaux qui auront besoin de louer des machines pour réaliser leurs propres activités. Cela servira aussi à l’autofinancement de l’école. Ce n’est pas sans raison que le maire était présent à l’inauguration de l’atelier au mois de mai.

 

En Belgique, on aime évoquer cette parole de Guillaume d’Orange (dit le Taciturne) : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Nous, nous espérons quand nous entreprenons et nous persévérons pour réussir, avec la grâce de Dieu et le soutien des amis.

Kamituga. Formation de base en attendant d’utiliser les machines.

Enfin, plus modestement, mais pas moins joyeusement, les 50 ans de mon « serment missionnaire », c’est-à-dire mon engagement définitif du 17 mai 1975, au moment de mon diaconat, à Strasbourg. Déjà on se prépare à célébrer ce jubilé avec mes confrères et avec le centre Nyota. Nous préparons aussi une rencontre pour le Sud-Ouest à Toulouse au mois de juin, où la directrice du Centre Nyota, Noella Kadayi, invitée en France,  partagera les  fruits de son engagement au service de ce centre depuis une vingtaine d’années.

Merci encore à tous et toutes, haut les cœurs !

 

SAVEZ-VOUS QUE GERMES D’ESPERANCE EXISTE SUR YOUTUBE ?

Je termine on vous remerciant de nous permettre de continuer à semer des Germes d’Espérance.

La première balançoire, pour Noël !

Une année jubilaire

Voici un dernier signe d’espérance : un triple jubilé. D’abord, celui de Rome : comme tous les 25 ans, nous célébrons une année jubilaire dans l’Eglise catholique pour rendre grâce pour tout ce que le Seigneur a réalisé pour nous et à travers nous dans son Eglise, durant cette période. Le thème de ce jubilé est : soyons des Pèlerins d’Espérance…. Tiens ! 


Au niveau des Missionnaires d’Afrique, nous célébrons le bicentenaire de la naissance de notre fondateur le cardinal Charles Lavigerie, primat d’Afrique. Une autre occasion de nous émerveiller du travail réalisé par notre société missionnaire parmi les peuples africains, alors que ses intuitions restent bien actuelles.

Enfin, plus modestement, mais pas moins joyeusement, les 50 ans de mon « serment missionnaire », c’est-à-dire mon engagement définitif du 17 mai 1975, au moment de mon diaconat, à Strasbourg. Déjà on se prépare à célébrer ce jubilé avec mes confrères et avec le centre Nyota. Nous préparons aussi une rencontre pour le Sud-Ouest à Toulouse au mois de juin, où la directrice du Centre Nyota, Noella Kadayi, invitée en France,  partagera les  fruits de son engagement au service de ce centre depuis une vingtaine d’années.

Merci encore à tous et toutes, haut les cœurs !


SAVEZ-VOUS QUE GERMES D’ESPERANCE EXISTE SUR YOUTUBE ?

 

Je termine on vous remerciant de nous permettre de continuer à semer des Germes d’Espérance.

Je ne pensais pas qu’un jour je ferais le Père Noël à Bukavu !

Situation humanitaire à l’Est de la RDC, des milliers des victimes prennent refuges au Burundi.

Source photo : mediacongo.net Guerre dans l’Est de la RDC, plus des 17 853 victimes venant d’Uvira, Walungu, Bukavu, Sake, Kamanyola, Minova...