Bukavu est une ville à l’Est de la RD
Congo comptant plus d’un million d’habitants dont plus de 85% sont des
chômeurs. Il y règne une recrudescence de criminalité, les assassinats et
meurtre de paisibles citoyens tués à domicile ou en cours de
route, car il y a circulation incontrôlée d’armes à feu détenus par
les anciens miliciens ou les anciens rebelles
démobilisés.
Les enfants (bandits) de la
rue dits ‘’ Maibobo’’ se promènent eux aussi avec des
objets tranchants (couteaux, lames de rasoir) qu’ils utilisent pour
voler les personnes qui circulent à des heures tardives.
Malheureusement la police après
avoir mis les mains sur les malfrats, elle les relâchent 2 à 5 jours après, ce
qui a causé que la population pour mettre fin à ces attaques ont
développé une stratégie de solidarité : se munir chacun
dans sa maison d’un tambour, sifflet etc. pour encercler les bandits et une
fois attrapés, ils sont tués à coup de pierres ou brulés vifs.
Plus d’une personne cherche à comprendre pourquoi la
population opte de plus en plus pour la voie illégale, en se rendant justice
elle-même. Pour de nombreuses personnes interrogées, ils affirment que c'est
souvent le manque de confiance envers les services de sécurité et de justice
qui les pousse à agir ainsi. Tout en déplorant ces actes, certains
habitants rejettent ainsi la responsabilité sur l’État. « Il
revient à l’État de redresser son pouvoir judiciaire. Il doit travailler
en toute indépendance et objectivité afin de punir tous les récalcitrants qui
troublent la quiétude dans la société. », Explique Prospère Bisimwa,
habitant du village de Tshofi, dans le territoire de Kalehe.
Delphin Birimbi, le coordonnateur de l’association Ensemble pour la promotion
des droits humains (EPDH), abonde dans le même sens et ajoute que « le
manque de sensibilisation à l’endroit de la population civile et des forces de
l’ordre et de sécurité explique en partie la persistance de cette pratique ».
Le pouvoir judiciaire seul habilité à rendre justice
Il est ainsi
indiqué « à partir de l'article 149, (que) le pouvoir judiciaire est le
seul habilité à rendre justice. Ce qui sous-entend qu’aucune personne n’est
permise de se rendre justice. L’article 6 du Code de procédure pénale insiste
sur le fait que lorsqu’une personne est poursuivie par la clameur publique,
(elle) doit être conduite vers un poste de police le plus proche. Dans le cas
contraire, les auteurs peuvent être poursuivis pour arrestation arbitraire ».
Selon Me Pascal Mupenda directeur des programmes pays de l’organisation de
défense des droits de l’homme Partenariat pour la protection intégrée (PPI), la
foule qui amène la personne arrêtée par la « clameur publique » doit
faire le suivi du dossier en délégant, par exemple, deux personnes afin de
présenter les preuves sur les bases desquelles le magistrat instructeur ou
l’officier de police judiciaire peut se fonder pour établir les faits.
L’année dernière, l’on a enregistré pour la ville de
Bukavu plus de cent trente personnes lynchées et brûlées par la foule en un
an : c'est le triste bilan publié le 10 janvier 2022 dans le bulletin de
la synergie des associations des jeunes pour l’éducation civique, électorale et
la promotion des droits de l’homme au Sud-Kivu (SAJECEK-Forces Vives).
Cette structure de défense des droits humains indique
que le mois de septembre 2022 a enregistré le plus grand nombre de victimes,
trente exactement, et le territoire d'Uvira a été le plus touché avec dix cas
répertoriés. Cette organisation déplore le silence « total des
autorités » et le déficit en matière de gouvernance sécuritaire dans
le Sud-Kivu. Certains proches de victimes demandent aux autorités compétentes
de mieux veiller à la sécurité des personnes et plus de promptitude des forces
de l’ordre lorsqu’une personne est menacée par la foule. Pour cette année
2023, depuis janvier, plus d'une vingtaine de personnes ont été tuées par la
foule. Le plus récent est d’un jeune qui se fait tué à Katana dans le
territoire de Kabare au Sud-Kivu et nous avons vu son corps lors de notre
descente à Kalehe dans le cadre des dialogues communautaires.
Destin
BYANDIKE K.