vendredi 24 mars 2023

LA JUSTICE POPULAIRE A BUKAVU POUR VENGER LES VICTIMES DE LA CRIMINALITE

Bukavu est une ville à l’Est de la RD Congo comptant plus d’un million d’habitants dont plus de 85% sont des chômeurs. Il y règne une  recrudescence de criminalité, les assassinats et meurtre de paisibles citoyens  tués  à domicile ou  en cours de route,  car il y a circulation  incontrôlée d’armes à feu détenus par les anciens   miliciens  ou les anciens rebelles  démobilisés.

 Les enfants (bandits) de la rue  dits ‘’ Maibobo’’  se promènent  eux aussi avec des  objets  tranchants (couteaux,  lames de rasoir) qu’ils utilisent pour voler les personnes qui circulent à des heures tardives.

Malheureusement  la police après avoir mis les mains sur les malfrats, elle les relâchent 2 à 5 jours après, ce qui a causé que la population pour mettre fin à ces attaques   ont développé une stratégie   de solidarité : se munir chacun dans sa maison d’un tambour, sifflet etc. pour encercler les bandits et une fois attrapés, ils sont tués à coup de pierres ou brulés   vifs.

Plus d’une personne cherche à comprendre pourquoi la population opte de plus en plus pour la voie illégale, en se rendant justice elle-même. Pour de nombreuses personnes interrogées, ils affirment que c'est souvent le manque de confiance envers les services de sécurité et de justice qui les pousse à agir ainsi. Tout en déplorant ces actes, certains habitants rejettent ainsi la responsabilité sur l’État. « Il revient à l’État de redresser son pouvoir judiciaire. Il doit travailler en toute indépendance et objectivité afin de punir tous les récalcitrants qui troublent la quiétude dans la société. », Explique Prospère Bisimwa, habitant du village de Tshofi, dans le territoire de Kalehe.


Delphin Birimbi, le coordonnateur de l’association Ensemble pour la promotion des droits humains (EPDH), abonde dans le même sens et ajoute que « le manque de sensibilisation à l’endroit de la population civile et des forces de l’ordre et de sécurité explique en partie la persistance de cette pratique ».

Le pouvoir judiciaire seul habilité à rendre justice

Il est ainsi indiqué « à partir de l'article 149, (que) le pouvoir judiciaire est le seul habilité à rendre justice. Ce qui sous-entend qu’aucune personne n’est permise de se rendre justice. L’article 6 du Code de procédure pénale insiste sur le fait que lorsqu’une personne est poursuivie par la clameur publique, (elle) doit être conduite vers un poste de police le plus proche. Dans le cas contraire, les auteurs peuvent être poursuivis pour arrestation arbitraire ». 
Selon Me Pascal Mupenda directeur des programmes pays de l’organisation de défense des droits de l’homme Partenariat pour la protection intégrée (PPI), la foule qui amène la personne arrêtée par la « clameur publique » doit faire le suivi du dossier en délégant, par exemple, deux personnes afin de présenter les preuves sur les bases desquelles le magistrat instructeur ou l’officier de police judiciaire peut se fonder pour établir les faits.

L’année dernière, l’on a enregistré pour la ville de Bukavu plus de cent trente personnes lynchées et brûlées par la foule en un an : c'est le triste bilan publié le 10 janvier 2022 dans le bulletin de la synergie des associations des jeunes pour l’éducation civique, électorale et la promotion des droits de l’homme au Sud-Kivu (SAJECEK-Forces Vives).

Cette structure de défense des droits humains indique que le mois de septembre 2022 a enregistré le plus grand nombre de victimes, trente exactement, et le territoire d'Uvira a été le plus touché avec dix cas répertoriés.  Cette organisation déplore le silence « total des autorités » et le déficit en matière de gouvernance sécuritaire dans le Sud-Kivu. Certains proches de victimes demandent aux autorités compétentes de mieux veiller à la sécurité des personnes et plus de promptitude des forces de l’ordre lorsqu’une personne est menacée par la foule. Pour cette année 2023, depuis janvier, plus d'une vingtaine de personnes ont été tuées par la foule. Le plus récent est d’un jeune qui se fait tué à Katana dans le territoire de Kabare au Sud-Kivu et nous avons vu son corps lors de notre descente à Kalehe dans le cadre des dialogues communautaires.

Destin BYANDIKE K.


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