Chères amies, chers
amis,
Nous sommes le 1er
janvier et de partout nous arrivent des vœux qui nous parlent d’abord et avant
tout de paix. Comme nous y aspirons ! La première impression qui me vient
quand j’évoque l’année 2024 ce sont les champs de ruines à Gaza, en Ukraine, au
Soudan, dans l’est de la RD Congo, et en beaucoup d’autres lieux. De même, une impression
de profonde régression concernant la valeur de la personne humaine et un
échec patent de la démocratie dans de vieilles nations comme la France et les
États-Unis ou des plus jeunes comme la RD Congo.
Mais je ne veux pas m’appesantir sur le négatif. D’abord, je veux me
tourner vers l’avenir en vous souhaitant une année 2025 où vous pourrez voir se
réaliser un certain nombre de vos projets et de vos rêves, pour vous-même, vos
familles, vos communautés et pour notre monde. Personnellement, je souhaite
qu’on ne dissocie jamais la paix et la justice. Ne nous y trompons pas : il n’y
aura jamais de paix sans justice.
Saynète par l’Ecole de la paix de Nyota lors de la fête de
la femme en 2024.
Ensuite, je veux dépasser les désespoirs qui nous hantent pour évoquer
tout ce dont les médias ne nous parlent pas, c’est-à-dire cette infinité de
gestes d’amour, de solidarité et de compassion qui habitent notre planète,
comme on l’a encore vu dans les désastres récents. Dès qu’un malheur apparaît, des hommes et des
femmes se lèvent pour s’entraider et trouver une issue. Notre réseau s’appelle
Germes d’espérance et c’est pourquoi c’est toujours vers l’espérance en germes
autour de moi que je me tourne pour poursuivre le combat que nous avons
commencé il y a 15 ans à Bukavu. Et ces germes d’espérance existent grâce à
vous. Oui, tous nos projets se poursuivent avec d’heureux résultats.
Les animateurs du Centre Nyota en récollection.
Bien plus, ils
s’améliorent avec de nouveaux équipements tant pour le centre Nyota que pour
l’école de Kamituga. Et tout cela grâce à votre solidarité indéfectible. Au nom
de tous mes collaboratrices et collaborateurs et de tous les survivantes et
survivants accueillis, je tiens à vous remercier encore une fois de tout cœur.
Regardons vers l’avant, gardons en mémoire tous les gestes qui construisent
l’avenir, cessons de nous appesantir sur nos morosités, et n’oublions pas que
nous faisons partie de l’avenir, que c’est à nous de décider ce qu’il sera.
Même si nous avons parfois un sentiment terrible d’impuissance, par exemple en
voyant comment un peuple qui a été agressé violemment peut se « défendre
légitimement » en faisant tout pour
détruire totalement le peuple d’où l’agression est provenue, y anéantissant
bien plus de femmes et d’enfants que de combattants.
À ceux parmi vous qui sont croyants je voudrais reprendre des paroles
très anciennes de la Bible (Livre des Nombres, 6, 22-27) : « Que
le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son
visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix ! »

Dans ma lettre précédente je vous ai parlé
longuement de la création de l’association Germes d’Espérance qui a pour
objectif d’assurer la pérennité des engagements que j’ai pris ici en RD Congo,
prenant en compte mon âge et les événements imprévisibles qui peuvent se
produire dans une région qui est encore et toujours en grande partie en état de
siège. J’ai donc la joie de vous informer que l’association a bien été créée
et enregistrée au Journal officiel, grâce au soutien fraternel et généreux
d’amis qui croient dans l’avenir de Germes d’espérance quoi qu’il arrive. Je
vous ai longuement exposé nos objectifs dans ma lettre précédente, vous allez
bientôt être informés de la création d’un nouveau site Web basé en France cette
fois-ci et par lequel il sera possible de s’inscrire à l’association. Il y a
également du courrier qui accompagne ma circulaire de cette année pour vous
permettre d’exprimer votre solidarité avec notre combat pour les plus démunis,
pour une somme dérisoire. Je remercie de tout cœur celles et ceux qui se sont
engagés dans la création de l’association et du site Web et qui vont poursuivre leur investissement
pour permettre à des centaines de jeunes filles et garçons, provenant de la rue
ou des mines, de retrouver leur dignité et une place active dans la société.
Maintenant c’est à vous de jouer pour que
l’espérance continue à être une réalité pour ce peuple.
La persévérance doit accompagner
l’espérance
S’engager dans des projets sur
le long terme dans des pays où l’État est largement absent à la base, c’est
accepter de s’engager dans une course de fond. Il y a plus d’un an nous nous sommes investis
afin d’équiper l’école de menuiserie de Kamituga de machines à bois électriques
performantes qui leur permettent de se perfectionner dans le travail du bois et
donc de trouver un meilleur travail dans les menuiseries locales. Nous avons
commencé par construire un hangar de 6 m sur 10, nous avons commandé 4 machines
à bois d’occasion en Angleterre par l’entremise d’une personne que nous
pensions être de confiance. Il a fallu attendre longtemps l’arrivée de ces
machines et quand nous avons voulu les démarrer nous sommes rendus compte
qu’elles étaient défectueuses. Il a
fallu ajouter 2500 € pour les mettre en état de marche. En même temps, nous
avons prodigué une formation aux formateurs qui auront à apprendre aux jeunes élèves à
utiliser ces machines. Nous avions réalisé un raccordement avec le réseau
électrique local qui, à cause des mines, offre du triphasé.

L’état des routes en RDC
Au moment de commencer l’enseignement,
la turbine électrique de la ville de Kamituga est tombée en panne et nous en attendons
la réhabilitation depuis plusieurs mois. J’ai donc décidé d’acheter un groupe
électrogène capable de fournir du triphasé pour 4 machines performantes. J’ai
pu obtenir un générateur d’occasion en bon état auprès des casques bleus qui viennent
de quitter le Sud Kivu. Au moment de l’expédition, nous apprenons que la route
nationale qui mène à Kamituga est bloquée par plus de 100 camions enlisés
depuis des semaines à cause de l’absence d’entretien de ces routes et des
destructions opérées par les gros engins utilisés par des entreprises chinoises
dans les mines d’or locales. Nous attendons donc depuis septembre de lancer
la formation. Aux dernières nouvelles, la route commencerait à se libérer à
la suite de travaux d’entretien tardifs alors que nous sommes en pleine saison
des pluies. Cette promotion-ci des jeunes futurs menuisiers aura-t-elle
l’occasion d’apprendre à utiliser ces machines ? Nous n’en savons rien. La saison sèche ne
reprend qu’au moins de juin, période où les routes sont à nouveau praticables.
Nous finirons par y
arriver, d’abord parce que nous avons reçu le financement pour tout le projet :
construction de l’atelier, achat et installation des machines, achat du
générateur et frais d’expédition. Ensuite, parce que cet investissement est
indispensable pour l’avenir de ces jeunes mais aussi de la ville car nous mettrons
l’atelier à la disposition des menuisiers locaux qui auront besoin de louer des
machines pour réaliser leurs propres activités. Cela servira aussi à
l’autofinancement de l’école. Ce n’est pas sans raison que le maire était
présent à l’inauguration de l’atelier au mois de mai.
En Belgique, on aime évoquer cette parole de Guillaume d’Orange (dit
le Taciturne) : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni
de réussir pour persévérer ». Nous, nous espérons quand nous entreprenons et
nous persévérons pour réussir, avec la grâce de Dieu et le soutien des amis.
Kamituga. Formation de base en attendant d’utiliser les
machines.
Enfin, plus modestement,
mais pas moins joyeusement, les 50 ans de mon « serment
missionnaire », c’est-à-dire mon engagement définitif du 17 mai
1975, au moment de mon diaconat, à Strasbourg. Déjà on se prépare à célébrer ce
jubilé avec mes confrères et avec le centre Nyota. Nous préparons aussi une
rencontre pour le Sud-Ouest à Toulouse au mois de juin, où la directrice du
Centre Nyota, Noella Kadayi, invitée en France, partagera les fruits de son engagement au service de ce
centre depuis une vingtaine d’années.
Merci encore à tous et
toutes, haut les cœurs !
SAVEZ-VOUS QUE
GERMES D’ESPERANCE EXISTE SUR YOUTUBE ?
Je termine on vous remerciant de nous
permettre de continuer à semer des Germes d’Espérance.
La première balançoire, pour Noël !
Une année jubilaire
Voici un dernier signe d’espérance :
un triple jubilé. D’abord, celui de Rome : comme tous les 25
ans, nous célébrons une année jubilaire dans l’Eglise catholique pour rendre
grâce pour tout ce que le Seigneur a réalisé pour nous et à travers nous dans
son Eglise, durant cette période. Le thème de ce jubilé est : soyons des
Pèlerins d’Espérance…. Tiens !
Au niveau des Missionnaires d’Afrique, nous célébrons le
bicentenaire de la naissance de notre fondateur le cardinal Charles Lavigerie,
primat d’Afrique. Une autre occasion de nous émerveiller du travail réalisé par
notre société missionnaire parmi les peuples africains, alors que ses intuitions
restent bien actuelles.Enfin, plus modestement,
mais pas moins joyeusement, les 50 ans de mon « serment
missionnaire », c’est-à-dire mon engagement définitif du 17 mai
1975, au moment de mon diaconat, à Strasbourg. Déjà on se prépare à célébrer ce
jubilé avec mes confrères et avec le centre Nyota. Nous préparons aussi une
rencontre pour le Sud-Ouest à Toulouse au mois de juin, où la directrice du
Centre Nyota, Noella Kadayi, invitée en France, partagera les fruits de son engagement au service de ce
centre depuis une vingtaine d’années.
Merci encore à tous et
toutes, haut les cœurs !
SAVEZ-VOUS QUE
GERMES D’ESPERANCE EXISTE SUR YOUTUBE ?
Je termine on vous remerciant de nous
permettre de continuer à semer des Germes d’Espérance.
Je ne pensais pas qu’un jour je ferais
le Père Noël à Bukavu !