Chers amies, chers amis,
Voici la 50e Lettre de la Savane de Bukavu !
Cet anniversaire de la Lettre de la Savane est l’occasion
pour moi, pour vous aussi je pense, d’une action de grâce. Depuis fin 2009,
date de mon arrivée à Bukavu et début de cette circulaire, que de chemin
parcouru !
J’ai pu poursuivre la publication de mes Lettres
de la Savane tous les 3 mois, grâce au soutien de Dominique Isopet. J’ai
essayé d’améliorer le style et la présentation de mes circulaires et j’ai
surtout pu relancer notre site web
grâce à un jeune journaliste congolais que je rémunère. Nous avons reçu plus de
11.000
visites
depuis ce nouveau départ (En faites-vous partie ?... ) Il y a aussi quelques vidéos dont vous avez reçu le lien
régulièrement et qui parlent de nos engagements quotidiens.
Particulièrement le dernier montage qui présente des
témoignages de jeunes filles et des formateurs/trices.
Autre raison de nous réjouir de ce numéro 50. J’ai
pu continuer durant près de 12 ans mes engagements pour la formation permanente, essentiellement à travers des sessions sur
des sujets variés dans plusieurs pays d’Afrique et à Rome ainsi que mes
engagements humanitaires et caritatifs grâce à votre soutien moral et matériel.
Et tout récemment, je suis revenu à la formation initiale - qui me demande un
recyclage dans l’enseignement de la philosophie - dans un lieu de formation
universitaire des Missionnaires d’Afrique (Ruzizi), dont j’ai participé à la
création il y a …41 ans.
Sortie de
fin d’année de la communauté de la
Ruzizi
Enfin, et surtout, il y a la fidélité de la part d’un certain nombre de
fidèles lecteurs de cette
lettre, sans la générosité desquels nous ne pourrions pas poursuivre nos
actions. Nous avions commencé avec quelques soutiens prudents mais aujourd’hui
il y a 400 abonnés à la Lettre
de la Savane , dont des communautés. Grâce à plusieurs personnes
généreuses, nous continuons à recevoir
des aides, limitées mais régulières. Elles permettent pour le moment la survie
de nos projets. Certains se signalent aussi avec discrétion par des messages et
nous encouragent.
Crise économique mondiale… et
locale
Le centre Nyota et l’école de menuiserie de Kamituga,
tous les deux consacrés au soutien et à la formation professionnelle de jeunes
très vulnérables (dont des filles dans la rue et des garçons provenant des
mines d’or) souffrent de l’inflation due
aux conséquences du covid et de la guerre en Ukraine, dont les spéculateurs se
régalent. Farine, huile, sucre, carburant, tout grimpe en flèche et nous
avons dû augmenter tous les salaires à Bukavu. Inutile de vous dire que votre
soutien nous est plus que nécessaire.
Les gens sont d’un courage extraordinaire,
mais ce sont les enfants qui souffrent de malnutrition ou ne peuvent aller en
classe, l’argent des parents étant absorbés par la nourriture.
Le roi
Philippe et la reine Mathilde de Belgique
Nous avons été très déçus du report de la visite du
Pape François sur les bords du Lac Kivu, à Goma, à 100 km au nord de chez nous,
pour raison de santé. Par contre, la surprise
a été le passage du roi Philippe et de la reine Mathilde de Belgique à
Bukavu, dans le cadre d’une visite d’une semaine au Congo. Elle avait dû être reportée
plusieurs fois à cause du covid. Leur initiative a été bien accueillie par la
plupart des Congolais, les relations avec la Belgique s’étant bien détendues à
la suite du changement de président, de la promesse de la restitution d’œuvres
d’art traditionnel pillées durant la colonie, ainsi que du retour au pays de la
dent – seule trace qui en reste – du premier Premier ministre congolais qui a
été assassiné peu de temps après sa prise de fonction à l’occasion de
l’indépendance. Cet acte avait reçu le soutien de la Belgique à l’époque. Il
s’était montré trop critique des méfaits de la colonisation et était devenu par
cet assassinat un héros de l’indépendance pour toute l’Afrique. Le discours du
roi Philippe à Kinshasa a stigmatisé les excès de la colonisation et a été bien
reçu par la population. Certains rêvent (vainement…) de la restitution de la
valeur des matières premières abondamment ponctionnées durant la colonisation
belge.
Chapitre Général
Notre Société Missionnaire vient de terminer son
Chapitre Général qui a lieu tous les 6 ans. La surprise a été la réélection de
notre Supérieur Général, Stan Lubungo, Zambien, un de mes anciens élèves de
Toulouse, que j’apprécie beaucoup. Il n’y a plus qu’un Européen sur les 4 conseillers
généraux, un Polonais pour la première fois, et l’Asie vient de s’inviter avec
un conseiller indien.
Ce renouvellement me réjouit, d’autant plus que je les
connais tous et les apprécie. Ils doivent veiller à la mise en application des
décisions prises par les membres de ce Chapitre durant les 6 prochaines années.
Ils auront besoin de discernement et de courage avec les crises mondiales qui
s’ajoutent aux soubresauts violents qui secouent la plupart des pays
africains (coups d’état à répétition,
fanatisme islamiste de plus en plus violent, combats à la frontière de la RD
Congo, etc.)
Quelques nouvelles personnelles
Quant à
moi, ma santé est bonne et je tiens compte de l’âge qui avance et subit chaque année
des contrôles médicaux approfondis. Je n’ai pas encore été touché par la
pandémie. J’ai été vacciné trois fois l’an dernier mais il semble que ce soit
déjà obsolète. Je continue donc mon travail de formateur dans notre institut de formation de futurs
missionnaires, première étape universitaire centrée sur la
philosophie et les sciences sociales et humaines.
C’est une sédentarisation pour moi, qui corresponds bien à mon âge.
La porte blanche : là où je reçois mes visiteurs
et surtout visiteuses en quête de conseil
l’Afrique les consacrés comme les intellectuels.
Je vous quitte en vous souhaitant un bel été malgré la
canicule.
Je remercie encore celles et ceux d’entre vous qui se
sentent et se montrent solidaires de nos projets.
Ne vous inquiétez concernant les bruits de batte
sur notre continent, il en a vu d’autres et le courage des populations
africaines reste.
Au nom de
tous ceux et celles que je représente auprès de vous, je vous souhaite de décider l'espérance. Bernard Ugeux, votre frère.
Célébrations eucharistique à la prison centrale de Bukavu
Un grand merci à ceux et celles qui nous aident, au nom de ceux et celles qui en bénéficient ! Notre objectif est de les rendre autonomes demain.
Cette année, l’association
Garonne Animation (Toulouse) et la Fondation Roi Baudouin (Belgique) ont fait
un don à Germes d’Espérance. Nous les en remercions vivement.