samedi 26 juin 2021

Il dévoile l’histoire de sa vie à l’occasion de son anniversaire (26 juin 2021)

A l'occasion de son jubilé de 75 ans d’âge, 50 ans de première arrivée au Congo, 45 ans d’ordination (et 40 ans des débuts du séminaire de la Ruzizi) concélébré au centre Nyota, le Père  Bernard Ugeux M. Afr. met à la portée du publique l'histoire de sa vie. Dans cette vidéo, il explique comment il a intégré la vie missionnaire et son alliance avec le Congo.





 

RD Congo : jadis, il était prévu que le Roi Belges (Philippe) devrait saluer ce mercredi 30 juin 2021 à Kinshasa la dépouille et le souvenir de Patrice Lumumba (26 juin 2021)

 


Le programme officiel des funérailles de Patrice Lumumba aurait commencé officiellement en Belgique le 21 juin en présence du chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, et s’achèverait à Kinshasa le 30 juin, date d’anniversaire de l’indépendance.

Néanmoins, même si, de la dépouille de Patrice Lumumba, il ne reste qu’une dent, jadis ramenée en Belgique par Gérard Soete, l’homme qui été chargé de faire disparaître définitivement le corps du Premier ministre, ce modeste vestige détenu par le Parquet de Bruxelles recevra, fin juin, un immense honneur symbolique en RD. Congo.

De commun accord avec Kinshasa, le 08 juin de cette même année, le palais royal de la Belgique a annoncé officiellement le report de l’arrivée du roi Belges à Kinshasa capitale de la RDC suite au COVID19 qui ne cesse de prendre de l’aile dans ses deux pays.

Cette visite royale - la première depuis celle du roi Albert pour le 50e anniversaire de l'indépendance de l'ex-Congo belge en 2010 - était ardemment souhaitée de la part des autorités congolaises, en dépit d'une recrudescence de la pandémie de coronavirus.

"Le Roi avait l'intention de se rendre à Kinshasa pour participer aux célébrations du 61e anniversaire de l'indépendance de la RDC", a confirmé mardi le Palais à l'agence Belga.

"En raison des circonstances sanitaires tant en RDC qu'en Belgique et des mesures en vigueur concernant les déplacements (en dehors de l'Union européenne), il a été décidé de commun accord de reporter le voyage du Roi" en RDC, a -t-il précisé.

Le roi Philippe et le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo se sont appelé, a ajouté le Palais.

L'intention du souverain serait de se rendre en RDC "lorsque les conditions dans les deux pays le permettront", a poursuivi le Palais.

Signalons que le Roi pourrait recevoir le 21 juin à Bruxelles le président Tshisekedi à l'occasion du transfert officiel des "reliques" de M. Patrice Emery Lumumba, l'éphémère premier Premier ministre congolais après l'indépendance de 1960. Il avait été assassiné le 17 janvier 1961 dans la province sécessionniste du Katanga (sud-est) dans des circonstances restées obscures mais en présence d'officiels belges.

Ainsi, le Président Congolais a pris l’initiative de répondre aux "regrets" exprimés par le roi Philippe, Tshisekedi appelle les Belges et les Congolais à écrire ensemble l'histoire de la colonisation.

Le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a appelé la Belgique et la République démocratique du Congo (RDC) à réécrire l'histoire de la colonisation, comme en écho aux "plus profonds regrets pour les blessures" infligées lors de la période coloniale belge au Congo exprimés par le roi Philippe. "J'estime nécessaire que notre histoire commune avec la Belgique et son peuple, soit racontée à nos enfants en République démocratique du Congo ainsi qu'en Belgique sur la base d'un travail scientifique réalisé par les historiens des deux pays", a-t-il déclaré dans son allocution télévisée prononcé lundi soir à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance du 30 juin 1960.

"Mais le plus important pour l'avenir, c'est de bâtir des relations harmonieuses avec la Belgique parce qu'au-delà des stigmates de l'histoire, les deux peuples ont su construire une relation forte que j'ai pu vivre personnellement lors de mon exil en Belgique, mon autre Congo", a ajouté le chef de l'Etat, dans une référence aux années passées en Belgique.

"C'est ainsi que, n'eut été la pandémie de la Covid-19, j'avais prévu de commémorer les 60 ans de notre indépendance ici à Kinshasa avec comme invité spécial le roi Philippe de Belgique qui, tout comme moi, cherche à renforcer les liens entre nos deux pays sans renier notre passé commun mais dans l'objectif de préparer un avenir radieux et harmonieux au profit de nos deux peuples", a poursuivi M. Tshisekedi.

L'arrivée au pouvoir du président, le 24 janvier 2019, après des élections contestées et reportées de deux ans, a permis une normalisation complète des relations belgo-congolaises, mises à mal par une énième crise dans les dernières années des régimes des anciens chefs de l'Etat.

Selon plusieurs sources en République Démocratique du Congo, les reliques de Patrice LUMUMBA ne seront plus ramenées au Pays cette année, cela serait probablement reporté pour l’année prochaine suite à la même cause du Covid19.

Pour plusieurs acteurs de la société civile au Sud-Kivu, l’une des Provinces de la R.D. Congo, l’arrivée du roi Belges devrait plutôt être des excuses exprimées à la RDC suite aux atrocités commis dans ce pays pendant l’époque coloniale.

D’autres pensent que le Covid19 n’empêcherait en rien le rapatriement des reliques du premier premier ministre congolais, ils estiment que cette initiative est basée sur des calculs politique pour se tailler de bonne relation avec les colons Belges.

 

Destin BYANDIKE KAD. Journaliste indépendant.

 

vendredi 25 juin 2021

Est-il possible d’être à la fois pleinement africain et chrétien? (25 juin 2021)

 


En  Afrique sub-saharienne, ou parmi les migrants africains dans les pays occidentaux, on constate la réalité massive d’une forme de « double appartenance ».

 

 En effet, de nombreux  chrétiens africains expérimentent, dans leur pratique quotidienne et dans la profondeur de leur cœur, la tension entre leur foi chrétienne et les croyances traditionnelles. Cela n’a rien d’étonnant. Il était difficile pour la majorité des premiers évangélisateurs de comprendre que la culture et la religion africaine[1] étaient les deux faces inséparables d’une même réalité (comme pour l’Inde avec l’indianité et l’hindouisme, per exemple). Par la suite, nombre de théologiens et de philosophes africains ont reproché à l’évangélisation de les avoir occidentalisés comme condition pour être évangélisés. D’où le succès des mouvements pour la négritude et pour le « recours » à l’authenticité, à l’époque. Aujourd’hui, après plus d’un siècle d’évangélisation, il semble évident qu’on a sous-estimé la cohérence et la résistance des cultures traditionnelles. Or le retour d’un certain « paganisme » en Occident comble aussi de confusion certains pasteurs. En effet, les cultures traditionnelle  occidentales s’avèrent plus résistantes aux autres influences culturelles qu’on le pensait, même si certaines ont disparu ou sont menacées par la mondialisation.

 

Il ne faudrait pas condamner cette double appartenance dans la mesure celle-ci se vit comme une complémentarité entre une culture et la foi chrétienne dans ce qu’elles ont de compatibles.  C’est l’objectif de l’inculturation (l’appropriation par une culture du message chrétien selon son génie propre).. Mais il ne faudrait pas  être obsédé par les inévitables risques de syncrétisme. Autant il est souhaitable qu’un chrétien africain choisisse le Christ comme son seul sauveur et qu’il relativise les autres croyances, autant il est normal que dans les grandes transitions culturelles, les tentatives de synthèse harmonieuses prennent du temps. Cela implique la reconnaissance d’un droit à l’erreur… et la nécessité d’un discernement réaliste. Combien de temps a-t-il fallu pour que la pensée sémitique soit assumée par la culture grecque qui, aujourd’hui, domine l’expression de la foi chrétienne en Occident?  C’est cette version du christianisme qui a été exportée – et parfois imposée – en Afrique.

 

Cependant, tout n’a pas la même importance dans une culture ni donc la même capacité de résistance. Par exemple, dans un grand nombre de cultures africaines, il existe la croyance en deux mondes, l’un visible, l’autre invisible, en perpétuelle interconnexion. La croyance dans les ancêtres et dans les esprits est une réalité massive. Notons que saint Paul évoque aussi un monde des esprits (Col 1,16). Malgré la lutte menée contre ces croyances et la destruction d’innombrables statuettes d’ancêtres, on continue toujours à croire que « les morts ne sont pas morts » comme le disait Birago Diop. Et pour toute réalité importante – surtout les rites de passage – les aînés transmetteurs de la vie sont convoqués lorsque celle-ci est célébrée. Or, le 10 avril 1994, lors de l’inauguration du premier synode africain, le Pape Jean-Paul II disait dans son homélie : « Les fils et les filles de l’Afrique aiment le vie. C’est précisément cet amour de la vie qui les pousse à donner une si grande importance à la vénération de leurs ancêtres. Ils croient instinctivement que les défunts continuent à vivre et ils restent en communion avec eux. Ne serait-ce pas d’une certaine façon une préparation à la foi dans la communion des saints ? »

Une autre croyance est particulièrement résistante, elle concerne les causes de la maladie et de la mort. La plupart du temps elles sont personnalisées et ont une dimension communautaire. D’où le rôle encore prépondérant aujourd’hui des devins et autres tradipraticiens. Il y a déjà longtemps qu’on chantait à Kinshasa : « le matin à la messe, le soir chez le devin », et un évêque africain disait lors du Synode de 1994 : « Beaucoup de croyants africains sont comme les batraciens : quand le danger est dans l’eau, ils sautent sur la terre, et quand il est sur la terre ils plongent dans l’eau ».

Plutôt que de critiquer cette réalité qui résiste aux efforts d’évangélisation, il serait peut-être opportun de se demander comment il se fait que ces croyances sont si résistantes et si notre inculturation a été assez respectueuse du génie des traditions africaines. Or, certains confrères ont fait un travail remarquable dans ce domaine. Mais on constate encore aujourd’hui le succès grandissant des Eglises afro-chrétiennes – souvent qualifiées de sectes par les catholiques – qui semblent mieux tenir compte du monde de l’invisible et de l’approche traditionnelle de la santé. Certes, on y rencontre beaucoup de confusion et d’abus de pouvoir, mais ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas s’interroger sur leur succès. Le rapporteur général du synode de 1994, le cardinal H. Thiandoum, archevêque de Dakar, avait insisté sur la nécessité de dialogue avec ces Eglises: “Leur progression nous invite à revoir nos méthodes d’évangélisation et d’attention pastorale. Ne devons-nous pas reconnaître le secret de leur réussite : zèle et conviction profonde, attention aux besoins individuels du corps et de l’âme, organisation efficace en petits groupes, le caractère festif, chaleureux et joyeux de leurs célébrations ?”

Bref, on peut espérer que la persistance de cette double appartenance rende l’Eglise catholique toujours plus inventive dans  l’élaboration d’un christianisme vraiment africain.

 

Photo : Chemin de croix africain.

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[1] Je n’entre pas ici dans le débat à propos du pluriel ou du singulier pour définir la RTA. Je m’excuse aussi auprès de mes lecteurs africains pour cette généralisation des « Africains ». Je suis bien conscient qu’il faudrait ajouter des nuances importantes selon la diversité des cultures et selon la singularité de chaque croyant africain. Le sujet de l’article m’oblige à n’aborder qu’un très large point en vue. Si je cite surtout le Synode de 1994, c’st parce que celui de 2009 ne s’est presque pas intéressé à ces questions.

mercredi 16 juin 2021

Jubilé de Bernard Ugeux M. Afr. 75 ans d’âge, 50 ans de première arrivée au Congo, 45 ans d’ordination (et 40 ans des débuts du séminaire de la Ruzizi). Bukavu le 15 juin 2021

 

Introduction

Je me réjouis de célébrer aujourd’hui avec vous ce triple ou quadruple jubilé qui est l’occasion pour moi d’une profonde action de grâces. Votre présence ici, chers confrères, chers jeunes en formation, chères Sœurs et vous mes amis et collaborateurs et collaboratrices dans mes engagements à Bukavu, me donne une grande joie.

Si je fais le total de ces quatre événements, j’arrive à 210 ans !

Plus simplement, je voudrais rendre grâce au Seigneur pour sa fidélité depuis ma naissance et pour son appel missionnaire. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis », entendrons-nous aujourd’hui dans l’Évangile. Vous êtes mes amis. C’est en m’appuyant sur son choix que j’ai continué ma route et c’est pour son appel que je rends grâce avec vous aujourd’hui.


Homélie

Il était une fois un petit garçon de 10 ans, un scout, qui vivait dans une grande ville. On découvrit qu’il avait un problème de santé au niveau des bronches et le médecin conseilla à ses parents de l’envoyer à la campagne car l’air de la ville n’était pas bon pour lui. Ils décidèrent de le mettre dans un internat des Jésuites loin de la maison. Pour cet enfant, pour qui c’était la première fois qu’il quittait sa famille, l’épreuve était difficile à vivre. Il pleurait souvent, il téléphonait et écrivait à ses parents en leur demandant de le ramener à la maison. Or un jour tous les internes furent convoqués pour accueillir un grand visiteur : le premier évêque du Congo belge, Mgr Kimbondo. Celui-ci s’adressa aux enfants de façon très concrète, en expliquant les difficultés des écoliers dans son pays, les longs trajets à parcourir sous le soleil et sous la pluie, les nombreux enfants qui ne pouvaient aller à l’école faute d’établissement scolaire, les difficultés de trouver les soins médicaux en cas de nécessité. Le petit scout fut très impressionné, et le lendemain il écrivait à ses parents pour leur dire : « je ne vais plus me plaindre, je ne vais plus pleurer, car je dois me préparer à vous quitter, car je vais partir un jour en Afrique ». Pour lui, ce qu’il venait d’apprendre, était trop injuste. Cela fait 65 ans cette année qu’il s’est mis en route.

Je pense que vous avez deviné de qui je parle.  Je crois que cet appel que j’ai entendu à cet âge-là est le fruit d’une prière que mes parents ont fait le jour de leur mariage, lorsqu’ils ont demandé au seigneur que s’ils devaient avoir des enfants l’un d’entre eux lui soit consacré. C’est pourquoi aujourd’hui j’évoque particulièrement mes parents qui étaient profondément croyants, au point que mon père est devenu diacre avant moi.

À l’occasion de ces commémorations, j’ai demandé à un jésuite de m’accompagner dans ma relecture de ces 75 ans, ce qui me donne l’occasion de redécouvrir bien des merveilles du Seigneur et de rendre grâce. Je vais juste évoquer quelques événements, car sinon j’y passerai toute la soirée.

Je dirais d’abord que notre Dieu est le Dieu des surprises. Quand j’ai terminé mes études d’humanité, j’hésitais entre devenir médecin ou prêtre, missionnaire, de toute façon en Afrique. J’ai opté pour le sacerdoce, considérant que je pourrais mieux aider en apportant une espérance aux gens qu’en les soignant physiquement. Cela impliquait pour moi de renoncer à des études universitaires à cette époque, ce qui a été un vrai sacrifice car je suis d’une famille d’universitaires. Et la surprise du Seigneur, c’est qu’avec les changements du système de formation à la suite de Vatican II, et d’autres événements, je me suis retrouvé à faire 10 ans d’études universitaires et être professeur d’université pendant 17 ans. Par ailleurs, dans mon ministère sacerdotal, il y a toute une dimension de soins qui rejoint l’autre aspect de ma vocation (formation permanente, accueil de victimes, faculté de médecine de Bukavu). Oui, il est le Dieu des surprises. Dites-vous qu’il peut arriver un jour que vous soyez devant un renoncement difficile, mais que le Seigneur vous le rendra autrement si vous lui faites confiance.

Le jour de mon ordination, en 1976, plutôt que d’écouter l’homélie d’un évêque, j’ai eu l’occasion de témoigner de ma vocation devant les personnes qui venaient célébrer avec moi. Je me souviens que durant mon homélie j’ai dit ceci : « je crois que Dieu est assez grand pour combler la vie d’un homme ». J’ose dire aujourd’hui devant vous : « je sais que Dieu est assez grand pour combler la vie d’un homme ». Car je peux témoigner que ma vie à la suite du Seigneur est comblée, et que ma joie est profonde grâce à l’intimité que je vis avec lui et que j’entretiens quotidiennement. Je tiens à le dire ici devant vous mes jeunes frères. Il nous comble malgré tous nos sacrifices.

Je voudrais rendre grâce au Seigneur pour la Société des Missionnaires d’Afrique. Elle est pour moi véritablement ma famille.  Je la remercie pour la formation qu’elle m’a donnée, pour la relation de confiance que j’ai vécue tout au long de ma vie missionnaire avec mes supérieurs, avec qui j’ai toujours été ouvert. Je suis très reconnaissant pour les vraies amitiés que j’ai pu vivre avec certains confrères. Oui, des confrères peuvent être de vrais amis, et j’ose en évoquer deux ici, qui sont déjà décédés, et qui ont quelque chose à voir avec cette chapelle que nous avons construite ensemble. Il s’agit du Père Herman Bastiins et du Père Jan Renis, avec qui nous étions lors de la fondation de cette maison. Il y en a d’autres qui sont encore vivants. Oui, il est possible d’avoir de vraies amitiés dans notre Société, en plus, certes des amitiés que nous pouvons vivre à l’extérieur et qui sont précieuses.  Mais elles ne doivent pas remplacer notre vie communautaire.

Je rends grâce aussi au Seigneur pour mon ministère de prêtre. Je suis émerveillé quand j’évoque tous ces lieux où j’ai eu l’occasion d’essayer d’offrir le visage de tendresse du Père aux gens qui m’ont été confiés. J’insisterai d’abord sur le ministère paroissial que j’ai vécu durant sept ans au Congo et en Tanzanie. C’est un ministère qui nous met en contact avec toutes les catégories de la population. En plus, j’étais dans des paroisses rurales très isolées ce qui m’a permis, à travers les visites des communautés, souvent à pied, une très grande proximité avec les gens. Tant de baptêmes, de confirmations, de mariages, de collaboration avec les catéchistes, d’engagements avec les mouvements de jeunesse, etc. J’ai là comme tout un livre d’images qui occupent mon cœur. Il y a aussi la dimension de compassion qui fait vraiment partie de ma personne depuis mon enfance, ce qui explique mes engagements dans ce domaine depuis très longtemps, ainsi que mes publications. Il y a parmi nous aujourd’hui ici dans cette chapelle des personnes avec qui je suis engagé très concrètement dans ce ministère, au centre Nyota et à Ek’Abana, entre autres. L’élection du pape François a été pour moi une réelle confirmation dans mon choix d’aller vers les périphéries, au point de démissionner de l’université, pour m’immerger le plus possible auprès des personnes les plus rejetées. Et c’est le Provincial de l’époque, lors de mon retour à Bukavu, il y a 11 ans, qui m’y a aussitôt encouragé, connaissant mon parcours. Enfin, le ministère auprès des jeunes fait aussi partie de mon action de grâces : 14 ans à la formation initiale, sans parler des années d’université, 11 ans à la formation permanente, avec les sessions de second terme de mission pour les jeunes confrères, j’y ai perçu leur confiance et leur ouverture. J’évoque mes anciens avec une grande joie, dont certains sont parmi nous aujourd’hui, et nous avons souvent beaucoup de joie de nous retrouver lors de rencontres souvent fortuites, comme je viens encore de le vivre à Nairobi. Je le vis aussi avec les universitaires qui sont représentés parmi nous aujourd’hui par un jeune couple, du mouvement marial. Bien sûr, il y a aussi tous ces jeunes que nous accueillons au centre Nyota et à Kamituga. Grâce à leur dynamisme, « ma jeunesse comme l’aigle se renouvelle » comme dit le psalmiste.

L’Afrique et les Africains font partie de mon cœur profond, depuis l’élan généreux du petit scout, jusqu’à la décision de démissionner de l’université pour revenir sur le continent. Ce fut sans doute une des meilleures décisions de ma vie, étant donné le bonheur que je vis ici, au milieu de mes frères et sœurs congolais, solidaire de leurs combats, de leur courage, de leurs peines et de leurs joies.

Je voudrais évoquer ici un symbole qui est fort pour moi. Vous voyez que je porte à la main un anneau, il y a une croix qui est gravée dedans. Il a été offert le jour de mon ordination par un couple qui m’a dit : « il faut que tu portes un signe de ton alliance avec le Christ ». Or, un an après mon arrivée à Kabalo, lors de ma première nomination en paroisse, le territoire a été inondé par les crues du fleuve provoquées par le Tanganyika, comme on le vit aujourd’hui. Je visitais mes succursales en pirogue et un jour ma pirogue à couler, et j’ai dû rejoindre la rive à la nage. En montant sur la berge, j’ai découvert que j’avais perdu mon alliance. Lors de mon premier congé, mes amis m’ont dit : « nous te la renouvelons ». Cela signifie que j’ai cette alliance à mon doigt ici aujourd’hui, et que l’autre est là-bas au fond du fleuve Congo. Deux anneaux pour l’alliance de ma vie. Voilà le symbole de mon alliance avec l’Afrique.

Je termine en évoquant cet Évangile de mon ordination. On y lit : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». C’est ce que j’avais écrit sur mon image d’ordination. Jésus déclare que nous sommes ses amis, et cette amitié est le cœur de ma vie. Il dit aussi : c’est moi qui vous ai choisis, et c’est sur cette parole que je m’appuie dans les périodes difficiles. Il m’a institué dans mon sacerdoce et mon appel missionnaire pour que j’aille – quitte ma famille, ma culture, mes amis,-  que je produise du fruit et un fruit qui demeure. 46 ans après mon serment missionnaire, j’ai le sentiment d’une réelle fécondité. J’ai aussi la conviction qu’elle ne vient pas de moi, mais du Seigneur, avec le soutien de tous ceux et celles qui depuis les débuts m’accompagnent dans ma mission et que je désire remercier ici pour terminer. Oui, le Seigneur a fait pour moi des merveilles, saint est son nom !

N.B. Présenter les participants.

Beaucoup de jeunes africains aspirent à la démocratie…au prix de leur personne.

 Beaucoup de jeunes africains aspirent à la démocratie…au prix de leur personne.


La situation dans les Grands Lacsde l’Afrique centrale illustre cette tendance.

Les soubresauts de nombreux pays d’Afrique dans le domaine de la démocratie (particulièrement autour des lacs Edouard, Kivu, et Tanganyika) s’expriment par une mobilisation croissante d’une jeunesse qui s’engage.

On constate qu’actuellement la plupart des chefs d’état des pays d’Afrique centrale, presque tous des militaires, ont obtenu d’une façon ou d’une autre une prolongation de mandat qui n’était pas prévue au départ dans la constitution de leur pays. D’autres s’y attellent actuellement. Cette situation provoque de nombreuses réactions internationales, en Afrique et dans la communauté internationale, surtout lorsque durant ces tentatives ou après leur aboutissement les assassinats se multiplient, que ce soit lors d’émeutes ou dans des attaques ciblées. Ce qui est impressionnant, c’est la prise de conscience de plus en plus vive de leurs droits par les populations concernées. Il arrive certes que des manifestations pacifiques soient infiltrées par des provocateurs, payés parfois par le parti au pouvoir lui-même, et que les celles-ci dégénèrent. Pourtant, il serait trop facile d’en imputer systématiquement la responsabilité à la société civile. Quel intérêt l’organisateur d’une marche pacifique aurait-il de la voir dégénérer en violences et en pillages s’il veut obtenir démocratiquement gain de cause ?

On est frappé de voir la détermination de certains mouvements de défense des droits humains, auxquels de plus en plus de jeunes s’intéressent. En effet, dans certains pays, le plus grand nombre de jeunes diplômés sont au chômage alors qu’ils voient leurs responsables politiques jouir d’un train de vie provoquant. Leur détermination s’exprime dans les grands risques que prennent ces manifestants lorsqu’ils s’engagent sur une avenue avec leurs calicots en sachant qu’il est probable qu’on leur tirera dessus avec des balles réelles, parfois à la hauteur de la tête ou de la poitrine. Ou bien que s’ils se font prendre, même s’ils manifestent pacifiquement, ils feront l’objet de procédures expéditives et de conditions inhumaines d’emprisonnement. Or, de pays en pays, et de manifestations en manifestations, il y en a de plus en plus qui se présentent et prennent de tels risques. Il est surprenant que certains gouvernements n’aient pas encore compris que la meilleure manière d’encourager un mouvement de protestation est de faire des martyrs, par balle ou par procès trafiqué. Car alors les survivants n’ont qu’une préoccupation, se montrer à la hauteur de leurs martyrs, avec tous les risques de surenchère que cela peut entraîner de part et d’autre.

Quand verrons-nous, dans cette région, triompher la priorité aux droits humains et le respect du bien commun ? Les Eglises ont aussi un rôle important à jouer dans ce domaine, au niveau de la médiation lors des événements tout comme par l’éducation à la citoyenneté où les chrétiens devraient donner l’exemple. Mais comment se fait-il que, dans certains pays, tant d’élites corrompues ont reçu une bonne partie de leur formation dans des établissements chrétiens ? N’y a-t-il pas là une invitation pour les Eglises à revoir leurs priorités éducatives qui ne peuvent se limiter à l’excellence académique de diplômes… ? Qu’en est-il de l’enseignement social de l’Eglise, par exemple, pour les catholiques ? La formation des consciences et au discernement est sans doute la meilleure prévention contre la violence, de quelque bord qu’elle provienne.

Bernard Ugeux

lundi 7 juin 2021

SUD-KIVU. CONCOURS JEUNES TALENTUEUX POUR LA PAIX 1ère EDITION 2021

A l’occasion de la journée internationale de l’Enfant africain, l’école de la paix du Foyer Ek’Abana, l’association Pamoja tunaweza et le Réseau des Parleurs d’Espagnol en Afrique, organisent un concours de poésie sur la paix avec une participation de 50 jeunes venant dans 25 écoles de la ville de Bukavu et à hier. Le lancement est intervenu ce samedi 05 juin 2021 et la finale interviendra le mercredi 30 juin 2021 dans la grande salle du Foyer Ek’Abana à Bukavu.

Pour ses jeunes, ils expriment leur satisfaction à cette activité car non seulement qu’elle vise à favoriser la culture à la paix à travers les poèmes sur la cohésion sociale en milieu scolaire mais aussi la promotion du genre en soutenant la participation féminine.

Destin Byandike kad.

SUD-KIVU JOURNEE INTERNATIONALE DE L’ENVIRONNEMENT 2021

 

A l’occasion de la journée internationale de l’environnement, le Mouvement pour l'Education à la Paix et l’Environnement du Foyer Ek’Abana a organisé ce samedi 05 juin 2021 de 8h30 à 10h30, un travail communautaire pour rendre propre l’escalier qui mène vers l’Institut Supérieur de développement Rural (ISDR-BKV).


Destin Byandike kad.


Kinshasa-Kigali, un accord entre Etats mais loin d’être endossé par les groupes rebelles.

  Pour une paix durable à l’Est du pays, faudra-t-il un arrangement entre Etats ? Ou alors une harmonisation avec les groupes rebelles ? S’i...