lundi 22 mai 2023

ÉCHO DE KAMITUGA, le centre de formation professionnelle de Kamitunga a contribué à la baisse de la fréquentation des jeunes dans les mines et groupes armés.

Ce jeudi 18 mai 2023, lors du passage à Bukavu du directeur gestionnaire du centre de formation professionnelle de Kamituga qui forme les jeunes issus des carrés miniers en menuiserie, Josué MULOBOLA nous relate comment ce centre contribue à l’émergence des communautés de base dont les Lega et autres.

Josué « Germes d’Espérance a réhabilité ce centre pour une réinsertion socio-professionnelle des jeunes et enfants qui travaillent dans les mines et qui n’ont pas eu la chance de faire le cursus normal de la scolarité. Surtout nous remercions beaucoup le Père Bernard Ugeux, de soutenir notre centre qui réinsère les jeunes et enfants qui souffrent des affres des mines de Kamituga.

Jusque-là, nous organisons une seule filière qui est la menuiserie. Cette filière a permis à ces jeunes de réintégrer une vie normale parce qu’en apprenant ce métier, certains parviennent à fonder leur propre foyer et contribuent à la survie de leur famille et de la société tout entière.

Nous avons constaté qu’une fois que ces jeunes apprennent ce métier, ils ne retournent plus dans les groupes armés ni dans les mines »

Lors de cet échange de Josué avec Destin BYANDIKE, communicateur de Germes d’Espérance au Sud-Kivu, a plaidé pour la création d’autres filières comme par exemple la maçonnerie et autres car selon lui, cela reste un désir d’une bonne partie des jeunes à Kamituga. Cependant, ni la paroisse ni le diocèse n’investisse d’argent dans ce projet qui n’existe que grâce aux aides extérieures.

Signalons que ce centre qui accueille plus de 30 jeunes chaque année et est appuyé par Germes d’Espérance à travers le Père Bernard Ugeux, missionnaire d’Afrique.

Merci de suivre cette interview sur YouTube : 


Destin Byandike.


mardi 9 mai 2023

Catastrophe à kalehe, plusieurs corps sans vie se font toujours retrouvés

 

Après la pluie torrentielle qui s’est abattue à Kalehe ce jeudi 04 mai 2023 causa ainsi des dégâts matériels et des pertes des vies humaines, les corps sans vie se retrouvent toujours dans des déchets des maisons qui ont été emporté par les eaux de pluie. Ce dimanche 07/05, l’équipe du mouvement citoyen FLEED (Force Libre Engagée pour l’Emploi et le Développement) s’est rendu sur place afin de constater le drame qui s’est produit sur cette partie du territoire de Kalehe. Sur place, un comité de crise a été créé composé de la société civile, l’administration locale mais aussi les acteurs de la Fleed dans ce milieu.

Selon le président de la société civile de Nyamukubi, Gédéon RUSAMBA, explique que la situation est vraiment alarmante et le bilan ne cesse de s’alourdir parce que seulement pour cette journée de dimanche, 14 autres corps ont été retrouvé dans les décombres et les victimes de cette inondation continuent de mourir dans des structures sanitaires par manque des médicaments. Pour lui, il estime que le bilan de décès serait plus de 3000 personnes et les familles sinistrées n’ont toujours pas reçu l’assistance.

Pour Delphin Birimbi, président du cadre de concertation de la société civile territoire de Kalehe dans une interview accordée à ACTUALITÉ.CD ce lundi 8 mai, il affirme que 351 corps ont déjà été ramassés.

A Kalehe, la société civile indique que le nombre des disparus serait estimé à 4393 personnes.

Pendant ce temps, les corps des victimes sont inhumés dans des fosses communes. Ce que déplorent plusieurs observateurs. Suite à la proclamation du deuil national, entasser les corps dans une fosse commune témoigne d’un manque de respect des défunts et de leur famille et de l’incurie des institutions”, a lancé le Prix Nobel de la paix, Denis Mukwege. 

Destin BYANDIKE


mardi 2 mai 2023

Nouvelle Lettre de la Savane N°53

 


Chères amies, Chers amis, 

Bonne fête de Pâques, ou belle fête de Printemps, c’est selon. 

Voici un NUMERO SPECIAL de la Lettre de la 

Savane. En effet, des amis de Germes d’Espérance sont venus passer trois semaines chez nous malgré la grande insécurité que traverse notre région depuis des mois avec des états de siège et des combats. Il y a longtemps que je souhaitais que des donateurs et soutiens de Germes d’Espérance viennent voir sur place ce que nous réalisons, et ce rêve est devenu réalité grâce à la visite d’amis de longue date Michèle Nouvellon et Gabriel Ducroquet. 

Je leur laisse donc la parole. 

Michèle Nouvellon Un séjour au Congo qui ne laisse pas indifférent  

Beaucoup de réalités m’ont profondément touchée. En commençant par le positif, je note que, malgré une situation générale très difficile dont il est question plus loin, il y a le fait que les Congolaises et les Congolais ont une faculté de résilience exemplaire. Nous avons eu la chance d’être présents au centre Nyota au moment de la Fête de la Femme. Quel enjeu pour ces filles victimes dès leur plus jeune âge de violences sexuelles !!! les jeunes filles étaient toutes parées de leurs plus beaux habits, les enseignantes s’étaient confectionné des tenues dans un même tissu. Après un discours vibrant où une de leurs formatrices leur a rappelé combien elles sont capables de devenir des femmes honorables, toutes les filles et leurs formateurs ont dansé, chanté. Autour d’un repas partagé, la joie pétillait dans les yeux de ces filles, se sentant protégées et aimées par cette équipe d’enseignants et enseignantes très charismatique et dévouée à sa tâche.

Une autre source de réconfort se trouve dans la foule présente aux messes. Non seulement le dimanche mais aussi tous les jours de semaine, les églises sont pleines, de jeunes, d’enfants, d’hommes et de femmes de tous âges et nombreuses sont les chorales. 

Enfin, mon admiration va aussi vers les personnes qui donnent leur vie pour sortir de la misère humaine et de la pauvreté des enfants abandonnés par leur parent au prétexte qu’ils sont sorciers : Natalina ressemble par son charisme à Mère Térésa. Mais aussi le Docteur, prix Nobel de la Paix en 2018, qui nous a accordé un long entretien, plein d’empathie, d’humilité et d’une grande humanité

Avec Natalina, qui accueille des fillettes accusées de sorcellerie et des orphelins au Foyer Ek’abana

Sans oublier Bernard qui, en comptant sur notre générosité, réussit à faire fonctionner le centre Nyota, le centre des menuisiers de Kamituga mais aussi à aider bon nombre de filles et mères célibataires pour financer leurs études ou tout simplement pour construire la maison qui abritera leur famille ou pour payer des frais médicaux au coût insupportable.

Une ancienne du Centre Nyota qui a monté son propre atelier

Pourtant il y a de quoi être révolté : 

Il y a l’inefficacité des pouvoirs publics : pas suffisamment de routes ou autres moyens de communication et surtout pas d’entretien des routes existantes. Peu d’écoles publiques et de systèmes de santé publics : heureusement les institutions religieuses catholiques et protestantes ont fondé bon nombre d’écoles, d’universités et d’hôpitaux. Tout cela sur fond de corruption à l’échelon national ainsi que local qui gangrène aussi la justice. Par ailleurs, il n’y a pas assez d’entreprises ou d’industries pour embaucher tous les jeunes diplômés qui sortent des universités avec un master et se retrouvent chauffeur de taxi-moto pour faire vivre leur famille. Alors que le pays regorge de matières premières dans son sous-sol. On ne voit pas de vraie volonté politique de sortir du conflit entre le Congo et le M23 dans le Nord Kivu et notamment autour de Goma où les populations des villages voisins ont été chassées et se retrouvent entassées dans des camps de réfugiés où l’aide internationale ne suffit pas 

Le plus révoltant, ce sont les violences que subissent les femmes et les petites filles dans cette ambiance de guerre et qui n’ont cessé depuis la première guerre en 1996.  

Et la pauvreté de certaines familles qui vivent dans des conditions très difficiles : notamment au niveau de l’habitat (maison au toit de taule souvent percées et murs en planches) où s’entasse une famille avec au moins 6 enfants et pas de salaire pour la mère qui se retrouve souvent seule à assumer les dépenses. 

Malgré cela, il y de l’espérance et beaucoup de courage pour continuer à croire dans la vie. Germes d’Espérance y prend toute sa place. 

Gabriel Ducroquet Restons unis ensemble 

Dès notre arrivée au Centre Nyota à Bukavu , le 13 mars, nous avons été accueillis dans la joie par tous les membres du centre, les jeunes filles, les formatrices (eurs) et le personnel de service, accueillis non comme Michèle et Gabriel mais bien comme les « ambassadeurs de « Germes d’Espérance », ont-elles toutes chanté ; elles tenaient à leur façon à rendre présents tous les acteurs de Germes d’Espérance. Nous étions invités pour écouter et contempler leur vie quotidienne, et transmettre le message qu’elles nous donneront.

Filles accueillies au Centre Nyota

Ce 13 mars à Nyota, des paroles, des danses, des chants, des mimes, des sourires, des témoignages et le partage d’un repas, pour saisir que « Germes d’Espérance » avait pour tous, Sens et Corps, une entité proche, visible et bien réelle pour un chemin de relèvement. 

Alors dans nos journées vécues en RDC dans la zone Est du pays (de Bukavu à Goma) où l’Etat est absent dans les secteurs vitaux de la vie quotidienne, nous avons vu et entendu au cours de rencontres bien diverses la capacité des personnes à vivre, voire survivre, à se dépasser de bien des manières. Difficile par l’écriture de raconter des ambiances, des attitudes, des visages, des réactions, des témoignages, mais dans la ville de Bukavu c’est un fourmillement impressionnant, permanent, désordonné, qui s’offre à nous. C’est le lieu du petit commerce vital en tout genre qui révèle les réalités quotidiennes, notamment celle d’une injustice, qui prend aux entrailles, qui trouble, révoltant mais au combien interpellant.

Maman Noella, coordinatrice du Centre Nyota à l’atelier de savonnerie artisanale.

Dans ce contexte les centres Nyota et Kamituga peuvent paraître agir comme deux « colibris », ils sont cependant deux précieux points d’appui où se vit la fraternité. Voici deux exemples bien révélateurs : 

Au centre Nyota , vers 10h du matin , une ration alimentaire est distribuée à 60 jeunes filles (budget oblige) en sous-alimentation, un diagnostic est réalisé par un médecin pour choisir les 60 élues ! ; qu’elle fut ma surprise de voir , lors de la distribution de cette ration, que quelques-unes d’entre elles, réunies dans « le réfectoire » pour recevoir la ration vivifiante , s’avancer vers la fenêtre pour partager leur bol avec d’autres restées dans la cour . Au Centre Nyota , on apprend à lire, à écrire, à coudre, à cuisiner, à produire du savon, à se relever, à se soutenir, on apprend à vivre ensemble. Elles font des km à pied, matin et soir, par des chemins chaotiques, voir boueux à la saison des pluies pour rejoindre le centre Nyota. mais pour chacune d’elles, Nyota est le lieu de l’Espérance , de la reconstruction, de l’engagement . 

Distribution de la bouillie au Centre Nyota 

Nous aurions aimé nous rendre à Kamituga , lieu où se situe le centre d’apprentissage à la menuiserie. Cela ne fut pas possible (162 km de piste) , mais Josué , le directeur du centre de formation est venu à Bukavu pour nous rencontrer. Au cours de nos échanges, j’ai présenté à Josué les conditions nécessaires pour intervenir avec « méthode » au sein de la menuiserie, à cela Josué m’a présenté où le centre de formation allait chercher les jeunes garçons qui suivaient les cours de menuiserie ; il m’a mimé ces jeunes travaillant comme des fourmis dans les mines, entrant dans les boyaux de la terre pour sortir à l’aide de leurs mains des petits conglomérats de roches contenant des minerais précieux , en me précisant que sur le « tas » des jeunes garçons entrant , certains en ressortaient diminués physiquement, d’autres n’en ressortaient pas. A l’explication technique, une réponse du cœur, qui eurent pour conséquence la mise en place ensemble d’un projet d’équipement de l’école de menuiserie.  

Noella au centre Nyota, Josué au centre de Kamituga , et leurs équipes nous ont montré des réalisations concrètes, pleines de vie, au sein des plus fragiles dans un contexte journalier dur et injuste. Réunis en fin de séjour, Michèle, Bernard et moi-même , avons mesuré les fruits des 12 années d’action de « Germes d’Espérance » , quant à sa pérennité rien ne s’est dégagé si ce n’est cette réponse entendue de Bukavu à Goma : « Restons unis ensemble ». C’est un beau message donné en ce temps de Pâques, que ce message perdure au fil du temps ! »

Personnellement, moi, Bernard, j’ai été très touché par le présence simple et ouverte de Michèle et Gabriel. De même les séminaristes de notre maison avec qui ils ont partagé du temps, des repas et la prière. 

L’équipe du Centre Nyota a été particulièrement sensible au fait qu’ils ont passé plusieurs jours avec eux, pour participer à leurs occupations, les interroger sur les difficultés de leur vie quotidienne et se montrer si proches et si concernés, par leur difficultés. C’est évident que les salaires qu’ils touchent sont limités, mais nous dépendons des dons, et ceux-ci sont en train de diminuer pour des raisons de vieillissement de notre réseau et sans doute les conséquences de l’épidémie de covid 19 ou de la guerre en Ukraine. Ou bien la lassitude… ? Oui, les violences non seulement n’en finissent pas, mais s’aggravent… Ne parlons pas de notre propre lassitude. Mais c’est précisément pour cela que ce fut un tel encouragement pour nous de voir deux membres de Germes d’Espérance toucher du doigt la gravité de la situation, mais aussi s’émerveiller des résultats, de cette joie de la part de ces jeunes survivantes si résilientes et courageuses, qu’ils évoquent dans leurs partages. 

Dans une évaluation que nous venons de mener ensemble, tous les animateurs ont souligné : nos visiteurs se sont adaptés à nous, ils nous ont aimés, et nous ne les oublierons pas. 

Merci à Michèle et Gabriel, nous attendons maintenant une délégation de plus jeunes, qui feront aussi une expérience saisissante. 

Et nous espérons que le partage de Michèle et Gabriel remotivera ceux parmi vous qui se lasseraient… L’avenir est entre nos mains. 

Avec toute mon amitié, 

Bernard 




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