Chères amies, Chers amis,
Le mois de septembre se termine dans un climat de morosité
avec une recrudescence du Covid en Europe, les conséquences économiques,
financières, politiques et militaires de l’agression de la Russie et les
inquiétudes climatiques.
Je voudrais cependant commencer par vous partager des signes d’espérance qui peuvent nous encourager, même s’ils se passent loin de la plupart d’entre vous. Il y a tout d’abord la fécondité et la générosité des Eglises d’Afrique qui, en plus d’un engagement impressionnant des laïcs, a célébré cet été une multitude d’engagements à vie de jeunes hommes et de jeunes femmes au service de l’Eglise et de l’Afrique. Que ce soient les vœux dans les congrégations religieuses masculines ou féminines, ou les ordinations dans les diocèses et particulièrement dans notre Société des Missionnaires d’Afrique. Cette année, nous célébrons pour notre Province d’Afrique Centrale (Burundi, RD Congo, Rwanda) 11 ordinations presbytérales (prêtres) et 7 ordinations diaconales. Sans compter la fondation de nouvelles paroisses.
Au Centre Nyota, que soutient fidèlement Germes d’Espérance, les résultats sont
toujours aussi encourageants. Pour l’examen national de de fin d’études
primaires, nous avons obtenu 20
réussites sur 20 avec une moyenne de 80%. Nous figurons parmi les premières
écoles de la Province. Pour le Jury
provincial de couture, cela donne 23 réussites sur 23, avec cependant une
certaine baisse de la moyenne des résultats cette année. Sans votre soutien,
ces jeunes filles n’auraient jamais pu présenter ces jurys. Chacune a reçu un
kit pour créer son micro-projet.
Chaque
finaliste a reçu une machine à coudre pour commencer son atelier.
Par ailleurs, malgré le peu de temps passé en Europe à cause
de ma nouvelle fonction dans la formation initiale, j’ai pu animer une dernière fois à Rome la session pour les confrères et
consœurs séniors sur « l’art de vieillir dans la grâce et la sérénité ».
Ils étaient 18 participants. J’ai dû faire appel à l’un d’eux, pressenti pour
me succéder, pour remplacer au pied levé la religieuse qui co-anime
habituellement ces sessions avec moi et qui était empêchée pour raison de
santé.
J’ai donc dû assumer l’animation et la transmission. Ce fut
assez lourd, mais tout s’est bien passé. Jetez un coup d’œil :
https://mafrome.org/session-des-seniors-2022/
Témoignage d’une participante (80 ans) :
«
Je me sens confirmée dans ce qui
était déjà une conviction croissante, à savoir que ce temps de vieillesse est
un temps de GRACE et sera fructueux dans la mesure où je laisse l'Esprit
travailler en moi et à travers moi. Je reste missionnaire jusqu'à la fin de ma
vie....
C'est une joie et une
découverte d'être avec nos frères Missionnaires d’Afrique. Bien sûr, je les ai souvent rencontrés dans
le passé, mais ce temps passé ensemble à prier et à partager d'égal à égal a
été une bénédiction et quelque chose en moi a changé en conséquence ».
A côté de ces bonnes nouvelles, il y a l’évolution
actuelle de la RDC. Victime d’agression de la part d’un groupe armé (le M23)
soutenu par des voisins, le pays n’arrive pas à reconquérir son territoire pour
le moment. Les casques bleus, dont la
population demande le départ, n’arrivent pas à gérer la situation. Ils sont
pourtant présents en RD Congo depuis plus de 20 ans, comptent plus de 20.000
hommes de troupe, coûtent 1,5 milliards de $ par an (60 états contributeurs).
Les gens se disent que si on avait investi cette somme pour l’équipement et la
formation de l’armée congolaise, celle-ci serait capable d’assurer sa mission
régalienne. Mais ce n’est pas encore le cas.
En
outre, la multiplicité des groupes armés
illégaux (environ 130) provoque des déplacements massifs. Radio France
International précisait récemment : « À elle
seule, la RDC compte 5,5 millions de personnes déplacées et 1 million de
réfugiés en 2021. Un cas d’école en matière de négligence internationale,
malgré le déploiement coûteux de la Monusco depuis 1999, une mission des
Nations unies aujourd’hui sur le départ.
Alors que 27% de sa population a souffert de la faim en 2021, aucune réunion de
haut niveau de pays donateurs ne s’est tenue sur la RDC, et seulement 44% des 2
milliards de dollars demandés par les Nations unies pour l’aide humanitaire ont
été accordés. La situation s’est aggravée cette année avec la résurrection de
la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu, les tensions avec le Rwanda voisin et
une insécurité alimentaire persistante. « C’est l’une des pires
crises
humanitaires du siècle, souligne Jan Egeland. Et pourtant, ceux qui disposent
du pouvoir de changer la donne, en Afrique comme ailleurs, ferment les yeux sur
les vagues d’attaques brutales et ciblées à l’encontre des civils, qui brisent
les communautés ». Ce rapport signale donc que 27 % de la population
souffrent de la faim, mais les élus sont accusés de toucher un salaire de 21.000
€ par mois, en comptant tous les avantages annexes dont ils bénéficient.
Les déplacés des affrontements armés manquent de tout. (RFI).
Pourtant, avec l’augmentation du cours du cobalt, le
RDC a d’énormes ressources… mais exploitées parfois en dépit des droits humains
par certaines compagnies minières.
Un
film d’investigation vient de sortir qui dénonce cette exploitation. Je
vous invite à aller le voir. Il montre aussi les risques du tout électrique
dans les moyens de transport
(nuisances dans la fabrication des batteries).
Voici donc, bien chers amis et amies, un mélange d’espérance
et de soucis, comme partout dans le monde. Merci de continuer à cheminer avec
nous, de nous donner les moyens de continuer à semer des Germes d’espérance au
sein d’une population très vulnérable.
A l’heure où je vous écris, je me prépare à partir le 1er
octobre pour Kinshasa où je donnerai encore une session avant de rejoindre la
maison de formation du Bukavu où je réside et enseigne désormais.
Vingt-neuf jeunes sont arrivés ces jours-ci, ils se
préparent à devenir missionnaires et nous sommes avec eux pour les former
humainement et intellectuellement, et pour les accompagner spirituellement.
Merci de prier pour eux.
Une des cinq presqu’îles de Bukavu, sur le lac Kivu. |
Bernard Ugeux.