jeudi 25 mars 2021

Journée internationale de la femme au centre Nyota/Sud-Kivu (le 25 mars 2021)

 

SUD-KIVU, à l’occasion du mois de la femme.


Le centre Nyota qui contribue à promouvoir la femme et son épanouissement à travers un encadrement des filles dans différentes formations professionnelles pour leur autonomie, a organisé ce mercredi 17 mars 2021, une fête de la femme avec les encadreurs et apprenant de ce centre.

mardi 23 mars 2021

Billet sur le COBALT AFRICAIN, (23 mars 2021)



Quand les voitures électriques lorgnent vers le cobalt africain, des enfants en font les frais.

Le fait qu’une proportion importante de cobalt soit produite artisanalement par des enfants dans des conditions toxiques oblige à s’interroger sur la généralisation proche des voitures électriques dans les conditions actuelles.

La RDC possède les mines de cobalt les plus productrices du monde, plus de la moitié du cobalt utilisé mondialement. Il existe aujourd’hui une demande accélérée pour des accumulateurs rechargeables (batteries) fabriqués sur base de l’oxyde de lithium et de cobalt, un secteur représentant 49% de la demande globale de cobalt. Ces accumulateurs rechargeables sont jusqu’à présent les plus prisés dans la fabrication des véhicules électriques, à cause de leur forte capacité de stockage d’énergie permettant ainsi leur utilisation sur une plus longue durée[1]. Tous les efforts sont faits pour que la production puisse répondre à la demande mondiale constamment élastique. L'Est de la RDC, où se trouvent les mines, abrite des centaines de milliers d’enfants qui creusent pour fournir les minéraux qui seront utilisés par Apple, Google et d'autres sociétés géantes.

L'expert en développement mondial Siddharth Kara a beaucoup écrit sur la signification de ce minerai pour les géants de la technologie. En 2018, il note que "les enfants travaillent 12 heures par jour, certains pour seulement 2 dollars par jour, creusant et transportant des sacs de roches riches en cobalt, sans protection, participant à la course chaotique pour ce produit extrêmement précieux"[2]. La toxicité du cobalt est de nature radioactive et un organisme qui y est exposé soit par ingestion ou inhalation peut en souffrir gravement. Le cobalt est en outre classé comme un cancérogène possible. Il pourrait aussi être à l’origine de problèmes cardiaques et d’affections pulmonaires[3].

Ces enfants sont à la merci de maîtres d'œuvre qui sont généralement des fonctionnaires corrompus ou même des forces rebelles. Le gouvernement du Congo ne semble pas capable d'assurer la sécurité des vies et des biens de ses habitants dans les villes minières. Or, cet artisanat minier produit au moins 20% de l’exportation. Le débat entre les deux géants suisses du secteur minier, Glencore International et Trafigura, pour savoir quelles conditions de travail il faut offrir aux milliers des creuseurs, trouve ici tout son sens. Pour Glencore, l’artisanat minier n’a plus sa place malgré le chiffre impressionnant de tonnes des minerais extraits par les creuseurs artisanaux. Trafigura semble avoir une lecture plus réaliste du contexte local. Selon ce géant suisse, il y aurait 110.000 à 200.000 (!) creuseurs artisanaux qui fournissent 20 à 40% du cobalt congolais et dont il faut tenir compte en intégrant le travail des artisans miniers dans la grande industrie minière au Katanga. Il a signé un contrat avec la compagnie Chemaf qui mène un programme pilote d’encadrement et de régularisation de l’activité minière artisanale[4]. Il s’agirait entre autres de contrôler les creuseurs et de limiter l’entrée des mines aux plus de 18 ans. La tâche est immense vu le nombre des destinataires potentiels.

Récemment, les sociétés BMW, BASF, Samsung SDI et Samsung Electronics ont lancé en octobre 2020 en RD Congo, le projet « Cobalt for Development », visant à former plus de 1500 exploitants artisanaux du cobalt d’ici à la mi-2021. Ces ‘grands consommateurs’ du cobalt produit en RD Congo veulent ainsi comprendre et relever les défis de l’exploitation minière artisanale responsable à travers ces formations pour douze coopératives minières artisanales à Kolwezi, dans la province du Lualaba (sud-est de RD Congo).


« Le cobalt joue un rôle essentiel, malgré une quantité décroissante de matière première dans les nouvelles générations de batteries pour véhicules électriques. Grâce à cette initiative, nous souh
aitons renforcer notre stratégie de matières premières durables en ayant un impact sur le terrain – en étroite coopération avec des partenaires solides », a déclaré à la presse Ullrich Gereke, responsable de la stratégie d’approvisionnement de Volkswagen cité dans un communiqué. Le groupe a récemment rejoint l’initiative en tant que nouveau partenaire[5].

Cette initiative louable ne touchera cependant qu’un tout petit pourcentage des jeunes (garçons et filles) qui sont privés de scolarité et se détruisent la santé dans cet artisanat gravement toxique, sans aucune couverture médicale.

Serait-ce une invitation à s’interroger sur le label de propre et d’éthique attribué aux véhicules électriques dont il est prévu d’en produire des millions[6] (sic) durant les années à venir ? Quelle traçabilité et quelle protection mettre en place dans ce commerce mondialisé ?



[1] Aloys Tegera, Senior Researcher, Les enjeux du Cobalt Congolais, Pole Institute, Goma (RDC) Décembre 2019, 20 p. Non publié.         

[2]https://face2faceafrica.com/article/congoisbleeding-new-hashtag-draws-attention-to-deadly-exploitation-in-congolese-minesOpinion and features  by Nii Ntreh, Oct 22, 2020

[3] Aloys Tegera, ibidem.

[4] Ibidem.

[5] Financial Afrik, Nathanael Mavinga, « RDC : BMW, SAMSUNG et Volkswagen forment plus de 1500 exploitants artisanaux du cobalt »,  2 novembre, 2020.

[6] La COP 21 tenue à Paris ambitionne vouloir atteindre 100 million de véhicules électriques ainsi que 400 million d’engins électriques à deux roues en 2030 et estimerait une demande de 1,2 million de tonnes de cobalt pour atteindre son objectif. Cf. EU, « Cobalt : demand – supply balances in the transition to electric mobility », 2018.

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