Quand la surpopulation met en question toutes les protections
Après un longtemps d’interruption pour des raisons de santé, de
retour en Afrique je me hasarde à relancer mon blog. Excusez mon absence
et merci aux amis qui ont pensé à moi.
Dans la pandémie qui envahit petit à petit toute la planète, on est
frappé jusqu’à présent par le peu de présence du virus dans les pays
d’Afrique subsaharienne. Il est vrai que ces pays sont beaucoup moins
traversés par les réseaux de communication qui sillonnent les continents
les plus développés. On est frappé de voir des personnes contaminées
débarquer ici dans un aéroport après être passées par quatre ou cinq
pays successivement, parfois sur plusieurs continents. Dans nos pays, à
part quelques privilégiés du système, qui ne se privent pas de voyager
partout dans le monde avec l’argent du peuple, l’immense
majorité des gens circulent à pied ou dans des transports en commun
souvent de mauvaise qualité et essayent tout simplement de survivre.
A propos de l’Afrique, on entend tout et n’importe quoi,
comme, par exemple, les noirs ne sont pas atteints par le virus (à
cause de la mélanine ?). Cela a été démenti par les faits. Ou que le
virus meure à la chaleur et que autour de 30° il n’est plus dangereux,
alors qu’il s’est répandu à Dubai où il faisait plus de 40°.
Des analyses approfondies nous permettront de mieux comprendre dans l’avenir, mais pour le moment des cas sont apparus dans presque tous les pays du monde, dont nos régions, et tous les gouvernements ont la responsabilité de les endiguer au maximum et de faire régulièrement des contrôles sanitaires. On nous encourage en disant que dans les pays les plus atteints comme la Chine, l’Italie, ou l’Espagne, les décès ne dépassent pas un faible pourcentage. Tout cela dans un environnement où, malgré les limites des systèmes sanitaires, il y avait beaucoup de moyens d’intervention, qui aujourd’hui montrent leurs limites. Ils ont permis de sauver de nombreuses vies humaines, mais le drame est qu’aujourd’hui ils sont insuffisants. Déjà en Italie et en France les médecins sont obligés de choisir entre plusieurs personnes à soigner. C’est une épreuve morale qui peut peser lourd sur leur conscience pendant longtemps, malgré la création un peu partout de comités d’éthique. Les gouvernements africains ont donné des consignes, très semblables à celles qui ont été avancées en Europe par exemple. Mais le contexte est très différent. Par exemple, on a décidé de fermer les écoles primaires, secondaires, universitaires, publiques et privées. Cela ne signifie pas des millions d’enfants à la maison, sous le contrôle des parents ! En effet, comme, dans les mégapoles comme Kinshasa ou Nairobi, le père est presque toujours absent et que la mère est dans la rue ou sur une petite parcelle de terre 10 à 12 heures par jour pour chercher la nourriture du soir, l’immense majorité de ses enfants se retrouvent à la rue avec très peu de surveillance et de contrôle, la petite baraque en planches qui sert d’habitation ne pouvant servir d’aire de jeu ou de lieu de refuge.
Parler de confinement ne veut rien dire. Tout d’abord parce que on ne confine pas dix personnes dans une baraque en planches de 3 m sur 5 sous un toit de tôle à 2 m de hauteur sur lequel le soleil tape toute la journée, ce qui est l’habitat le plus général dans les bidonvilles ici. En outre le confinement ne fonctionne que si on a la possibilité d’avoir un minimum de réserves de nourriture et de biens de première nécessité pour l’ensemble des personnes confinées. Or, dans ces cités tentaculaires, on ne mange que si dans la journée, les membres de la famille qui s’essayent à du petit commerce informel dans les rues ou sur les marchés ont vendu quelque chose. Cela s’appelle « vivre au taux du jour » ! A part cela, généralement, il n’y a aucune réserve et on a faim. Dans la ville où je suis, on a commencé à fermer des marchés alors que la société est dans une dynamique de survie au jour le jour. Maintenant on les rouvre, en demandant aux gens de garder une distance sanitaire d’un mètre alors qu’on leur loue un emplacement qui ne fait pas un m². Un autre exemple, les transports en commun. Un effort vient d’être fait dans notre pays pour limiter les passagers dans les taxis à trois et dans les bus de quarante places à une vingtaine de passagers. Hier encore, on pouvait trouver une vingtaine de passagers dans un taxi bus de 15 places. Il est peu probable que ces consignes soient respectées étant donné le manque à gagner que représente une telle restriction.
Pour une ville de qui fait environ 1 million d’habitants, à l’hôpital provincial de référence, il y avait 20 lits à l’isolement.
Des consignes sont données aux gens, comme celle de se laver les mains (mais il faut chercher l’eau assez loin dans certains quartiers), de ne pas se toucher en se saluant, de ne pas se réunira plus de 20 personnes, ce qui a entraîné la suspension de tous les cultes qui drainent toujours énormément de monde et particulièrement en carême et en Semaine Sainte. A certains endroits, on prend la température (port, aéroport, frontière…) mais sans arriver le faire de façon systématique. Il y en toujours qui se faufilent ailleurs.
Le but de ce partage n’est pas d’en rajouter ni de critiquer les gouvernements africains pour ce qu’ils font aujourd’hui. On fera les comptes plus tard, quand on reviendra sur les structures sanitaires lamentables dans des pays aux ressources immenses qui ne profitent jamais à la population. Les gens ont une foi chevillée au corps, ils ne cessent de s’en remettre à Dieu. La fermeture des cultes est mal vécue. Mais les Eglises se sont montrées légitimement fermes de même que les mosquées, Mais on sent que la psychose du virus se répand étant donné que de plus en plus de gens en ville sont connectés à WhatsApp et écoutent à longueur de journée les bulletins médicaux du monde, mélangés à tout un tas de fake news qui ne font qu’aggraver la situation. Nous faisons un gros travail de conscientisation de la population à l’hygiène, et à la solidarité avec les plus pauvres et les plus fragiles au moment où déjà des commerçants en profitent pour faire monter les prix des denrées de première nécessité. Mais si effectivement le virus devait commencer à se répandre, sans que l’on puisse soigner les gens, à part une petite minorité qui en aurait les moyens, la conséquence pourrait être assez proches de ce qu’on a pu connaître lors des épidémies médiévales… Le pire n’est pas le plus sûr, il nous faut décider la confiance, choisir l’espérance, se soucier des plus exposés, et s’occuper le mieux possible, maintenant que pour beaucoup d’entre nous les activités sont arrêtées. Merci d’avoir une pensée pour nous alors que nous avons aussi une pensée pour vous, aussi ceux et celles des pays privilégiés, parce que la souffrance n’a pas de frontières ni de couleurs.
Des analyses approfondies nous permettront de mieux comprendre dans l’avenir, mais pour le moment des cas sont apparus dans presque tous les pays du monde, dont nos régions, et tous les gouvernements ont la responsabilité de les endiguer au maximum et de faire régulièrement des contrôles sanitaires. On nous encourage en disant que dans les pays les plus atteints comme la Chine, l’Italie, ou l’Espagne, les décès ne dépassent pas un faible pourcentage. Tout cela dans un environnement où, malgré les limites des systèmes sanitaires, il y avait beaucoup de moyens d’intervention, qui aujourd’hui montrent leurs limites. Ils ont permis de sauver de nombreuses vies humaines, mais le drame est qu’aujourd’hui ils sont insuffisants. Déjà en Italie et en France les médecins sont obligés de choisir entre plusieurs personnes à soigner. C’est une épreuve morale qui peut peser lourd sur leur conscience pendant longtemps, malgré la création un peu partout de comités d’éthique. Les gouvernements africains ont donné des consignes, très semblables à celles qui ont été avancées en Europe par exemple. Mais le contexte est très différent. Par exemple, on a décidé de fermer les écoles primaires, secondaires, universitaires, publiques et privées. Cela ne signifie pas des millions d’enfants à la maison, sous le contrôle des parents ! En effet, comme, dans les mégapoles comme Kinshasa ou Nairobi, le père est presque toujours absent et que la mère est dans la rue ou sur une petite parcelle de terre 10 à 12 heures par jour pour chercher la nourriture du soir, l’immense majorité de ses enfants se retrouvent à la rue avec très peu de surveillance et de contrôle, la petite baraque en planches qui sert d’habitation ne pouvant servir d’aire de jeu ou de lieu de refuge.
Parler de confinement ne veut rien dire. Tout d’abord parce que on ne confine pas dix personnes dans une baraque en planches de 3 m sur 5 sous un toit de tôle à 2 m de hauteur sur lequel le soleil tape toute la journée, ce qui est l’habitat le plus général dans les bidonvilles ici. En outre le confinement ne fonctionne que si on a la possibilité d’avoir un minimum de réserves de nourriture et de biens de première nécessité pour l’ensemble des personnes confinées. Or, dans ces cités tentaculaires, on ne mange que si dans la journée, les membres de la famille qui s’essayent à du petit commerce informel dans les rues ou sur les marchés ont vendu quelque chose. Cela s’appelle « vivre au taux du jour » ! A part cela, généralement, il n’y a aucune réserve et on a faim. Dans la ville où je suis, on a commencé à fermer des marchés alors que la société est dans une dynamique de survie au jour le jour. Maintenant on les rouvre, en demandant aux gens de garder une distance sanitaire d’un mètre alors qu’on leur loue un emplacement qui ne fait pas un m². Un autre exemple, les transports en commun. Un effort vient d’être fait dans notre pays pour limiter les passagers dans les taxis à trois et dans les bus de quarante places à une vingtaine de passagers. Hier encore, on pouvait trouver une vingtaine de passagers dans un taxi bus de 15 places. Il est peu probable que ces consignes soient respectées étant donné le manque à gagner que représente une telle restriction.
Pour une ville de qui fait environ 1 million d’habitants, à l’hôpital provincial de référence, il y avait 20 lits à l’isolement.
Des consignes sont données aux gens, comme celle de se laver les mains (mais il faut chercher l’eau assez loin dans certains quartiers), de ne pas se toucher en se saluant, de ne pas se réunira plus de 20 personnes, ce qui a entraîné la suspension de tous les cultes qui drainent toujours énormément de monde et particulièrement en carême et en Semaine Sainte. A certains endroits, on prend la température (port, aéroport, frontière…) mais sans arriver le faire de façon systématique. Il y en toujours qui se faufilent ailleurs.
Le but de ce partage n’est pas d’en rajouter ni de critiquer les gouvernements africains pour ce qu’ils font aujourd’hui. On fera les comptes plus tard, quand on reviendra sur les structures sanitaires lamentables dans des pays aux ressources immenses qui ne profitent jamais à la population. Les gens ont une foi chevillée au corps, ils ne cessent de s’en remettre à Dieu. La fermeture des cultes est mal vécue. Mais les Eglises se sont montrées légitimement fermes de même que les mosquées, Mais on sent que la psychose du virus se répand étant donné que de plus en plus de gens en ville sont connectés à WhatsApp et écoutent à longueur de journée les bulletins médicaux du monde, mélangés à tout un tas de fake news qui ne font qu’aggraver la situation. Nous faisons un gros travail de conscientisation de la population à l’hygiène, et à la solidarité avec les plus pauvres et les plus fragiles au moment où déjà des commerçants en profitent pour faire monter les prix des denrées de première nécessité. Mais si effectivement le virus devait commencer à se répandre, sans que l’on puisse soigner les gens, à part une petite minorité qui en aurait les moyens, la conséquence pourrait être assez proches de ce qu’on a pu connaître lors des épidémies médiévales… Le pire n’est pas le plus sûr, il nous faut décider la confiance, choisir l’espérance, se soucier des plus exposés, et s’occuper le mieux possible, maintenant que pour beaucoup d’entre nous les activités sont arrêtées. Merci d’avoir une pensée pour nous alors que nous avons aussi une pensée pour vous, aussi ceux et celles des pays privilégiés, parce que la souffrance n’a pas de frontières ni de couleurs.