Un
atelier international pour des consacrés engagés dans l’accueil et la
réinsertion des victimes de violences sexuelles.
Il
existe encore des raisons d’espérer, comme l’engagement de celles et ceux qui
consacrent toute leur énergie à accueillir, soigner et réintégrer les victimes
des violences dons nos régions. Comme le dit saint Paul : « là où le
péché a abondé la grâce a surabondé ». Si la guerre dérégule toutes les valeurs
morales allant jusqu’à des crimes contre l’humanité, elle suscite aussi des
mobilisations sans précédent et des dévouements improbables. Et de cela je suis
quotidiennement témoin.
Nous
venons de vivre un grand moment de fraternité et d’encouragement du 2 au 9
avril à Goma, à Keshero.
Tout a
commencé il y a près d’un an, quand la ministre des droits humains britannique
est venue rendre visite à la commission Justice et Paix de l’Union
Internationale des Supérieures Générales des congrégations religieuses à Rome
(UISG). Après un séjour dans le Nord-Kivu (RDC), la baronne Anley s’était rendu
compte que le réseau le plus fiable et le plus performant pour lutter contre
les violences sexuelles et les trafics humains en RDC, ce sont les
congrégations religieuses catholiques qui sont présentes sur la totalité du
territoire et jusque dans les villages les plus reculés. Elle a donc demandé de
l’aider à diffuser le Protocole britannique dans la région des Grands Lacs.
Venant du gouvernement britannique, cela a provoqué un effet de
surprise !! Ce Protocole
international relatif aux enquêtes sur les violences sexuelles dans les
situations de conflit (la première édition date de 2014, la seconde sort
prochainement en français), le gouvernement britannique veut le diffuser en
Afrique, comme sur les autres continents. Chargé de l’organisation de cet
atelier spécialisé de deux jours, j’y ai ajouté quatre jours de travail sur nos
pratiques pastorales et psycho-sociales. Quarante personnes (experts compris)
ont pu participer à cette semaine de travail intense. Il y avait entre autres
deux SMNDA, Furaha Kamanyula et
Christine Bahati, et deux M.Afr., Emmanuel Lengaigne et Patient Nshombo. Basé
sur une méthodologie inductive et interactive, l’atelier a permis un partage
d’expériences et d’expertises qui a créé une grande fraternité et une
solidarité entre tous ces acteurs de terrain. En effet, ils avaient presque tous
été sélectionné(e)s par leur Supérieur(e) général(e) ou par leur évêque (pour
les prêtres diocésains). Ils provenaient de l’ensemble du Congo, du Rwanda et
du Burundi ainsi que de l’Italie. Certains travaillent dans des zones de
combat, d’autres dans des territoires sans route, dans un grand isolement. C’était donc important pour les unes et les
autres de se retrouver avec les mêmes questions brûlantes et des cas difficiles
à gérer. L’apport des experts locaux et étrangers a permis l’acquisition
d’outils pour une meilleure gestion des conséquences des violences en zone de
conflit. Le module des experts du Protocole a permis de mieux s’approprier les
enjeux juridiques des enquêtes et des poursuites dans le cadre de ces
violences. Tant du côté de l’UISG que des Britanniques, cet atelier était
considéré comme une expérience pilote.
Nous sommes en train d’élaborer un document de référence qui devrait permettre
à d’autres acteurs de s’approprier cette expérience pluridisciplinaire et d’en
faire profiter d’autres, qui travaillent aussi avec des survivants de violences
basées sur le genre, sur d’autres continents[1].
Quelques jours après la clôture de l’atelier, un réseau a déjà commencé à se
mettre en place et trois groupes relais ont déjà été créés à travers la RDC (Bukavu,
Goma, Katanga) pour assurer un suivi, un partage d’expériences et d’outils et,
le cas échéant, des supervisions. Si la dureté de certains partages durant
l’atelier a bouleversé des participants et comme introduit au Vendredi Saint,
la joie de la fraternité créée spontanément entre nous anticipait celle de la
Résurrection.
[1]
Si vous souhaitez vous le procurer, je puis vous l’envoyer par internet. bernard.ugeux@gmail.com