samedi 25 mai 2024

METTRE FIN A LA TRAITE DES PERSONNES : TALITHA KUM, 2ÈME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, DÉCLARATION FINALE – 22 MAI 2024


Le réseau Talitha Kum a été créé par l’Union Internationale des Supérieures Générales et des Supérieurs Généraux en 2009 pour lutter contre la traite des êtres humains. Cette année il élève son 15e anniversaire à l’occasion de la 2e assemblée générale qui vient de se tenir à Rome.

La RD. Congo était représentée par le Père Missionnaire d’Afrique Bernard Ugeux avec 152 délégués et participants de 71 pays représentants des 60 réseaux Talitha Kum (TK) engagés à mettre fin à la traite des personnes sur tous les continents. Les participants ont rendu publique une déclaration, qui est un programme pour les 5 ans à venir.

 Déclaration ci-dessous :

« Nous, 153 délégués et participants de 71 pays, représentants des 60 réseaux Talitha Kum (TK) engagés à mettre fin à la traite des personnes sur tous les continents, nous nous sommes réunis à la 2e Assemblée générale de Talitha Kum à Fraterna Domus à Sacrofano du 18 au 24 mai 2024, avec le thème « Cheminer ensemble pour mettre fin à la traite des personnes : Transformer par la compassion en action », afin de :

·         Partager et écouter les différentes réalités du terrain ;

·         Épouser notre identité et notre diversité en tant que réseau international de réseaux ;

·         Renforcer les relations, le travail en réseau et la collaboration 

·         Revoir nos priorités d'action à la lumière des réalités émergentes ;

·         Célébrer les 15 ans de Talitha Kum.

La puissance de la Pentecôte nous remplit d'un espoir prophétique. L'Esprit Saint nous encourage à persévérer dans l'éradication de la traite des êtres humains afin de créer un avenir pour que tous « aient la vie, la vie en abondance » (Jean 10, 10). Nous entendons dans la douleur et la souffrance des personnes blessées par la traite l'appel de Jésus qui engendre la vie : « Lève-toi ! » (Mc 5, 41). Nous prions pour des yeux qui voient la réalité de la traite, des mains qui tendent la main aux personnes affectées, un cœur rempli de compassion et des pieds qui avancent sur le chemin de la transformation.

Alors que nous nous réengageons à respecter les trois priorités de notre première Assemblée générale en 2019[1], nous reconnaissons que le monde a changé de manière spectaculaire au cours des cinq dernières années. Nos divers contextes culturels sont marqués par une accélération du changement, une mondialisation intense, l'augmentation des migrations, la croissance exponentielle de l'utilisation des technologies, l'impact dévastateur du changement climatique, la pandémie de COVID-19 et les conflits qui ravagent actuellement de nombreuses régions de notre monde. Aujourd'hui, ces réalités émergentes appellent Talitha Kum à s'engager sur nos trois prochaines priorités pour 2025-2030, que nous avons discernées en utilisant la méthode synodale de la Conversation dans l'Esprit.

PRIORITÉ 1. CHANGEMENT SYSTÉMIQUE FACE AUX NOUVELLES VULNÉRABILITÉS : 

Les systèmes complexes qui permettent la traite des personnes doivent être démantelés par des mesures concrètes de transformation sociale, économique, culturelle et politique. Nous dénonçons les nombreux facteurs qui font que des personnes sont piégées dans des formes modernes d'esclavage : la discrimination et la violence à l'égard des femmes et des minorités, l'exploitation des personnes vulnérables, en particulier des enfants, les systèmes patriarcaux, les déplacements internes, les migrations forcées, le terrorisme, les conflits et les guerres, le capitalisme de marché sans entraves, la corruption, le racisme, le crime organisé, les lois inadéquates en matière d'immigration et l'application incohérente de la loi. Ces réalités nous interpellent et c'est pourquoi nous nous engageons à :

·         Donner aux femmes, aux enfants et aux jeunes les moyens d'accéder à des sociétés plus justes et plus équitables ;

·         Adopter des stratégies efficaces pour réduire la demande à la racine de la traite des personnes, notamment par l'éducation des garçons et des hommes et la promotion de routes de migration régulières ;

·         Plaider pour la poursuite des trafiquants et pour des changements politiques et juridiques efficaces pour les populations à risque, notamment les migrants, les réfugiés et les personnes déplacées ;

·         S'attaquer aux facteurs d'incitation et d'attraction des migrations et des déplacements, en plaidant pour la protection et l'intégration des personnes en déplacement ;

·         Exposer les risques de la traite en ligne et des réseaux sociaux en sensibilisant les jeunes et leurs familles et en promouvant la cybersécurité.

PRIORITÉ 2. APPROCHE HOLISTIQUE ET CENTRÉE SUR LES SURVIVANTS:

 Nos expériences de cheminer avec les personnes qui souffrent de la traite nous montrent le visage humain de ce phénomène mondial. Nous sommes appelés à adopter une approche holistique dans le long terme qui vise la guérison intégrale et l’épanouissement, en marchant ensemble avec les survivants dans la dignité et l'empathie. Cela demande à TK d'être plus intentionnellement centré sur les survivants, informé par eux et sensible aux traumatismes – en écoutant leurs histoires, en les consultant dans les processus de prise de décision, et en les plaçant au cœur de nos réseaux. Nous ouvrons nos oreilles pour entendre le cri silencieux des diverses formes de traite des personnes, qui touchent les femmes, les hommes, les jeunes et les enfants. Promouvoir le protagonisme des survivants dans notre réseau est une clé essentielle pour améliorer notre capacité à prévenir la traite et à agir avec compassion, attention et acceptation inconditionnelle envers ceux dont la vie est affectée par ce fléau. Leur résilience inspire notre persévérance à éradiquer la traite des personnes sous toutes ses formes. Nous nous engageons à :

·         Prendre soin des survivants en tant que membres précieux de notre famille TK ;

·         Promouvoir des espaces/abris sûrs et sécurisés, le soutien par les pairs entre survivants et les initiatives menées par les survivants ;

·         Créer des espaces d'écoute sans jugement, des lignes d'assistance téléphonique et des applications mobiles de signalement ;

·         Relier les survivants à l'éducation, aux soins de santé, à l'acquisition de compétences, au logement, à l'aide juridique et aux possibilités d'emploi ;

·         Offrir un soutien psychosocial et un accompagnement spirituel pour les survivants, ainsi que la formation et un soutien psychologique et juridique pour les membres et partenaires de TK.

PRIORITÉ 3. ÉLARGIR LA COLLABORATION ET LES PARTENARIATS : 

Nous sommes conscients que nous ne sommes pas seuls et que ce travail ne peut être accompli de manière isolée. Au sein de TK, cela signifie diversifier nos membres et multiplier nos impacts. TK existe aujourd'hui grâce à l'engagement courageux et durable des femmes religieuses et de leurs collaboratrices. Enracinés dans leur témoignage de prière, nous considérons les laïcs, le clergé et les jeunes, comme la clé de la viabilité à long terme de notre travail pour mettre fin à la traite des personnes. Nous nous engageons dans la société et appelons à une large collaboration avec les responsables de l'Église, les confessions chrétiennes et les autres religions, les organisations gouvernementales, les ONG, les femmes et les hommes, les jeunes et les personnes âgées, afin qu'ensemble nous puissions :

·         Trouver des moyens créatifs pour sensibiliser face à la mondialisation de l'indifférence, à l'instar de Fratelli tutti ;

·         Lutter pour l'égalité entre les femmes et les hommes et le respect des droits de l'homme ;

·         Partager les ressources, les meilleures pratiques, l'analyse des données et l'annuaire international de TK en ligne ;

·         Faire face à l'impact du changement climatique et atténuer ses causes sous-jacentes, inspirés par le message de Laudato si’ ;

·         Prier pour mettre fin à la traite des personnes, en élargissant la portée de la Journée mondiale de prière et de réflexion du 8 février ;

·         Favoriser la participation active des jeunes, en particulier des jeunes ambassadeurs de TK, et les mobiliser comme leaders de nos campagnes de sensibilisation en ligne.

Ensemble, nos actions ont le pouvoir de transformer des vies avec compassion, vers un monde libéré de la traite des personnes »

C'est quoi Talitha Kumtalithakum.info

La Vie Religieuse Féminine qui est à l’origine de Talitha Kum est engagée depuis des siècles contre l'esclavage et la traite des personnes. Malgré cela les graines qui ont fait germer et grandir Talitha Kum ont été plantées à la fin des années 90 quand la Vie Consacrée s'est rendue compte de l'importance d'unir les propres forces et potentialités, et promouvoir une action intégrée en réseau. En 1998 l'Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), en accueillant l'invitation  lui lancée par sr. Lea Ackerman MSOLA, pour un plus grand engagement contre la traite des personnes ; forma un groupe d'étude sur la traite des personnes  à l'intérieur de la Commission  Justice, Paix et Intégrité de la Création. Le travail de ce groupe a débouché sur la  production de différent matériel pour la formation et la sensibilisation de la Vie Religieuse Féminine pour un plus grand engagement commun contre la traite. Un des documents fut particulièrement pris en considération : "Commerce de femmes, de fillettes et d’enfants. Information et matériel pour le travail" publié en 2003 en collaboration avec le Caritas Internationalis.(clique pour avoir accès aux documents) Vingt ans se sont écoulés depuis que l'Assemblée plénière de 2001 de l'Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) s'est engagée à :« travailler en solidarité les uns avec les autres, au sein de nos propres communautés religieuses et dans les pays où nous opérons pour lutter avec détermination à tous les niveaux contre les abus et l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants, avec une attention particulière à la traite des femmes qui est devenue un commerce international très lucratif. »Entre  2004 et 2008 l'Union Internationale des Supérieures Générales en collaboration avec l'Organisation Internationale des Migrations a réalisé un projet de formation qui a porté à la constitution de différents réseaux territoriaux en différents pays :  Italie, Albanie, Nigeria, Romanie, Thaïlande, Saint Domingo, Brésil, Portugal, Philippines, Afrique du Sud. Sr. Bernardette Sagma, FMA, coordonnatrice du projet UISG et Sr. Eugenia Bonetti, MC du réseau italien ont contribué de façon significative  à la réalisation du projet.   En 2009, pendant la première  rencontre mondiale des réseaux suscités par les rencontres formatives,  il a été proposé de créer Talitha Kum comme Réseau International de la Vie Consacré contre la traite avec une représentante issue de  l'UISG. La première coordonnatrice officielle de Talitha Kum fut Sr. Estrella Castalone, FMA  depuis 2010 jusqu’en 2014. Depuis 2015 la coordonnatrice est sr. Gabrielle Bottani, SMC. 2019 marque la fondation du premier réseau interreligieux Talitha Kum au Moyen-Orient, à l’occasion du 10e anniversaire de la création de la coordination internationale. En septembre, Talitha Kum International a tenu sa première assemblée générale, réunissant à Rome des membres et des collaborateurs du monde entier.2021 a également été une étape importante, marquant notre histoire en tant que femmes consacrées. Pour la première fois, l'exécutif de l'Union Internationale des Supérieures Générales a approuvé et soutenu le document de plaidoyer rédigé par les réseaux Talitha Kum : l'Appel à l'Action de Talitha Kum. Depuis sa fondation Talitha Kum a continué à promouvoir des cours pour la formation de nouveaux réseaux territoriaux, le travail en réseau et la collaboration avec différentes organisations engagées contre la traite des personnes.

Destin BYANDIKE pour G.E


jeudi 2 mai 2024

Débordement des eaux du lac Tanganyika a Uvira et des nouvelles maisons inondées a Panzi dans la ville de Bukavu en RD. Congo.


"Ce 23 avril 2023 à Uvira, dans la province du Sud-Kivu, la montée des eaux du lac Tanganyika contraint les établissements commerciaux à fermer leurs portes. Hôtels, bars, restaurants et entrepôts se retrouvent submergés par les eaux, entraînant des répercussions sur les activités des opérateurs économiques locaux.

Parmi les établissements les plus touchés figurent des lieux emblématiques tels que le Bahari Beach, un hôtel trois étoiles, ainsi que d'autres comme Ouragan Beach, Flat Karibu Lodge, Villa Ilac, Ciel Bulumba et Biden Beach. Même des hôtels comme l'Eden City et la Plage d'Or ont vu leurs infrastructures inondées, avec des niveaux d'eau atteignant jusqu'à 80 centimètres de hauteur, submergeant jardins, piscines et salles de réception.

Pascal Shabani, chef de service de l'économie nationale à Uvira, exprime sa préoccupation quant aux répercussions économiques dévastatrices de cette catastrophe naturelle :

« La montée des eaux du lac Tanganyika pose d'importants défis logistiques pour le déchargement des marchandises provenant de la région. Les fretins, le maïs, le Mikeke et le riz, entre autres produits, rencontrent des obstacles à leur déchargement tant sur le marché que sur le site de Beach Maendeleo, en raison de l'invasion des entrepôts par les eaux. Cette situation affecte également le trafic transfrontalier, avec l'arrêt des livraisons de riz par les Tanzaniens qui manquent de lieux de stockage. De même, les Chinois, fournisseurs de ciment gris de Kabimba, se trouvent dans une impasse alors que tous les ports sont désormais inaccessibles en raison de la montée des eaux. Ces interruptions entraînent des pertes économiques significatives pour la région »."

information tirée de la Radio Okapi : référence

Uvira : la montée des eaux du lac Tanganyika paralyse les ...

Radio Okapi |
https://www.radiookapi.net › actualite › securite › uvira...

De l’autre côté, c’est la rivière Ruzizi qui a fait des dégâts à Bukavu


Plus de 100 ménages sur les avenue Kazaroho, Ruzizi 1,2 et 3 au quartier Panzi dans la ville de Bukavu avaient été victimes des inondations après une montée des eaux de la rivière Ruzizi, suite au glissement de terrain de la colline Nyiratengo à Nyamagane  du Rwanda en mars de cette même année.

Cette catastrophe naturelle qui a barré le passage des eaux pendant plusieurs heures a occasionné des inondations qui ont laissé plusieurs familles sans abris  du côté de la République Démocratique du Congo.

Selon la Société Civile, les plus grandes victimes de cette catastrophe sont des enfants, des femmes enceintes qui passent la nuit à la belle étoile sans nourriture ni une autre forme d’aide.

La Société Civile sous noyau de Panzi appelle les autorités à venir en aide aux victimes.

Selon monsieur Elvis CHIRIMWAMI, membre de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI), plusieurs nouveaux ménages se sont ajoutés à ceux qui étaient déjà affectés par ces inondations et les populations sont contraintes de fuir leurs habitations.

Pour lui, les autorités devraient faire d’urgence pour évacuer la boue qui a bloqué le passage d’eau à la rivière Ruzizi, suite à l'éboulement qui s'est produit sur la colline du Rwanda.

En en croire Redouta Mweresi, acteur de cette structure citoyenne, regrette de constater que certaines maisons emportées par les eaux vers le  Rwanda, ont été démontées et les matériels emportés par la population Rwandaise.

« Nous demandons aux autorités compétentes, d’encadrer le plus tôt possible ces victimes de ce phénomène et qui n’ont rien mis sous la dent depuis un temps. De déplacer toutes ces familles vers un camp touchées en attendant d’autres solutions car ils n’ont pas où aller jusqu’à présent. De respecter et faire le suivi sur la mesure des 10 mètres de rive », La Société Civile sous noyau de Panzi ne cesse de lancer un SOS aux ONG humanitaires et personnes de bonne volonté pouvant assister ces familles dépourvues. Actuellement, les familles sinistrées restent sans abris et sans assistance.

De l’autre côté, l’on signale une jeune fille de moins de 18 ans noyée dans la Rivière Ruzizi dans la journée du lundi 18 mars 2024, pendant qu’elle était à la recherche de l’eau dans cette partie de la Commune d’Ibanda dans la ville de Bukavu.

Dans un entretien avec monsieur Obedi MANVU Elie, Président de la Société Civile Forces Vives sous noyau de Nyalukemba regrette de constater que la pénurie d’eau potable de la REGIDESO est à la base de cette situation qui vient de coûter la vie à cette jeune fille.

Destin BYANDIKE pour G.E

Kinshasa-Kigali, un accord entre Etats mais loin d’être endossé par les groupes rebelles.

  Pour une paix durable à l’Est du pays, faudra-t-il un arrangement entre Etats ? Ou alors une harmonisation avec les groupes rebelles ? S’i...